lundi 25 juin 2007

N°42 – La Brigade Arc-en-ciel des Amazones du Nouvel Attila


Le gouvernement Fillon II, formé le 19 juin, au lendemain des élections législatives, comprend quatre super-nanas qui gagnent à être connues, une ministre et trois secrétaires d’État. Ces quatre jeunes femmes – l’Algéro-marocaine, la Française à l’ancêtre polonais, la Kabylo-auvergnate et la Sénégalaise, constituent en quelque sorte la Brigade Arc-en-ciel des Amazones du Nouvel Attila. Là où elles passeront, l’herbe risque de repousser, mais génétiquement modifiée. Je commence donc par vous présenter ces quatre Cavalières de l'Apocalypse, avec l’aide de wikipédia, l’encycloplédie en ligne. J'aurai l'occasion de revenir sur ces dames dont les faits et gestes seront très surveillés.

Rachida Dati, 42 ans, Garde des Sceaux, ministre de la Justice
Née le 27 novembre 1965 à Saint-Rémy en Saône-et-Loire, Bourgogne, elle a été porte-parole du candidat de l'UMP à l'élection présidentielle française de 2007
Fille d'un maçon marocain et d'une mère algérienne, deuxième d'une famille de douze enfants (huit filles et quatre garçons), elle passe son enfance à Chalon-sur-Saône, dans le quartier des Prés-Saint-Jean. Sa scolarité se déroule dans une école privée catholique puis au lycée public Mathias.
Pour financer ses études, étant issue d'une famille modeste, Rachida Dati effectue plusieurs petits boulots, notamment comme vendeuse au porte-à-porte ou aide-soignante. Elle suit un parcours universitaire pour obtenir une maîtrise de sciences économiques et une autre en droit public, un MBA (financé par Matra, avec l'appui de Jean-Luc Lagardère).
En 1987, elle devient chargée d’étude auprès de la direction comptabilité-finance du groupe Elf Aquitaine grâce à Albin Chalandon, tout en poursuivant des études supérieures en sciences économiques et gestion des entreprises. Après une rencontre avec Jean-Luc Lagardère en 1990, elle entre à la direction de l'audit de Matra communication, puis en 1993 passe un an à Londres, auprès de Jacques Attali à la BERD[5], toujours dans l'audit. En 1994, elle est contrôleuse de gestion et secrétaire générale du bureau d'études sur le développement urbain à la Lyonnaise des eaux, puis de 1995 à 1997 conseillère technique à la direction juridique du ministère de l'Éducation nationale.
Sur les conseils de Simone Veil, elle entre à l'école nationale de la magistrature, admise sur titre (art.18-1 et 18-2 du statut de la magistrature) sans passer le concours d'entrée, où elle étudie de 1997 à 1999. Elle est auditrice de justice au tribunal de grande instance de Bobigny puis occupe le siège de juge commissaire aux procédures collectives au tribunal de grande instance de Péronne et enfin est nommée substitut du procureur au tribunal d'Évry.
En septembre 2003, elle devient conseillère de Nicolas Sarkozy, pour qui elle travaille sur le projet de loi sur la « prévention de la délinquance », et, entre décembre 2004 et juin 2005, est directrice générale adjointe des services du conseil général des Hauts-de-Seine. Réintégrant le cabinet du ministre de l'Intérieur ensuite, elle s'inscrit à l'UMP en décembre 2006. Elle est nommée le soir du dimanche 14 janvier 2007 porte-parole de Nicolas Sarkozy, désigné le même jour candidat du parti UMP pour l'élection présidentielle française de 2007.
Après la victoire présidentielle de Nicolas Sarkozy, elle entre dans le gouvernement Fillon en tant que Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Elle est la première personnalité ayant des origines nord-africaines à diriger un ministère régalien.
Le 31 mai 2007, Jean-Marie Le Pen a déclaré souhaiter que toutes les personnes susceptibles d’avoir une nationalité étrangère en plus de la française fassent un choix entre les deux, citant le cas de la Garde des sceaux.
D'après Le Parisien/Aujourd'hui en France, Rachida Dati pourrait être invitée à porter le drapeau de l'UMP aux prochaines municipales à Chalon-sur-Saône.
Rachida Dati est membre de l'Institut Montaigne, du club Le Siècle et cofondatrice du Club XXIe Siècle.


Nathalie Kosciusko-Morizet, 34 ans, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie auprès de Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Ecologie
Nathalie est issue d'une vieille famille politique française. Descendant de la famille du patriote polonais Tadeusz Kosciusko*, elle est la fille du maire de Sèvres, François Kosciusko-Morizet et de Bénédicte Treuille, enseignante. Elle est également la petite-fille de Jacques Kosciusko-Morizet, résistant gaulliste de la première heure et ambassadeur de France, et l'arrière-petite-fille d'André Morizet, sénateur-maire SFIO de Boulogne-Billancourt.Par ailleurs, elle est la sœur de Pierre Kosciusko-Morizet, P.-D.G. de Priceminister.
Sa scolarité se passe au lycée de Sèvres, au lycée Daniélou de Rueil-Malmaison puis au lycée Louis-le-Grand à Paris.Polytechnicienne (promotion 1992), elle a choisi la biologie comme spécialité et est aussi ingénieur de l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF), et membre du corps des ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts.
Proche du Président de la République Jacques Chirac, elle a été le rapporteur de la Charte de l'environnement et de la mission d'information sur l'effet de serre. Elle s'est ainsi distinguée localement dans la défense de l'environnement (nuisances aériennes, projets d'infrastructures) et de l'emploi (Alcatel, Thales, Sanofi). Comme parlementaire, elle s'est aussi distinguée par son activisme en faveur de la défense du consommateur, notamment dans la lutte contre les frais bancaires abusifs imposés par les banques.
Membre de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), elle est d'abord responsable de l'environnement à la direction des études puis présidente du groupe parlementaire santé et environnement à partir de 2002. Depuis 2003, elle est secrétaire nationale chargée de l'écologie et depuis 2004, présidente de l'association Consodurable et administratrice de la Fondation Charles-de-Gaulle.
Depuis les élections régionales de mars 2004, elle est aussi conseillère régionale (UMP), pour la région Île-de-France.
Lors des élections législatives de juin 2007, elle obtient 46,97 % des voix au premier tour face à 14 autres candidats dont Olivier Thomas (25,04 %) son concurrent socialiste pour le second tour. En 2002, Pierre-André Wiltzer avait obtenu 44,09% au premier tour. Au second tour, elle est élue députée avec 56,09 % des voix face au socialiste Olivier Thomas (43,91 %)
*Andrzej Tadeusz Bonawentura Kościuszko (1746 – 1817) est un héros national polonais, lituanien et bielorusse, général et dirigeant du soulèvement de 1794 contre la Russie. Il participe à la guerre d'indépendance américaine comme colonel dans l'armée continentale aux côtés de Washington. En signe de reconnaissance de ses services, il est élevé par le Congrès au grade de général de brigade en et naturalisé citoyen des États-Unis en 1783. Une ville du Mississipi porte son nom.

Fadela Amara, 43 ans, secrétaire d'État chargée de la politique de la Ville


Présidente de l'association Ni putes ni soumises, de son vrai nom Fatiha Amara, elle est née en 1964 à Clermont-Ferrand. Elle est issue d'une famille algérienne (Petite Kabylie) de onze enfants, elle a quatre sœurs et six frères. Son père était un ouvrier en bâtiment la semaine, et il travaillait sur les marchés le week-end. Sa mère était femme au foyer.
Se destinant à des études de lettres, elle est finalement orientée vers un CAP d'employée de bureau. En 1978, à l'âge de 14 ans, Fadela Amara assiste au drame qui va changer sa vie. Son frère Malik est renversé par une voiture. Il décède quelques heures plus tard. Elle dit avoir été bouleversée par l'attitude des policiers, qui auraient défendu le chauffard sur les lieux même de l'accident.
Elle participe ainsi à la première marche civique à Clermont-Ferrand pour l’inscription des jeunes sur les listes électorales. Dès 16 ans quand la mairie de Clermont-Ferrand décide de raser entièrement son quartier, elle décide de faire du porte-à-porte pour en obtenir la réhabilitation.
Elle participe en 1983 à la marche des beurs et elle milite à SOS Racisme à partir de 1986. Elle est élue en 2000 présidente de la Fédération nationale des maisons des potes (FNMP).
En 1989 elle met en place la « Commission femmes » dont le principal objectif était de faire un état des lieux sur les femmes des quartiers et d'entendre les demandes formulées par la population vivant dans les quartiers.
Elle est ensuite élue conseillère municipale du Parti socialiste à Clermont-Ferrand en 2001, mais n'y siègera jamais.
En 2002 elle organise des états généraux à la Sorbonne qui ont réuni plus de 250 femmes et elle a rédigé une pétition qui compte près de 20 000 signataires, elle met en place un tour de France de l'association Ni putes ni soumises qui s'achèvera à Paris le 8 mars 2003.
La soeur de Sohane dénonça la récupération de la mort de sa soeur par Fadela Amara.
En 2005, elle est faite docteur honoris causa de l'Université libre de Bruxelles et en 2006 elle reçoit un Honorary Degree for French civil rights campaigner de la Manchester Metropolitan University[2].
Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

Rama Yade, 31 ans, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des affaires étrangères et des droits de l'Homme
Rama Yade (prononcer Yade et non Yadé), de son vrai nom Ramatoulaye Yade-Zimet, est née le 13 décembre 1976 à Dakar (Sénégal).
Son père est un diplomate, secrétaire particulier du président Léopold Sédar Senghor. Il la sensibilise à la politique dès son plus jeune âge. Sa mère est professeur et la famille est de religion musulmane.
Elle vit à Dakar jusqu'à l'âge de 8 ans. En 1987, la famille de Rama Yade quitte le pays pour la France où son père est envoyé en mission. La famille vit d'abord dans un quartier résidentiel de Colombes, en banlieue parisienne.
Après le départ de son père, elle est élevée par sa mère avec ses 3 frères et soeurs dans une cité modeste de Colombes dans les Hauts-de-Seine.
En 1994, elle passe son baccalauréat à Colombes (92).
Diplômée en 2000 de l'Institut d'études politiques de Paris, elle entre par concours au Sénat comme administratrice en 2002.
Après avoir travaillé pour la commission des affaires sociales du Sénat où elle a été en charge de l'emploi, de la formation professionnelle et de l'Outre-Mer, elle est détachée auprès de Jean-Pierre Elkabbach, à la Chaîne parlementaire Public Sénat, au début de l'année 2005, où elle devient directrice adjointe des programmes puis directrice de la communication.
En 2006, elle réintègre les cadres du Sénat comme administratrice au sein du service des collectivités territoriales où elle est en charge des aspects sociaux de la décentralisation.
En 2005, bien qu'issue d'une famille de gauche, elle rejoint l’UMP. Elle avoue que ce ralliement doit surtout à la personne de Nicolas Sarkozy dont elle déclare admirer le charisme et non aux valeurs traditionnelles de la droite.
Le 6 mars 2006, elle fait partie des douze femmes promues dans les instances de l'UMP où elle est nommée secrétaire nationale chargée de la francophonie.
Elle est propulsée sur la scène médiatique le 14 janvier 2007 lors du congrès d’investiture de Nicolas Sarkozy où elle s'en prend avec virulence au parti socialiste qu'elle accuse de cécité et à des élites de gauche « sans projet, sans idée, sans vision » qu'elle accuse d'avoir instauré une « République du guichet » en accordant aux enfants de l'immigration « de la pitié plutôt que le respect ».
Elle invoque souvent en référence la figure de Gaston Monnerville, l'ancien président du Sénat qui fut également un opposant emblématique à l'élection du président de la République au suffrage universel.
Durant la campagne présidentielle, elle réapparaît lors de meetings de Nicolas Sarkozy, partageant également avec Rachida Dati, les faveurs des médias.
Ses positions s'écartent parfois de la ligne officielle de l'UMP[5]. Ainsi, Yade s'est prononcée contre la constitution européenne en 2005 et ne s'est pas déclarée choquée par l’intervention américaine en Irak, estimant toutefois « le résultat pas vraiment à la hauteur des attentes ».
Elle est vice-présidente du Club XXIe siècle qui milite en faveur de la diversité et membre du club Averroès qui regroupe des professionnels pour promouvoir les "minorités actives" dans les médias français.
Son mari, Joseph Zimet, est chargé des relations avec les ONG à l’Agence française de développement, et est sympathisant socialiste. D'après Rama Yade (émission Franc Parler sur France-Inter du 18 juin 2007) son mari n'est pas formellement membre du Parti socialiste au sens « encarté ». Elle a confirmé qu'il a voté pour Mme Royal au 1er tour.
Elle vient de publier le livre Noirs de France, les Nouveaux Neg'marrons, Récit d'un rendez-vous manqué entre la République et les Afro-antillais, Calmann-Lévy, 2007 ;
Ça vous en bouche en coin, avouez-le, non ?


Proposition de tenue d’apparat pour les Amazones de Sarko-Borloo

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 18 juin 2007

N°41 – Rose bonbon

Eh non, ça n’a pas été la déferlante, mais seulement une amère victoire: l’UMP comptait avoir plus de 350 députés élus, elle n’en a que 314. À qui la faute ? Tous désignent Jean-Claude Borloo, le ministre de l’Économie, qui s’est fait tout simplement piéger par Laurent Fabius au soir du 10 juin, sur TF1, en annonçant une augmentation de la TVA pour « financer les délocalisations ». Selon Raffarin, cette « TVA sociale » a fait perdre 60 députés à l’UMP. Au-delà de cette anecdote, l’électorat français a fait preuve de sa légendaire intelligence et, après avoir donné un coup de massue bleu à l’élection présidentielle, il a donné un coup d’aiguillon rose bonbon aux législatives. Mais de nouveau, le premier parti de France ont été les abstentionnistes : 40%, soit 14 millions d’électeurs.
La défaite la plus cinglante pour le parti sarköziste a eu lieu à Bordeaux, où Alain Juppé s’est fait éliminer.
La défaite la plus logique est celle d’Alain Carignon dans l’Isère. Apparemment, les électeurs n’aiment pas voir des repris de justice siéger à l’Assemblée nationale.
Mais la défaite la plus réjouissante est celle d’Arno Klarsfeld à Paris. Les électeurs du 12ème arrondissement n’ont pas été séduits par l’ancien garde-frontières israélien.
À gauche, le grand perdant, c’est Jean-Pierre Chevénement, le maire de Belfort et chantre du « souverainisme » de gauche, qui n’a pas pu retrouver le siège de député perdu en 2002. La fin de sa carrière – à 68 ans, on peut prendre sa retraite – coïncide avec la fin de son Mouvement citoyen.
Bref, la gauche s’en est pas trop mal sortie. On va voir maintenant comment elle va se « recomposer ». Jean-Luc Mélenchon a assisté à Berlin au congrès fondateur du nouveau parti de gauche, « Die Linke » (La Gauche), créé par les anciens communistes de l’Est de Gregor Gysi et les socialistes dissidents emmenés par Oskar Lafontaine. Verra-t-on une initiative similaire en France ? Verra-t-on la LCR, une partie du PCF, la gauche socialiste, certains Verts et quelques anti-libéraux se regrouper pour créer un nouveau parti ? C’est difficile à imaginer. L’heure serait plutôt au divorce.
À l’image du couple le plus célèbre de cette année électorale, qui vient de se séparer dans la vie privée, mais reste uni dans la vie publique.
« Je voudrais dire très simplement que nous avons décidé de ne plus être ensemble. Comme tous les couples, nous avons connu des difficultés. Ces difficultés, j'avais choisi de les mettre entre parenthèses pendant la campagne (...) C'était aussi pour moi une nécessité pour protéger mes enfants. Et aujourd’hui je crois que nous rentrons dans une nouvelle étape, c’est important de dire les choses comme elles sont…Nous ne sommes plus au même domicile… » C’est ce qu’a déclaré Canine Royale Suprême dans une «
interview exclusive » diffusée par France-Inter, une interview réalisée samedi, qui aurait du être diffusée mardi matin mais l’a été lundi matin, suite aux « pressions médiatiques ». Un petit bijou médiatique, ne serait-ce que par le long soupir que l’on entend au début de l’interview.
Pour conclure sur la gauche, les communistes ont connu un « succès » inespéré en obtenant 18 sièges. Il ne leur manque donc qu’un député pour constituer un groupe parlementaire. Les 4 élus verts devraient les rejoindre dans ce groupe. À défaut de mariage d’amour, un PACS de raison…
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 11 juin 2007

N° 40 - Bleu Marine

Yves Klein

En novembre 1919, avec la victoire du Bloc national, les élections législatives donnent à la France une Chambre « bleu horizon », la plus à droite depuis 1871. Bleu comme la couleur de la droite, bleu comme l’uniforme des Poilus de 14-18. Ce tsunami de droite était porté par une vague de patriotisme et la peur du bolchevisme. Le slogan du Bloc national : « l’Allemagne paiera ». Et pour convaincre l’Allemagne défaite de payer pour la guerre, l’armée française occupera la Ruhr en 1923. Ce sera un échec, qui ne contribuera qu’à une chose : fouetter le nationalisme allemand, avec le résultat que l’on sait : dix ans plus tard, Adolf Hitler est élu Chancelier du Reich. Dès les lendemains de sa constitution, le gouvernement « bleu horizon » réprime la grève des cheminots – 15 000 d’entre eux sont licenciés – et les manifestations du 1er Mai 1920. 5 ans plus tard, le Cartel des Gauches gagnera les élections
En juin 1968, les élections législatives donnent aussi une majorité écrasante au parti de la peur et de la réaction à la « subversion » du joli mois de Mai. Un an plus tard, De Gaulle était chassé purement et simplement du pouvoir.
Au lendemain du premier tour des élections de juin 2007, on constate ce qui suit :
- de 37% à 39,5% des électeurs se sont abstenus, le plus fort score d’abstention depuis 1958 ;
- L'UMP et ses alliés oscillent entre 41,3% et 45,8%, ce qui serait le score le plus élevé depuis les 46,7% aux législatives de 1978. La gauche et ses alliés recueilleraient près de 37% des voix, le Mouvement démocrate de François Bayrou avoisine les 7%, le Front national les 5%, son plus mauvais score depuis son apparition sur l'échiquier politique dans les années 80 ;
- TNS-Sofres crédite la droite (UMP-Nouveau Centre-Divers droite) de 45,8%, la gauche (y compris les Verts) de 36,4% et le MoDem de 7,4%, le FN et Mouvement national républicain de 4,6%.
On peut d’ores et déjà conclure que :
- le Front national a été laminé (à l’exception de Marine Le Pen, qui a recueilli 24,47% des voix dans le Pas-de-Calais et affrontera le candidat socialiste au deuxième tour) et Sarközy, en intégrant l’essentiel du bagage idéologique frontiste, a récupéré le plus gros des troupes électorales du Bâtard borgne breton. Cela met un terme au rôle historique joué par Le Pen, qui était de diviser la droite pour permettre à la gauche de gagner. La Chambre bleu sarközy sera donc une chambre bleu…Marine !
- l’hypothèse du « Nouveau Centre » de Bayrou (le « modem » orange, qui ressemble à une mauvaise copie de la pub… d’Orange, l’opérateur Télécom) est pratiquement balayée. Les opportunistes (Azouz Begag à Lyon, Claude Ribbe à Sarcelles) et autres transfuges (les ex-Verts Jean-Luc Bennahmias à Marseille et Olivier Pagès à Paris) ont raté leur coup. Ils ne seront pas députés.
Bref, cette rhapsodie en bleu Marine a de quoi filer le blues !
Le mot de la fin à Robert Solé, dans le Monde du 5 mai dernier :
« Selon les sondages, ce ne sera pas une vague bleue, mais un raz de marée, un tsunami. Les heureux députés de la majorité présidentielle commandent déjà leur garde-robe. Le costume bleu nuit s'impose, bien sûr, avec une chemise azur. On fait aussi de très jolies chaussures marine. Attention ! Le chef de l'État, grand cordon bleu de la cuisine électorale, ne veut pas d'une majorité "godillot". Chacun doit pouvoir exprimer sa différence, avec audace et imagination. Une pochette turquoise, par exemple, serait du meilleur effet. Une cravate bleu de Prusse témoignerait d'une ouverture internationale. Pour les bretelles et les caleçons, ne pas hésiter à explorer tout l'arc-en-ciel : bleu outremer, bleu lavande, bleu pervenche, bleu pétrole, bleu roi...Mais vous n'avez pas, Messieurs, le monopole de la couleur, comme dirait Valéry Giscard d'Estaing. Regardez François Bayrou : couvert de bleus, il repart vaillamment au combat. Et si le PCF a une peur bleue de disparaître, c'est une rose un peu fanée qui donne aux socialistes des bleus à l'âme. »
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

Joan Miró, Bleu II

lundi 4 juin 2007

N°39 – Les Ogres de Barback et le peigne-cul sarkozyen

Blottie au fond d’une vallée des Monts du Jura, Oyonnax est une charmante ville de 25 000 habitants située entre Lyon et Genève, dans le département de l’Ain. Spécialisée dans la fabrication de peignes en corne au XIXème siècle, la vallée du Haut Bugey est devenue la « plastics valley » à partir de 1925, avec les premières lunettes en plastique, puis avec le polystyrène (1936) et les nouvelles matières utilisées par injection (1953).

Il n’y aurait rien à raconter sur Oyonnax qui fut héroïque pendant l’occupation nazie (elle est Croix de guerre et médaille de la résistance), si cette ville n’avait un maire qui est un véritable peigne-cul.



Le 5 mai dernier, le groupe Les Ogres de Barback donnait un concert au centre culturel qui porte le nom du poète communiste Louis Aragon. Ce groupe, créé en 1994 par quatre frères et sœurs de Cergy-Pontoise, Alice, Mathilde, Sam et Fredo Burguière, remporte un franc succès auprès d’un public mélangé car il pratique un syncrétisme alliant les influences de Brel, Brassens, Ferré, Renaud, le freejazz, le rock alternatif et la musique tzigane. Bref, un vrai fleuron de la nouvelle musique française.


Le 10 mai, le groupe a reçu le courrier suivant du maire d’Oyonnax, digne de figurer dans le GNLRS (Grand Livre Noir de la Repüblik de Sarköland) :

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
OYONNAX, le 10 mai 2007


VILLE D'OYONNAX
Jacques GOBET
Maire d'OYONNAXJG/CV
« Les Ogres de Barback »
Madame Virginie HUREL, Présidente
242 avenue Jean Jaurès
95 100 ARGENTEUIL
Madame la Présidente,

J'ai, dès le dimanche 6 mai au matin, été informé de l'incident qui a eu lieu au Centre Culturel lors du spectacle donné le samedi 5 mai au soir par les « Ogres de Barback », incident au cours duquel le spectacle a servi de prétexte à une action de propagande politique dirigée contre l'un des candidats à l'élection présidentielle, Nicolas SARKOZY, et en faveur de son adversaire, Ségolène ROYAL.
Cet incident appelle 4 remarques de ma part :
1. La prise de position publique a violé la neutralité républicaine qui doit avoir cours à l'intérieur des bâtiments publics.
2. Au moment des faits, la campagne officielle était close depuis la veille à minuit, ce qui constitue une circonstance aggravante.
3. La prise de position des artistes a heurté et choqué les convictions d'une partie importante du public qui n'a pas manqué, dès le lendemain et les jours suivants, de m'en faire pan.
4. Cette intervention intempestive autant que mal venue a eu lieu au cours d'un spectacle pour lequel les artistes étaient payés par la Ville d'Oyonnax : elle a donc eu lieu aux frais des contribuables locaux d'une ville où les électeurs ont voté SARKOZY à près de 60 %.
Sur ces 4 points, j'exige des explications écrites de la part des artistes des « Ogres de Barback »
Dans l'attente, je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, mes salutations distinguées.
Le Maire

J. Gobet

HÔTEL DE VILLE – B.P. 817 – 01108 CEDEX – TÉL ; 04 74 77 00 06 – FAX 04 74 77 18 60


Et voici la réponse exemplaire des Ogres de Barback à Môssieu Jacques Gobet
les OGRES de BARBAiCK
242 Avenue Jean Jaurès - 95100 ARGENTEUiL
Monsieur,
Dans votre courrier, vous vous permettez d'exiger une réponse de notre part. Mais qui êtes-vous donc et quelle saurait être votre légitimité pour exiger quoi que ce soit d'artistes, aussi libres que n'importe lequel des citoyens de ce pays ?
Tout d'abord sachez. Monsieur, que la personne qui vous a informé ne semble pas en mesure d'apprécier correctement le sens des mots. En effet, il n'y a eu aucun « incident » lors de notre représentation. Un passage vidéo de notre spectacle, non relayé par la moindre intervention orale des membres de notre groupe qui plus est [ce qui serait pourtant notre légitime droit d'expression], a semble-t-il dérangé l'un(e) des élu(e)s de votre commune. Cela s'arrête là.
Vous conviendrez. Monsieur, qu'il n'y pas lieu ici de parler d'« incident ».
Si, donc, nous avons choisi de répondre à cette missive hargneuse et foncièrement creuse en termes d'argumentation, c'est pour vous rappeler à notre tour quelques évidences qui semblent vous échapper :
II est profondément dommage qu'un élu de la République ignoré que le principe de neutralité républicaine ne s'applique, bien évidemment, qu'aux agents de l'Etat dans l'exercice de leurs fonctions. C'est, en outre, un principe applicable aux personnes et non aux lieux, que ceux-ci soient publics ou non.
Le problème. Monsieur, tient dans le fait que vous mélangez malheureusement un certain nombre de choses pour servir votre propos, qui s'en trouve, du coup, profondément décrédibilisé.
Ainsi, la date de clôture de la campagne officielle ne concerne qu'une minorité de catégories, dont les principales sont les partis politiques ou associations affiliées à ceux-ci, et à quelques autres [audiovisuel, notamment).
Vous serait-il également venu à l'esprit d'interdire, entre le vendredi 4 mai à 23h59 et le dimanche 6 à 20h, à vos contribuables, citoyens au même titre que nous, de débattre de politique là où ils le veulent ?
Vous affirmez ensuite qu'une partie importante du public aurait été heurtée dans ses convictions : notre groupe, puise une part de sa reconnaissance dans le fait de véhiculer à travers ses chansons des valeurs d'humanisme, de générosité et de tolérance.
Ce que vous écrivez ne saurait donc recouvrir la moindre réalité. Il faut avoir été absent ce soir-là pour oser poser sur le papier de telles aberrations ! Surtout, depuis quand les artistes, peu importe le champ dans lequel ils évoluent, doivent-ils prendre garde à ne heurter personne ? À vous entendre, nombre d'auteurs de théâtre ou de chansons devraient être interdits de représentation dans votre ville (nous vous épargnons cette liste).
Vous manifestez là une approche de la culture quelque peu effrayante. La prise de position reste, qu'elle aille ou non dans le sens du pouvoir en place, indispensable à toute démocratie. Croyez bien que nous en sommes désolés pour vous, Monsieur, mais c'est ainsi.
Enfin, et c'est la cerise sur cet indigeste gâteau, vous brandissez un argument particulièrement novateur. Une ville devrait, pour les dépenses qu'elle prend en charge au niveau culturel tout au moins, tenir compte, en pourcentage, de l'orientation politique de ses habitants. Il vous faudrait donc accueillir, à cachet équivalent, trois spectacles estampillés « de droite » pour deux autres que vous présenteriez « de gauche ». Lecole républicaine nous avait pourtant appris qu'un édile doit raisonner en terme d'intérêt général plutôt que d'orientation partisane.
Et, tant qu'à être cohérent, vous devriez commencer par débaptiser votre Centre Culturel Aragon, pour lui substituer celui de Johnny Hallyday ou de Doc Gynéco.
Monsieur, nous ne vous saluons pas. PS : II va de soi que nous entendons donner une certaine publicité à votre courrier. A bon entendeur...
Les Ogres de Barback
Si vous ne connaissez pas encore les Ogres de Barback, voci les prochaines occasions de les entendre live :
09/06/2007 - Le Zenith - Dijon (21)
16/06/2007 - "Un Printemps au Parc et les Bakayades" - Grand Quevilly (76)
28/06/2007 - La Sarabande des Bouchauds - Rouillac (16)
29/06/2007 - Festiv'été - Moutiers sous Chantemerle (79)
30/06/2007 - Festival EHZ - Idaux Mendy (64)
01/07/2007 - Festival Fest'Route - Tournon sur Rhone (07)
05/07/2007 - Domaine de Montjoux - Thonon les Bains (74)
06/07/2007 - L'Ile d'Or - Amboise (37)
07/07/2007 - Lac de Montendre - Montendre (17)
08/07/2007 - Festival Roule ma Poule - Avallon (89)
13/07/2007 - Esplanade St Jean d'Acre - La Rochelle (17)
15/07/2007 - Dour Festival - Dour (Belg)
17/07/2007 - Festival de la Pleine Lune - Montselgues (07)
28/07/2007 - Festival les 3 éléphants - Lassay les châteaux (53)
10/08/2007 - Lac de Villegusier - Langres (52)
11/08/2007 - Festival Du bout du Monde - Crozon (29)
13/08/2007 - Festival Musicalarue - Luxey (40)
15/08/2007 - Festival Musicalarue - Luxey (40)
23/11/2007 - Salle de la carrière - St Herblain (44)
24/11/2007 - Cité des Congrès - Nantes (44)
Et visitez leur site web http://www.lesogres.com

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !