samedi 5 novembre 2011

N°137 - Grèce : Le dernier Vénizélos

Español: Grecia: el último Venizelos
Ελληνικά:  Ελλάδα: Ο τελευταίος Βενιζέλος
Português; Grécia: O último Venizélos 
Deutsch: Griechenland: der letzte Venizelos

 
Couramment appelé Béni  par le peuple, le gros Evangélos Vénizélos, rival éternel de Georges Papandréou au sein de cet ectoplasme nommé PASOK (parti « socialiste » grec, bouchez-vous le nez), voit enfin son heure sonner : la débâcle va le propulser dans le fauteuil de Premier ministre du drôle de gouvernement qui va sortir de la Bataille de Grèce, qui se mène à Athènes, mais surtout à Paris, Berlin et Cannes.

Dès que Papandréou a eu l’incroyable toupet d’annoncer un référendum sur l’ “accord de désendettement” concocté par Merkozy sous couvert d’Eurozone, le couple le plus infernal de l’histoire moderne d’Europe –Angie et Niko - a tempêté et menacé le socialiste grec des pires représailles s’il s’entêtait dans son projet de consultation de son peuple. Faut quand même pas pousser, s’est-on écrié à l’Elysée et à la Bundeskanzlei, on va quand même pas demander leur avis aux Grecs, ils sont trop cons pour comprendre quoi que ce soit à la haute finance !
Notre bon Geórgios s’est donc incliné devant ses patrons, a oublié sa chimère référendaire et se prépare à tirer sa révérence. Il pourra toujours écrire ses Mémoires d’un Nul.
La blague qui circule ces jours-ci à Athènes, c’est que Vénizélos va devenir Président et Papandréou…ministre de l’Economie.

Evangélos n’est pas le premier Vénizélos qui co-conduit son pays au bord de l’abîme. Le précédent  Vénizélos, joliment prénommé Elefthérios (libre), dont le portrait orne les pièces de 50 lepta (nom grec des cents d’euro), avait été responsable de la catastrophe de Sangarios en septembre 1921, lorsque l’armée grecque avait été écrasée par l’armée turque sur les bords de ce fleuve, rebaptisé Sakarya par les Turcs, au terme des 3 ans de guerre gréco-turque. La défaite de l’armée grecque allait ouvrir les portes de Smyrne à la cavalerie turque, qui s’y livra à un joli carnage de Grecs, dont les survivants s’enfuirent à la nage et furent recueillis par  des navires de guerre français.

Elefthérios Vénizélos, jusqu’alors héros national grec – il avait commencé son épopée par la libération de Crète et est entré dans l’histoire officielle comme le “fondateur de la Grèce moderne” – entra après Sangarios dans la deuxième et dernière partie de sa vie aventureuse, sous les traits de grand idiot attentiste à tendances putschistes. Il finit misérablement sa vie en exil à Paris en 1936.


La Grèce de 2011 est dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle de 1921 : en faillite.

Le second Vénizélos est un personnage beaucoup plus étriqué que le premier. Autres temps, autres mœurs (Άλλοι καιροί άλλα έθιμα : ali keri ala etima)…Cet apparatchik  pasokien modèle a, de 1993 à 2011, occupé huit  ministères différents. Il a presque tout fait : ministre de la culture, de la défense, de la justice, de la presse etc. A-t-il une solution pour sortir la Grèce du broyeur eurozonique ? Pas à ma connaissance . La seule chose dont il ne semble pas dépourvu, c’est l’appétit de pouvoir. Un vrai nécrophage.

Le peuple grec se doit de démentir le dicton “jamais deux sans trois” : il n’a pas à attendre un troisième Vénizélos, le personnage providentiel qui saurait, comme par magie, reprendre les rênes de la diligence folle qu’est devenu le pays avant qu’elle chute définitivement  dans l’abîme.

Il doit reprendre son destin en main, comme il a su le faire aux heures les plus sombres de son histoire, et retrouver le véritable esprit libertaire  des klephtes, les “brigands” irrédentistes  et guérilleros de la révolution de 1830, et celui des  kapétanioi, les guérilleros qui combattirent l’occupant italien, allemand puis britannique, de 1942 à 1948, et celui des étudiants insurgés du 17 novembre 1973 à l’Ecole Polytechnique. Il pourra compter sur la sympathie active des peuples d’Europe et de Méditerranée, caïmans inclus.
Ελευθερία ή θάνατος! (Eléfthéria i thanatos), La liberté ou la mort !
Αυμάν Ελ Καυμάν, volontaire des NBILG (Nouvelles Brigades Internationales pour la Libération de la Grèce)
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

...et à la semaine prochaine !

2 commentaires:

Angel ANGELIDIS a dit…

Correction pour l'histoire: les grecs et arméniens fuyant les massacres turcs à Smyrne, avaient été accueillis non pas par des bateaux Français ou alliés (il y en avait 21 ancrés devant le port de Smyrne), mais par un bateau japonais qui fut l'exception!
La flotte de guerre et les forces alliées aurait pu éviter les massacres si elles étaient intervenues pour stopper l'avance des troupes turques dans la ville; mais elles ne le feront pas...

Angel ANGELIDIS
Bruxelles, 20.06.2015

Ayman El Kayman a dit…

Il y avait des bateaux grecs, français, US et anglais, qui ont recueilli des réfugiés, la plupart des commandants ne suivant pas les ordres reçus d'en haut, de ne pas recueillir de réfugiés. Écoutez les témoignages ici : http://phonotheque.hypotheses.org/14609
Le croiseur français Edgar-Quinet par exemple a recueilli 1200 réfugiés grecs et arméniens, dont 75 (arméniens) ont débarqué à Toulon en février 1923