mardi 22 février 2011

N° 136 - El Khaïn El Akbar : Kadhafi, le Traître Suprême

 Je vous propose de lire - ou de relire - cette chronique du 11 décembre 2007, à laquelle la révolution en cours en Libye donne une actualité brûlante.

Versión española: El Khaïn El Akbar: Gaddafi, el Supremo Traidor
Le Guide suprême de la Révolution libyenne, le Génial Inventeur de la Troisième Voie, le chef du seul État clandestin du monde, le Bédouin fantasque, le Plus Grand Coureur de jupons, de boubous et de sarouals au sud de la Méditerranée, bref Mouammar Al Kadhafi, Colonel de son état, est en France depuis le dimanche 9 décembre 2007, où il est venu faire son shopping avant de poursuivre ses courses à Madrid, chez Zapatero. Une chose est déjà sûre et certaine : ce n’est pas à ce Colonel-là que Juan Carlos lancera « Et toi, pourquoi tu ne la fermes pas ? »
Le Colonel libyen est la parfaite antithèse d’un autre colonel, Hugo Chávez Frías, président de la République bolivarienne du Venezuela. Autant ce dernier est un révolutionnaire sincère, soucieux de démocratie et à l’écoute du peuple, autant le Libyen est un menteur, un lâche et, pour tout dire, un traître. On pourrait même le baptiser El Khaïn El Akbar, le Traître Suprême.
Les deux hommes n’ont en commun que le fait d’être colonels et celui d’être à a tête de pays riches en pétrole. Sur tout le reste, ils sont aussi différents que le jour et la nuit.
Chávez a fait le choix le plus difficile : celui d’instaurer un régime socialiste et populaire par la voie légale et pacifique, dans la transparence. Kadhafi, lui, a inventé l’État clandestin, sous couvert de « démocratie populaire directe ».
En Libye, personne ne sait qui fait quoi et les structures de pouvoir sont carrément clandestines, cachées derrière de fantomatiques comités populaires et autres comités révolutionnaires.
Depuis presque dix ans, Kadhafi est redevenu fréquentable pour l’Occident démocratique : pour être retiré de la liste US des États terroristes, il a reconnu la responsabilité libyenne dans l’attentat de Lockerbie ; pour normaliser ses relations avec le Royaume-Uni, il a livré les noms de tous les républicains irlandais qui s’étaient entraînés en Libye ; pour normaliser celles avec les USA, il a livré toutes les informations qu’il détenait sur les Libyens censés faire le jihad aux côtés de Ben Laden, et il a renoncé à ses « armes de destruction massive » en demandant à la Syrie de « faire de même » ; pour normaliser les relations avec l’Union européenne, il s’est transformé en gardien de camps de concentration, dans lesquels sont internés des milliers d’Africains en route vers l’Europe ; pour normaliser ses relations avec son sinistre voisin ben Ali, il lui a livré des opposants réfugiés en Libye.
On pourrait continuer ainsi longuement la liste des turpitudes du Guide libyen, devenu un vulgaire indic et garde-chiourme, étroitement mêlé au bordel qui règne au Soudan et au Tchad, impliqué de près dans les guerres civiles au Libéria, au Sierra Leone et en Côte d’Ivoire.
Le tapis rouge déployé par Sarkozy pour le Grand Client (venu faire des emplettes pour la coquette somme de 10 milliards d’Euro) a fait jaser dans les chaumières de France et de Navarre.
La Gazelle Noire du gouvernement, la belle Rama Yade, s’est fait passer un savon d’une demi-heure lundi matin par le Chef, pour ses déclarations plutôt tonitruantes contre Kadhafi. La gauche et le centre, Ségolène et Bayrou en tête, ont joué les vertus outragées et n’ont pas eu de mots assez durs contre le « dictateur » et le « tortionnaire » venu du désert. Même à l’UMP, certains ont renâclé devant le fastueux déploiement de tapis rouge. Mais le Sarko National, imperturbable, a rétorqué : « C’est facile de critiquer, depuis le Café de Flore ou le Zénith, mais qui c’est qui a libéré les infirmières bulgares, hein ? »
Et il semble bien que l’opinion des Français moyens approuve Sarko, espérant que les contrats fabuleux qu’il décroche assureront les retraites. Il faut reconnaître que le nouveau président français s’est révélé être un super-VRP : en quelques semaines, il a décroché 20 milliards de contrats en Chine, 5 milliards en Algérie et sans doute 10 milliards avec la Libye. Et qui c’est que tout cela agace ? Eh bien, c’est sa brave voisine de palier, la bonne Angela, chancelière du Siemensland, qui n’apprécie pas du tout les ventes de centrales nucléaires françaises à l’Algérie, au Maroc, à la Libye ni les projets sarkozyens d’Union méditerranéenne, qui est la « géniale réponse » trouvée par la nouvelle diplomatie française pour contrer l’avancée inexorable des USA, de la Chine, de l’Inde et même du Brésil sur le continent africain.
Quant à la gôche parisienne qui s’offusque de la réception en grandes pompes du Colonel, je la défie de citer un seul nom de prisonnier politique libyen dont elle aurait connaissance, elle qui ne s’est jamais souciée du peuple libyen.
Dans son discours à l’UNESCO, tenu devant une assemblée enthousiaste recrutée par les soins de l’ambassade libyenne à Paris, Kadhafi a tenu des propos comme d’habitude hallucinés : « Au lieu de vous préoccuper des droits de l’homme en Libye, préoccupez-vous de ceux des immigrés chez vous. Si les Français ne peuvent pas bien s’occuper des jeunes enfants d’immigrés dans leurs banlieues, nous sommes prêts à les reprendre… » J’entends encore l’immense éclat de rire qui a accueilli ces propos dans le Neuf-Trois, le Neuf-Cinq , le Neuf-Deux, le Sept-Sept et le Sept-Huit : « Il est vraiment boulma, le nelloco. Qu’est-ce qu’on irait foutre dans son désert ? »

Le Parrain du Désert :"Envoyez-moi vos émeutiers de banlieue, je saurai les mater"


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

...et à mardi prochain !