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lundi 18 juin 2007

N°41 – Rose bonbon

Eh non, ça n’a pas été la déferlante, mais seulement une amère victoire: l’UMP comptait avoir plus de 350 députés élus, elle n’en a que 314. À qui la faute ? Tous désignent Jean-Claude Borloo, le ministre de l’Économie, qui s’est fait tout simplement piéger par Laurent Fabius au soir du 10 juin, sur TF1, en annonçant une augmentation de la TVA pour « financer les délocalisations ». Selon Raffarin, cette « TVA sociale » a fait perdre 60 députés à l’UMP. Au-delà de cette anecdote, l’électorat français a fait preuve de sa légendaire intelligence et, après avoir donné un coup de massue bleu à l’élection présidentielle, il a donné un coup d’aiguillon rose bonbon aux législatives. Mais de nouveau, le premier parti de France ont été les abstentionnistes : 40%, soit 14 millions d’électeurs.
La défaite la plus cinglante pour le parti sarköziste a eu lieu à Bordeaux, où Alain Juppé s’est fait éliminer.
La défaite la plus logique est celle d’Alain Carignon dans l’Isère. Apparemment, les électeurs n’aiment pas voir des repris de justice siéger à l’Assemblée nationale.
Mais la défaite la plus réjouissante est celle d’Arno Klarsfeld à Paris. Les électeurs du 12ème arrondissement n’ont pas été séduits par l’ancien garde-frontières israélien.
À gauche, le grand perdant, c’est Jean-Pierre Chevénement, le maire de Belfort et chantre du « souverainisme » de gauche, qui n’a pas pu retrouver le siège de député perdu en 2002. La fin de sa carrière – à 68 ans, on peut prendre sa retraite – coïncide avec la fin de son Mouvement citoyen.
Bref, la gauche s’en est pas trop mal sortie. On va voir maintenant comment elle va se « recomposer ». Jean-Luc Mélenchon a assisté à Berlin au congrès fondateur du nouveau parti de gauche, « Die Linke » (La Gauche), créé par les anciens communistes de l’Est de Gregor Gysi et les socialistes dissidents emmenés par Oskar Lafontaine. Verra-t-on une initiative similaire en France ? Verra-t-on la LCR, une partie du PCF, la gauche socialiste, certains Verts et quelques anti-libéraux se regrouper pour créer un nouveau parti ? C’est difficile à imaginer. L’heure serait plutôt au divorce.
À l’image du couple le plus célèbre de cette année électorale, qui vient de se séparer dans la vie privée, mais reste uni dans la vie publique.
« Je voudrais dire très simplement que nous avons décidé de ne plus être ensemble. Comme tous les couples, nous avons connu des difficultés. Ces difficultés, j'avais choisi de les mettre entre parenthèses pendant la campagne (...) C'était aussi pour moi une nécessité pour protéger mes enfants. Et aujourd’hui je crois que nous rentrons dans une nouvelle étape, c’est important de dire les choses comme elles sont…Nous ne sommes plus au même domicile… » C’est ce qu’a déclaré Canine Royale Suprême dans une «
interview exclusive » diffusée par France-Inter, une interview réalisée samedi, qui aurait du être diffusée mardi matin mais l’a été lundi matin, suite aux « pressions médiatiques ». Un petit bijou médiatique, ne serait-ce que par le long soupir que l’on entend au début de l’interview.
Pour conclure sur la gauche, les communistes ont connu un « succès » inespéré en obtenant 18 sièges. Il ne leur manque donc qu’un député pour constituer un groupe parlementaire. Les 4 élus verts devraient les rejoindre dans ce groupe. À défaut de mariage d’amour, un PACS de raison…
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 30 avril 2007

N° 35 – Recomposition, équilibrisme, impossible social-démocratie française : danse sur un fil

Funambules, par Viviane Sermonat, d’après John William Waterhouse
Chaque élection présidentielle française apporte ses surprises et est l’occasion de recompositions par lesquelles les appareils des partis politiques tentent de s’adapter aux évolutions de l’électorat, à partir évidemment des interprétations qu’ils en font, lesquelles ne brillent pas toujours par la finesse et l’intelligence.
La grande surprise du premier tour de l’élection 2007 aura donc été le score stupéfiant de François Bayrou, qui a plus que doublé les scores habituels de son parti, l’UDF, fondé par Giscard d’Estaing alors président pour regrouper ses partisans, dégoûtés de la brutalité d’un RPR alors dirigé par Chirac. L’UDF regroupe – peu ou prou – ce qu’il est convenu d’appeler des démocrates-chrétiens à la française, lointains héritiers du MRP de l’après-guerre. L’UDF a toujours été classée à droite et a participé à tous les gouvernements de droite depuis sa naissance.
Soudain, l’année dernière, Bayrou amorce le virage en votant le vote de défiance au gouvernement. L’homme a des ambitions suprêmes. Il commence alors son inexorable ascension. Et voilà qu’il déclare que son part n’est plus à droite sans pour cela être à gauche, bref qu’il est LE centre.
Stratégie payante : il arrive en troisième position à l’élection.
Résultat : les voix des électeurs de Bayrou sont les plus convoitées par les deux candidats restés en lice, Sarkozy et Royal. Comme je le prophétisais la semaine dernière, Bayrou a été très malin : il a refusé et refusera de donner des consignes de vote pour le 6 mai, laissant les électeurs libres de leur choix. Il prépare déjà la prochaine bataille : les élections législatives de juin, où il souhaite évidemment provoquer un raz-de-marée pour constituer un groupe parlementaire beaucoup plus étoffé que l’actuel, en doublant ou même triplant le nombre de ses députés.
Pour cela, il annonce la création d’un nouveau parti, le « Parti démocrate ». Il aura du mal à trouver un sigle pour ce parti : PD ferait ricaner toute la France et PDF ferait rigoler tous les internautes. Enfin, on compte sur ses conseillers en communication pour trouver quelque chose.
L’attitude de Sarkozy et Royal face à la surprise du 22 avril a été à l’image des deux candidats : brutale pour le premier, doucereuse et charmeuse pour la seconde.
Sarkozy a refusé l’idée d’un débat public avec Bayrou, s’inscrivant dans la tradition de rudoyement brutal des centristes instaurée par de Gaulle et poursuivie par Chirac. Pendant qu’il méprise publiquement Bayrou, ses hommes travaillent intensivement les hommes de Bayrou au corps pour les rallier un à un à Sarkozy. Pour faire ce travail, ils peuvent compter sur deux « traîtres » de choix, Gilles de Robien et André Santini, qui expliquent que s’ils appellent à voter pour Sarkozy, ils seront assurés d’être réélus députés. Sinon, l’UMP ne leur fera pas de cadeaux et les é-li-mi-ne-ra. Résultat : à l’heure où j’écris, la majorité des députés UDF appellent à voter Sarkozy.
Royal a accepté l’idée d’un « dialogue » avec Bayrou, qui a eu lieu le samedi 28 avril et a duré deux heures. Courtois, tout en salamalecs, un vrai ballet. Mais qui était le cobra et qui était a mangouste ? Conclusion : ils ont des accords sur pas mal de choses et des désaccords sur pas mal d’autres. La fusion du PS et de l’UDF n’est pas pour demain. Donc pas d’UDS, ni de PDS ni de PSD.
En observant le cirque électoral depuis mon marigot – grâce à la parabole – j’ai eu, en voyant et écoutant Royal, une vision : celle d’une funambule. Royal marche sur un fil tendu d’où elle risque très fort de tomber le 6 mai. En effet, plus elle s’adresse aux électeurs centristes, et plus elle perd des voix d’extrême-gauche. Après le dialogue avec Bayrou samedi, elle va donc faire jouer les violons de gauche avec un grand meeting, suivi d’un concert, le mardi 1er mai, au Stade Charléty de Paris. Et dimanche, interrogée sur une télévision, elle déclarait carrément être totalement d’accord avec le slogan de campagne d’Oliver Besancenot : « Nos vies valent mieux que leurs profits ». Histoire de convaincre les électeurs du facteur rouge de ne pas s’abstenir le 6 mai et de venir voter pour elle.
Le choix du Stade Charléty n’est pas innocent. Explications à l’usage des ignorants.
Le lundi 27 mai 1968, 70 000 personnes participaient à un meeting au Stade Charléty, organisé par l’UNEF, la CFDT et le PSU et boycotté par le PCF et la CGT. L’aile réformiste du mouvement de Mai 68 voulait mettre sur les rails une solution Mendès-France, grande figure de la gauche réformiste, ancien Président du Conseil de la IVème République. Mendès assista au meeting mais n’y prit pas la parole. Une partie de la foule cria « Mendès Président ». Le lendemain, François Mitterrand donnait une conférence de presse pour annoncer que PMF (c’est ainsi qu’on appelait Pierre Mendès-France) et lui-même étaient prêts à prendre la relève de De Gaulle. Le PCF et la CGT, après quelques hésitations, s’engageaient aussi dans cette « coalition » qui fit long feu. De Gaulle et Pompidou répondirent en désamorçant la grève générale ouvrière – par la concession de 25% d’augmentations de salaires, en dissolvant le Parlement et en organisant de nouvelles élections, qui virent une victoire écrasante de la droite gaulliste.
Pour Mitterrand, il faudra attendre encore 13 ans pour arriver au pouvoir. C’est son remarquable machiavélisme qui a permis à la « gauche » socialiste de parvenir au pouvoir. En mettant sur les rails Le Pen et son Front national, Mitterrand a tué deux mouches d’un coup : il a engagé le processus d’inexorable déclin du PCF, qui le concurrençait à gauche et il a divisé les électeurs de droite, dont les voix se sont éparpillées dans le « vote inutile » pour Le Pen, ce qui a permis à Mitterrand de réaliser son score victorieux le 10 mai 1981.
Les socialistes français ne sont pas sociaux-démocrates allemands ou suédois. La grande force de ces derniers ont été les syndicats d’ouvriers, d’employés et de fonctionnaires –qui regroupent presque tous les salariés -, qu’ils dominent à 100%. Les salariés français sont très peu syndiqués – de l’ordre de 10 à 15% - et divisés entre une bonne douzaine de centrales syndicales, dont chacune s’appuie sur des bastions où elle est forte. Et toutes ignorent pratiquement le nouveau prolétariat intermittent, qui passe une partie de son temps à trimer dans des centres d’appel et autres secteurs de la « nouvelle économie », sans parler des fast foods et autres boulots de merde post-modernes.
Les sociaux-démocrates allemands ou suédois ont pu établir un système de capitalisme social à partir de positions de force relative dans les entreprises, arrachant ainsi des concessions non négligeables aux patrons, en échange de leur acceptation du système. Bref, ils vendu la classe ouvrière pour un plat de lentilles, mais des lentilles dorées.
Quand on voit Madame Royal visiter une usine, on sent physiquement qu’elle est totalement étrangère au monde du travail salarié. Il n’y a d’ailleurs dans la direction du Parti socialiste pratiquement pas un seul syndicaliste ouvrier. Le Parti socialiste est et reste donc un parti bourgeois, certes avec une composante un peu plus populaire que l’UDF, mais il n’y a pas entre eux de différences de classe fondamentales.
Rien, fondamentalement, ne s’opposerait à la grande fusion appelée à grands cris par Cohn-Bendit, Kouchner et les autres imposteurs qui usurpent l’héritage de la révolte de 68, cette "page" que Sarkozy dit vouloir "tourner" (apparemment, mai 68 l'a traumatisé). Avec l'aide d'André Glucksmann, sans doute...
Bref, la gauche française est mal partie. Il faudrait dire plutôt « les gauches » :Le PCF est en voie de disparitionLes trotskystes restent des sectes magouilleusesLes Verts sont hors jeuLes altermondialistes sont incapables de se transformer en force politique autonome, indépendante, offensive et…populaire.
La France se retrouvera au soir du 6 mai avec un président Nicolas Sarkozy.
Chaque pays a les présidents qu’il mérite.
Le Stade Charléty ne fera pas le poids face à un Palais des Sports américanisé où l’on a vu un Sarkozy se prendre déjà pour George Bush, en portant la main à son cœur lors de l’hymne national, geste typiquement yankee. Atteint d’autisme, il ne semble pas comprendre que les Français ne sont pas des yankees et refuseront toujours de se laisser enfermer dans la logique binaire de deux partis uniques et jumeaux alternant au pouvoir. Bref, nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ces sacrés Français.
Et n’oubliez pas cette maxime : si les élections pouvaient changer quelque chose, il y a longtemps qu’elles seraient interdites.
Dernière remarque : mercredi 2 mai, on aura droit au grand duel télévisé Royal-Sarkozy. Ils ont tous les deux intérêt à bien choisir les couleurs de leurs tenues. Richard Nixon avait perdu l’élection présidentielle de 1960 contre Kennedy, pour une raison toute bête : lors de leur premier débat télévisé – le premier de l’histoire – il portait une chemise blanche, laquelle, à la télé en noir et blanc de l’époque, paraissait grise. Alors, Ségolène ? Tailleur rose, bleu, rouge ou beige ? C’est la question la plus importante de la semaine qui vient.

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 5 mars 2007

N° 27 – Femmes violées, femmes combattantes, femmes condamnées : salut à vous !

Depuis quelques jours, il y a de l’agitation dans mon marigot : les jeunes femelles caïmanes de la tribu s’agitent dans tous les sens et semblent être en train de comploter. J’ai finalement compris : elles préparaient le 8 mars, Journée internationale des femmes ! Je leur ai donc demandé si elles connaissaient l’origine de cette journée. Elles m’ont répondu que non. Je leur ai donc donné un petit cours. Clara Zetkin (à gauche) et Rosa Luxembourg à Copenhague en 1910

La journée internationale a son origine dans le mouvement socialiste du début du siècle : c’est la socialiste allemande et future communiste Clara Eissner Zetkin qui l’a proposée en 1910 à la Conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague. Dès 1911, des femmes manifestent ou même se mettent en grève ce jour-là à travers l’Europe. Le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint Pétersbourg, se mettent en grève. Les deux revendications principales des femmes dans ces années-là étaient le droit de vote et l’amélioration des conditions de travail et de vie. En Union soviétique et dans le bloc de l’Est après 11945, le 8 mars était l’occasion de défilés pompeux et de grands discours, pas toujours suivis d’effets. J’ai souvenir d’une photo qui m’avait beaucoup frappé dans les années 80, celle de Jaruzelski, le sinistre général polonais aux lunettes noires, faisant le baise-main à une ouvrière le 8 mars. En 1977, l’ONU a repris à son compte le 8 mars, qui est devenu une fête officielle dans la France mitterrandienne dès 1982.
Cette année, je crois que les femmes – et les hommes aussi, d’ailleurs - devraient sinon manifester du moins avoir une pensée pour les femmes martyres et combattantes d’Irak. Je pense particulièrement à cinq d’entre elles, dont je vais vous parler.
La première n’est plus en vie. Elle avait 14 ans. Elle s’appelait Abir Kassem Hamza Al Janabi. Et c’était une « femme voilée, femme violée » mais pas au sens où l’entend Mme Ségolène Royale. Ce n’est pas un musulman qui l’a violée mais un groupe de 5 GI, défenseurs de la démocratie, à Mahmoudiya. Membres de la 101ème division aéroportée, Paul Cortez, Steven Green, James Barker, Jesse Spielman et Bryan Howard l’ont violée puis exécutée d’une balle dans l’œil avant de tenter de mettre le feu à son corps. Auparavant, pour pouvoir mettre tranquillement à exécution le plan qu’ils avaient prémédité, ils avaient assassiné le père, la mère et la petite sœur de six ans d’Abir. Cortez vient d’être condamné à 100 ans de prison par un tribunal militaire. Auparavant, Barker avait été condamné à la prison à perpétuité. Les procès des 3 autres devraient suivre. Cortez a échappé à la peine capitale car il avait négocié avec le procureur et avait plaidé coupable. Il devrait ressortir de prison dans une dizaine d’années. Il n’aura que 34 ans, encore donc toute une vie devant lui pour finir d’expier son crime.Cette affaire n’a rien d’exceptionnel dans l’Irak occupé et livré à la soldatesque. La répétition de ce genre d’ « incidents » donne toute sa légitimité à la résistance irakienne, qualifiée bien sûr de terroriste par les occupants et les médias à leur solde.
Et cette résistance n’est pas le seul fait des hommes. Les femmes y sont aussi engagées, et pas seulement pour assurer des tâches traditionnelles. Pour dissuader les femmes irakiennes d’entrer en résistance, les occupants ont donc voulu frapper un grand coup et faire un exemple, en faisant condamner à mortpar un tribunal à leur solde quatre femmes. Voici ce qu’en dit Amnesty International.
Samar Saad Abdullah a été condamnée à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 15 août 2005, pour le meurtre de son oncle, de sa femme et de trois de leurs enfants, dans le quartier d’al Khudra à Bagdad. D’après certaines sources, elle aurait accusé son fiancé de ces homicides, qu’il aurait perpétrés, selon elle, dans l’intention de dépouiller son oncle. Cet homme aurait été arrêté, mais Amnesty International ignore la nature des charges retenues contre lui, le cas échéant. La condamnation de Samar Saad Abdullah a été confirmée en appel et la jeune femme risque d’être exécutée très prochainement.
Dans le cadre d’un autre procès, Wassan Talib et Zeynab Fadhil ont été condamnées à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 31 août 2006, pour le meurtre, en 2005, de plusieurs membres des forces de sécurité irakiennes à Hay al Furat, un quartier de Bagdad. Ces deux femmes nient leur implication dans ces homicides, et Zeynab Fadhil aurait affirmé qu’elle se trouvait à l’étranger au moment où ils ont été perpétrés.
Liqa Qamar a été condamnée à la peine capitale le 6 février 2006 par la Cour pénale centrale irakienne, pour un kidnapping qui aurait eu lieu en 2005. Il semblerait que son époux ait été arrêté et accusé du même crime. Aucune information supplémentaire n’est parvenue à la connaissance d’Amnesty International. Ces quatre femmes sont détenues dans la prison de Kadhimiya, un quartier de la capitale. Deux d’entre elles sont emprisonnées avec un enfant en bas âge : Zeynab Fadhil avec sa fillette de trois ans, et Liqa Qamar avec sa fille âgée d’un an, qui est née en prison.
Une campagne a démarré en faveur des condamnées à mort irakiennes. Lancée depuis Bruxelles par le Brusselstribunal elle a été relayée en France par plusieurs groupes et sites web (lemondereel, europalestine, tunisitri, aloufok). Mieux, le Collectif féministe indigène, qui est la section féminine du Mouvement des Indigènes de la République, appelle à participer avec un keffieh sur la tête en solidarité avec les condamnées à mort de Bagdad le 8 mars à 18 heures au Père-Lachaise, à Paris.
Tout cela est très bien, à un détail près, qui me gêne. Le voici : tous ces groupes et sites cités ne parlent que de TROIS condamnées à mort, en l’occurrence Wassan, Zeynab et Liqa, laissant de côté Samar. Pourquoi ? De toute évidence, parce que Samar n’est pas accusée d’actes de résistance (ou de terrorisme) mais de meurtres obéissant à d’autres mobiles (ce qui reste à démontrer). Elle est donc une « droit commun ». Et donc, nos braves militants politiques l’excluent de leur solidarité. Or, Samar est la seule qui risque réellement d’être exécutée très prochainement. Les trois autres ont en effet bénéficié d’un sursis à exécution et pourront faire appel, suite aux pressions diverses qui se sont exercées sur le « gouvernement » de Bagdad, notamment du Premier ministre turc Erdogan. Ce que nos militants n’ont pas l’air de comprendre, c’est qu’en excluant Samar de leur campagne, ils donnent – à leur insu, sans doute – un blanc-seing à son exécution et laissent soupçonner qu’ils ne sont pas opposés à la peine capitale dans tous les cas, mais seulement dans certains.
On me rétorquera que j’exagère. Je maintiens ce que je dis : faire une campagne exclusive pour certaines condamnées à mort et accepter de fait l’exécution de certains autres relève au mieux du manque de réflexion ou de la bêtise, au pire de l’irresponsabilité.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 19 février 2007

N° 25 – « Tous ensemble, tous ensemble »…contre l’Iran

Nicole Borvo Cohen-Séat à la Mutualité le 13 février 2007


« Aujourd’hui un nouvel Hitler est né : Il s’appelle Ahmadinejad . Au mémorial de la Shoah, on peut voir et entendre Goebbels, Ribbentrop et Hitler exprimer la même haine, les mêmes fantasmes, les mêmes calomnies que Ahmadinejad à Téhéran.
Hier c’était les juifs. Aujourd’hui c’est Israël qu’on veut anéantir. Au nom du Dieu commun aux religions monothéistes, Voilà un pays, l’Iran, qui n’a aucune frontière commune avec l’Etat d’Israël, et qui clame sa volonté de supprimer un autre État reconnu par l’ONU.
Au nom du même Dieu commun, Voilà un pays qui, au mépris de la mémoire meurtrie du peuple juif et de la vérité historique, organise un symposium négationniste mondial à Téhéran! J’ai rencontré des déportés qui pleuraient à la nouvelle de cette conférence.
Quand je dis que Ahmadinejad c’est le nouvel Hitler, on me dit : « vous exagérez, il a été élu démocratiquement ». Mais Hitler aussi. On me dit que Ahmadinejad est un clown, un guignol qui ne tiendra pas longtemps. Mais on disait la même chose pour Hitler dans les années trente.
En revanche, il y a une vraie différence entre les deux : Ahmadinejad est à 24 ou 36 mois de se doter de l’arme atomique. »

Ces phrases ont été prononcées le 13 février au palais de la Mutualité à Paris, par Roger Cukierman, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), lors d’un meeting « Contre le négationnisme et la menace du nucléaire iranien ».

Ce meeting s’inscrivait dans une machine de guerre de désinformation lancée depuis plusieurs mois par Israël et relayée aux USA par les principales organisations du lobby israélien. L’objectif de cette campagne est simple : préprarer l’opinion à une guerre contre l’Iran. Le moyen choisi est de tenter d’obtenir le soutien des deux grands partis US, les républicains comme les démocrates, à ce projet de guerre.

La version française de cette campagne a donc connu son temps fort le 13 février, avec le meeting de la Mutualité, précédé d’une manifestation au Mémorial du Martyr juif inconnu, rue Geoffroy l'Asnier.

Les orateurs au meeting étaient, outre Roger Cukierman :

- Christian Poncelet, Président du Sénat,
- Bertrand Delanoë, Maire de Paris
- François Léotard, ancien ministre
- Rudy Salles, Député des Alpes-Maritimes et Président du groupe amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, qui représentait François Bayrou, candidat de l’UDF à l’élection présidentielle
- Pierre Lelouche, Député et Conseiller de Paris qui représentait Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP à l’élection présidentielle
- Nicole Borvo Cohen-Séat, Sénatrice et Conseillère de Paris, qui représentait Marie-Georges Buffet, candidate du PCF à l’élection présidentielle
- Corinne Lepage, Présidente de Cap 21 et candidate à l’élection présidentielle
- Jean-Louis Bianco, Député des Alpes de Haute Provence et Codirecteur de campagne de Ségolène Royal, candidate du PS à l’élection présidentielle, qu'il représentait.

Tous les orateurs ont brodé sur le même thème : Ahmadinejad menace Israël, l’Occident, la démocratie, la planète, bref il est le Grand Satan Absolu, le "nouvel Hitler".

"Ahurissant"

Cet événement n’a suscité qu’UNE SEULE protestation, celle des sections du PCF de Douai (Nord) et de Paris XVème :
« Dans son édition datée des 11 et 12 février « Le Monde » publie une publicité du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) appelant à un « meeting » à Paris, à la Mutualité le 13 février « contre la menace iranienne ».
L'Iran est présenté dans cet appel comme « un danger mortel pour la paix dans le monde » dans la mesure où : Il défierait « le concert des Nations Unies par un programme nucléaire militaire » Il a organisé « une conférence négationniste internationale » Il multiplie « les appels à rayer Israël de la carte » Il est indiqué dans cette publicité « qu'ont donné leur accord de principe pour prendre la parole à ce meeting », entres autres : François BAYROU, Bertrand DELANOE, Ségolène ROYAL, Nicolas SARKOZY, ... et Nicole BORVO. Que l'on retrouve dans une telle aventure celui qui, dans son discours de Toulon il y a quelques jours, s'est placé à l'ombre de Le PEN après s'être placé sous celle de BUSH à l'automne dernier, ne surprendra personne. On connaît la ligne atlantiste de l'UDF. Que le maire de Paris, comme la candidate socialiste, soient présents ne surprendra pas beaucoup plus : les déclarations de Mme ROYAL sur l'Iran, qui vont bien au delà des résolutions de l'ONU, sont connues, de même que la mansuétude dont elle fait preuve, comme DELANOE, à l'égard du mur de l'apartheid en Palestine, pourtant condamné par plusieurs résolutions internationales.
Mais que la sénatrice de Paris, dirigeante nationale du PCF, participe à une entreprise dont les responsables n'ont que mépris pour le droit international et les résolutions de l'ONU, et notamment le droit du peuple palestinien à un Etat, est proprement ahurissant. Antisémitisme et révisionnisme sont intolérables, et doivent être combattus. Mais après la guerre menée par Israël contre le Liban et la Palestine l'été dernier, après la décision du président américain de poursuivre et renforcer la guerre contre le peuple irakien avec 21500 soldats supplémentaires, après les menaces de frappes américaines et israéliennes sur l'Iran une telle présence à la Mutualité, le 13 février, ne peut être qu'un encouragement aux agressions américaines et israéliennes au Moyen Orient. C'est d'autant plus inacceptable que le peuple américain vient de montrer massivement, il y a deux semaines, sa mobilisation contre la guerre et la politique de Bush. Non, les responsables du PCF n'ont pas à se transformer en supplétifs des USA et d'Israël. Ils ont tout au contraire à faire naître en France une mobilisation de masse, y compris par des manifestations unitaires, pour la paix et la reconnaissance des droits du peuple palestinien, comme pour le droit à la liberté et à l'indépendance nationale des peuples du Moyen-Orient. »
Je n’ai noté aucune réaction dans les rangs du PS, de l’UMP et de l’UDF. Qui ne dit mot consent. Les principaux partis politiques français se sont donc rangés sans broncher sous le drapeau des va-t-en guerre de Tel Aviv et Washington. Pauvre France !

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !