jeudi 22 décembre 2011

Dentellada n° 140- Gloria a Kim III, Bienamado Pequeño Heredero al trono del país del frío matinal

Traducido por  Javier Fernández Retenaga, Tlaxcala 
Las masas populares del mundo entero, los obreros, los campesinos y los intelectuales de Asia y Oceanía, de América y de Europa saludan con entusiasmo y aclaman fervorosamente al Camarada General y Comandante Supremo Kim Jong Un, nuevo Líder Bienamado de la República Popular Democrática de Corea, que el enemigo de clase se empeña en llamar Corea del Norte.


Estamos convencidos de que el Amado sucesor proseguirá el camino revolucionario iniciado por su bisabuelo Kim Jong Jik, ensanchado por su abuelo Kim Il Sung, Sol del siglo XX y fundador de la RPDC, y profundizado por su padre Kim Jong Il. Cuando Corea se encontraba al borde del abismo, los dos Grandes Kim (Il Sung y Jong Il) le hicieron dar un gran paso adelante. El Pequeño Kim sabrá dar continuidad a esa obra imperecedera durante los cincuenta próximos años que sin duda durará su reinado. Podrá contar para ello con los esclarecidos consejos de su tía Kim Kyong Hui, Generala Cuatro Estrellas y propietaria del primer y único restaurante de comida rápida de Pionyang, el Samtaesung, nombre que significa “tres inmensas estrellas” en honor a Kim Il Sung, su papá, Kim Jong Sook, su mamá, y Kim Jong Il, su hermanito.
¡Oh sagrados Kim! Con vosotros sueñan todos los dictadores árabes, que darían lo que fuera por conocer el secreto de vuestra dinastía inamovible.


Kim Cero

Kim Uno

 Kim Dos

 Kim Tres

Kim Dos Bis, Bienamada Regente...

...y su comida rápida

Y para situarnos en la dinastía Kim, un pequeño árbol genealógico:

Kim Ay-Man, candidato al cargo de Cónsul Honorario de la RPDC en la República del Pantano.
 

mercredi 21 décembre 2011

Bisse Nr. 140-Ruhm und Ehre sei Kim dem Dritten, Heiß Geliebten Kleinen Thronfolger im Lande des kalten Morgens

übersetzt von Michèle Mialane, Tlaxcala
Weltweit jubeln die arbeitenden Massen, Arbeiter , Bauern und Intellektuelle aus Asien, Ozeanien, Afrika, Amerika und Europa begeistert dem Genossen General und Oberbefehlshaber Kim Jong Un entgegen, dem neuen Heiß Geliebten Führer der Demokratischen Volksrepublik Korea, die der Klassenfeind weiter verbissen als Nordkorea bezeichnet, und heißen ihn gewaltig willkommen.
 
Wir sind fest überzeugt, dass der Heiß Geliebte Nachfolger den Weg weiter gehen wird, den sein Urgroßvater Kim Hyong-sik eröffnet, sein Großvater Kim Il Sung, Sonne des 20. Jahrhunderts und Gründer der Demokratischen Volksrepublik Korea erweitert und sein Vater Kim Jong Il dann vertiefen sollte.
 
Korea stand am Rande des Abgrundes; dank den zwei Großen Kim (Il Sung und Jong Il) machte es einen großen Schritt nach vorne. Klein Kim wird ganz bestimmt ihr unsterbliches Werk fortzusetzen wissen, in den voraussichtlich 50 Jahren seiner kommenden Herrschaft. Dabei wir seine Tante Kim Kyong Hui als aufgeklärte Beraterin fungieren können ; die ist ja Vier-Sterne-Generalin und stolze Inhaberin des ersten und einzigen Fast-Food-Restaurants von Pjöngjang, Samtaesung (Drei riesige Sterne) genannt zu Ehren von Kim Il Sung, Kim Jong Sook und King Jong Il, respektiv Väterchen, Mütterlein und Brüderlein der neuen Sonne Koreas.
 
Ach Du liebe Dynastie der Kim! Von Euch träumen alle arabischen Diktatoren, die hinter das Geheimnis Eurer Unabsetzbarkeit gerne kämen.
 

Kim Null
Kim Eins
 Kim Zwei
 Kim Drei
Kim Zwei eineinhalb, Heiß Geliebte Regentin...
...und Ihr Fast Food
 
 
Und damit Ihr Euren Weg in dem Labyrinth der Kim-Dynastie finden könnt, hier unten ein kleiner Stammbaum:
 
 
Kim Ay-Man, der derzeit für das Amt eines Honorarkonsuls der Demokratischen Volksrepublik Korea in der Tümpelrepublik kandidiert.

mardi 20 décembre 2011

N° 140 -Gloire à Kim III, Bienaimé Petit Successeur sur le trône du Pays du matin froid

Les masses populaires du monde entier, les ouvriers, paysans et intellectuels, d’Asie et d’Océanie, d’Afrique, d’Amérique, d’Europe, saluent avec enthousiasme et acclament vigoureusement le Camarade Général et Commandant Suprême Kim Jong Un, nouveau Leader Bienaimé de la République populaire démocratique de Corée, que l’ennemi de classe s’acharne à appeler Corée du Nord.
Nous sommes convaincus que le Bienaimé successeur continuera sur le chemin révolutionnaire ouvert par son arrière-grand-père Kim Hyong Jik, élargi par son grand-père Kim Il Sung, Soleil du XXème siècle,  fondateur de la RDPC, et approfondi par son père Kim Jong Il.
La Corée était au bord du gouffre, les deux Grands Kim (Il Sung et Jong Il) lui ont fait faire un grand pas en avant. Petit Kim saura certainement continuer leur œuvre impérissable, durant les cinquante prochaines années que durera sans doute son règne. Il pourra bénéficier des conseils éclairés de sa tante Kim Kyong Hyu, Générale quatre étoiles et propriétaire du premier et unique fast food de Pyongyang, appelé le  Samtaesung , ce qui signifie « trois immenses étoiles », en l’honneur de Kim Il Sung, son papa, Kim Jong Sook , sa maman et Kim Jong Il, son frérot.
Sacrés Kim ! Vous faites rêver tous les dictateurs arabes, qui aimeraient bien connaître le secret de votre dynastie inamovible.
Kim Zéro

Kim Un

 Kim Deux
 Kim Trois

Kim Deux Bis, Bienaimée Régente...

...et son fast food
Et pour vous y retrouver dans la dynastie Kim, voici un petit arbre généalogique :

Kim Ay-Man, candidat au poste de Consul Honoraire de la RPDC en République du Marigot
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

...et à la semaine prochaine

lundi 5 décembre 2011

Bites Nr. 139 - Egypt: awaiting the next Pharaoh



"We will not allow any individual or any party to put pressure on the armed forces.": This historic sentence was pronounced Sunday by Marshal Mohamed Hussein Tantawi Soliman, Grand Mamamouchi, * who, on February 11, "temporarily" took the place of the Pharaoh deposed as head of the Supreme Council of the Armed Forces, the SCAF, whose name rings like an insulting slap on the ears of the angry Egyptian people. The people had just launched phase 2.0 of its revolution on Saturday, November 19, and it has already cost the lives of dozens of unsung heroes.


The Mushir just celebrated his 76th birthday on October 31, making him a youngster in the gerontocracy laced group that commands the banks of the Nile. A veteran of every war lost by the Egyptian army (1956, 1967, 1973) and the first Gulf War (along with the valiant U.S. Army), defense minister (of the cash boxes) for Mubarak for 20 years, he is the emerging tip of the pyramid of power. The generals of the Egyptian army, who like those of the Mexican army, only know the gunfire of dollars, are holding power in the land of pharaohs and above all the economic power (30 percent according to experts). In short, as the Algerians say, it's a true military-financial mafia.



Tantawi's slip
The multitudes who occupy Tahrir Square and those of other Egyptian cities are fed up and can no longer see the Field Marshall in the picture. He doesn't want to become Pharaoh: his cronies simply insist that he ensure that democratic change will leave their power intact and they won't be jailed for their crimes, and to do this he must be able to decide who will become Pharaoh. And for that reason SCAF made a deal with the Muslim Kid-Brotherhood: "We keep our cashboxes and we outsource to you the management of society, counting on you to channel the populace." And this deal was made on the back of the independent revolutionary movement, which has gone back to the streets. While the game of musical chairs continues concerning who gets to be interim Pharaoh and we count the votes in the parliamentary elections that just took place, business continues, comme d'habitude.
The Mushir without his moustache but with a beard 

* The Arabic word for Marshal, mushir, reminds irresistibly of Monsieur Jourdain's "mamamouchi" in Le Bourgeois Gentilhomme of Molière.

Pictures: revolutionary murales in Cairo, November 2011

mardi 29 novembre 2011

N° 139 - Égypte : en attendant le prochain Pharaon

"Nous ne permettrons pas à un quelconque individu ou une quelconque partie de faire pression sur les forces armées" : cette phrase historique a été prononcée dimanche par le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui Soliman, Grand Mamamouchi* qui, le 11 février dernier, a pris “provisoirement” la place du Pharaon déchu à la tête du Conseil supérieur des forces armées, le SCAF, dont le nom claque comme une insulte aux oreilles du peuple égyptien en colère. Ce peuple vient de lancer la phase 2.0 de sa révolution le samedi 19 novembre, qui a déjà coûté la vie à des dizaines de héros anonymes.

Le mouchir vient de fêter son 76ème anniversaire le 31 octobre, ce qui fait de lui un jeunot dans la gérontocratie galonnée qui est au commandes au bord du Nil. Vétéran de toutes les guerres perdues par l’armée égyptienne (1956, 1967, 1973) et de la première Guerre du Golfe (aux côtés de la vaillante US Army), ministre de la Défense (des coffre-forts) de Moubarak pendant 20 ans, il est la pointe émergée de la pyramide du pouvoir. Les généraux de l’armée égyptienne, qui comme ceux de l’armée mexicaine, ne connaissent que les canonnades de dollars, détiennent le pouvoir au pays des pharaons, et avant tout le pouvoir économique (30% selon les spécialistes). Bref, pour parler comme les Algériens, une véritable mafia militaro-financière.
Le slip de Tantaoui
Les multitudes qui occupent la Place Tahrir et celles des autres villes égyptiennes en ont ras-le-bol et ne peuvent plus voir le Field Marshall en photo. Celui-ci ne veut pas devenir pharaon : il est simplement chargé par ses petits copains de garantir qu’un changement démocratique laissera leur pouvoir intact et ne les mettra pas en prison pour leurs crimes, et pour cela, il doit pouvoir décider qui deviendra Pharaon. Et pour cela, le SCAF a passé un deal avec les Frérots musulmans : “on garde nos coffre-forts et on vous sous-traite la gestion de la société, en comptant sur vous pour canaliser le populo”. Et ce deal se fait sur le dos du mouvement révolutionnaire indépendant qui est redescendu dans la rue. Pendant que le jeu des chaises musicales se poursuit autour du poste de pharaon intérimaire et que l’on compte les voix aux élections législatives qui viennent d’avoir lieu, le business continue, as usual.
Le mouchir sans sa moustache et avec une barbe
*Maréchal se dit mouchir en arabe, qui évoque irrésistiblement le « mamamouchi » de Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois Gentilhomme du regretté Molière.
Photos d’art mural révolutionnaire, Le Caire, novembre 2011
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à la semaine prochaine !


mardi 15 novembre 2011

N° 138 - Athènes, Rome et Francfort : le Triangle des Bermudes de la démocratie

Ils portent des costumes trois-pièces cachemire-soie-mohair des meilleurs faiseurs de Saville Road, ou, dans le pire des cas, de chez Armani. Les très rares femmes parmi eux ne portent que du Prada ou du Christian Dior. En temps normal, on ne les voit pas tous les soirs à la télé, ni dans les JT ni dans les talk-shows. Mais nous ne sommes plus en « temps normal ». La révolution arabe a provoqué une forte chute du taux de profit dans la partie  du monde contrôlée par le capital européen, pour le plus grand profit des nouvelles puissances capitalistes : Chine, Inde, Brésil, Russie et Afrique du Sud. Les Chinois viennent de racheter le port de containers du Pirée, à partir duquel ils vont inonder l’Europe et les pays du pourtour méditerranéen de leur camelote fabriquée pour  des salaires d’esclaves modernes dans l’Empire du Milieu, devenu le « sweat shop » du monde.
Tandis que les enfants du Pirée se mettent à apprendre le chinois, ils viennent d’avoir un nouveau papa, le Papa du peuple, autrement dit Papademos, le nouveau Premier ministre grec.
Les Italiens, enfin libérés de Berlusca, qui pourra aller mener ses bunga bunga au fond d’une zanga zanga, se retrouvent avec un tout autre genre de Papa, Mario Monti, un Lombard au look protestant qui passerait inaperçu dans un gouvernement scandinave.
Papademos et Monti ont l’essentiel en commun : ce sont des banquiers, des technocrates formés à l’école yankee, section Goldman Sachs (la crème de la crème des banksters) et…des membres éminents de la Commission Trilatérale, cet obscur panier de crabes qui fait et défait les politiques économiques et financières des « grandes démocraties » depuis un demi- siècle et qui a été fondé, comme il se doit, par David Rockfeller (j’ai oublié son numéro dans la dynastie) en 1973.
Le logo de la Trilatérale
Jusqu’ici, les banquiers et les patrons de la Trilatérale se contentaient d’avoir et de conserver le pouvoir, laissant le soin aux politichiens de gouverner – selon leurs directives – toujours présentées comme des avis éclairés -, bien sûr. Mais les politichiens n’étant plus à la hauteur, la Commission a décidé de prendre les choses directement en main. Elle exerce donc le gouvernement à Athènes, à Rome et à Francfort, où la Banque centrale européenne est dirigée par un autre trilatéraliste goldmano-sachsien, Mario Draghi.
Les prédécesseurs de Papademos et Monti, le catastrophique Papandréou et le partouzeur mafieux Berlusca avaient, eux, au moins, été élus. Mais pas les deux trilatéralistes.
La Trilatérale est à la démocratie européenne ce que le Triangle des Bermudes est à la navigation ; un vortex mortel où elle risque de disparaître corps et biens.
Je dis donc avec les Grecs : O λαός(Δήμος) δεν χρειάζεται παπά (O laos/démos den chreiazetai papa  = le peuple n’a pas besoin de papa). Et j’ajoute Τα εν οίκω μη εν Παπαδήμω (Ta en oiko mi en Papadimo = le peuple ne doit pas laisser son argent entre les mains de Papademos) (expression parodiant celle-ci : Τα εν οίκω μη εν δήμω (Ta en oiko mi en dimo = ne pas divulguer ce qui se passe dans la vie personnelle).
Contre la dictature triangulaire, une seule solution : la révolution circulaire !
Ayman El Kayman, apprenti  en géométrie révolutionnaire

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à la semaine prochaine !

lundi 7 novembre 2011

dimanche 6 novembre 2011

Ελλάδα: Ο τελευταίος Βενιζέλος

Ευρέως γνωστός ως Μπένι  στον λαϊκό κόσμο, ο χοντρός Ευάγγελος Βενιζέλος, ο αιώνιος αντίπαλος του Γιώργου Παπανδρέου στην καρδιά αυτού του εκτοπλάσματος που ονομάζεται ΠΑΣΟΚ (ελληνικό ‘’Σοσιαλιστικό’’ Κόμμα, κλείστε  τη μύτη σας, παρακαλώ), βλέπει επιτέλους να σημαίνει η ώρα του: Ένα  φιάσκο μπορεί να τον οδηγήσει  στην καρέκλα  του Πρωθυπουργού της γελοίας κυβέρνησης που θα προκύψει από τη Μάχη της Ελλάδας, που διεξάγεται στην Αθήνα, αλλά κυρίως στο Παρίσι, το Βερολίνο και τις Κάννες.
Όταν ο Παπανδρέου είχε το απίστευτο θράσος να ανακοινώσει ένα δημοψήφισμα με θέμα τη "συμφωνία για τη δανειακή σύμβαση" μαγειρεμένο από τους ΜΕΡΚΟΖΥ υπό την κάλυψη της Ευρωζώνης, το πιο καταχθόνιο ζεύγος της σύγχρονης ιστορίας της Ευρώπης,  η Αντζι και ο   Νίκο – θύμωσαν και απείλησαν τον Έλληνα σοσιαλιστή με τα χειρότερα αντίποινα αν αυτός επέμενε στο σχέδιο του για αναμέτρηση με το λαό του. Μην το παρακάνουμε, κραύγαζαν στα Ιλίσια και της
Μπουντεζκανζλει (Bundekanzlei: Ομοσπονδιακή καγκελαρία) δεν θα ζητήσουμε και τη γνώμη τους, των Ελλήνων. Είναι πολύ βλάκες για να καταλαβαίνουν τι σημαίνει Υψηλή Χρηματοπιστωτική!
Έτσι ο καλός μας Γεώργιος υπέκυψε στα αφεντικά του, ξέχασε το δονκιχωτικό όνειρό του για  δημοψήφισμα  και ετοιμάζεται να πάρει το καπελάκι του και να φύγει. Θα μπορεί βεβαίως  να γράψει τα Απομνημονεύματα ενός Μηδενικού.

Το αστείο που κυκλοφορεί αυτές τις μέρες στην Αθήνα είναι ότι ο Βενιζέλος θα γίνει πρωθυπουργός και ο Παπανδρέου... υπουργός  Οικονομίας.
Δημιουργός ή δράστης του έργου

Grecia: el último Venizelos


samedi 5 novembre 2011

N°137 - Grèce : Le dernier Vénizélos

Español: Grecia: el último Venizelos
Ελληνικά:  Ελλάδα: Ο τελευταίος Βενιζέλος
Português; Grécia: O último Venizélos 
Deutsch: Griechenland: der letzte Venizelos

 
Couramment appelé Béni  par le peuple, le gros Evangélos Vénizélos, rival éternel de Georges Papandréou au sein de cet ectoplasme nommé PASOK (parti « socialiste » grec, bouchez-vous le nez), voit enfin son heure sonner : la débâcle va le propulser dans le fauteuil de Premier ministre du drôle de gouvernement qui va sortir de la Bataille de Grèce, qui se mène à Athènes, mais surtout à Paris, Berlin et Cannes.

Dès que Papandréou a eu l’incroyable toupet d’annoncer un référendum sur l’ “accord de désendettement” concocté par Merkozy sous couvert d’Eurozone, le couple le plus infernal de l’histoire moderne d’Europe –Angie et Niko - a tempêté et menacé le socialiste grec des pires représailles s’il s’entêtait dans son projet de consultation de son peuple. Faut quand même pas pousser, s’est-on écrié à l’Elysée et à la Bundeskanzlei, on va quand même pas demander leur avis aux Grecs, ils sont trop cons pour comprendre quoi que ce soit à la haute finance !
Notre bon Geórgios s’est donc incliné devant ses patrons, a oublié sa chimère référendaire et se prépare à tirer sa révérence. Il pourra toujours écrire ses Mémoires d’un Nul.
La blague qui circule ces jours-ci à Athènes, c’est que Vénizélos va devenir Président et Papandréou…ministre de l’Economie.

Evangélos n’est pas le premier Vénizélos qui co-conduit son pays au bord de l’abîme. Le précédent  Vénizélos, joliment prénommé Elefthérios (libre), dont le portrait orne les pièces de 50 lepta (nom grec des cents d’euro), avait été responsable de la catastrophe de Sangarios en septembre 1921, lorsque l’armée grecque avait été écrasée par l’armée turque sur les bords de ce fleuve, rebaptisé Sakarya par les Turcs, au terme des 3 ans de guerre gréco-turque. La défaite de l’armée grecque allait ouvrir les portes de Smyrne à la cavalerie turque, qui s’y livra à un joli carnage de Grecs, dont les survivants s’enfuirent à la nage et furent recueillis par  des navires de guerre français.

Elefthérios Vénizélos, jusqu’alors héros national grec – il avait commencé son épopée par la libération de Crète et est entré dans l’histoire officielle comme le “fondateur de la Grèce moderne” – entra après Sangarios dans la deuxième et dernière partie de sa vie aventureuse, sous les traits de grand idiot attentiste à tendances putschistes. Il finit misérablement sa vie en exil à Paris en 1936.


La Grèce de 2011 est dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle de 1921 : en faillite.

Le second Vénizélos est un personnage beaucoup plus étriqué que le premier. Autres temps, autres mœurs (Άλλοι καιροί άλλα έθιμα : ali keri ala etima)…Cet apparatchik  pasokien modèle a, de 1993 à 2011, occupé huit  ministères différents. Il a presque tout fait : ministre de la culture, de la défense, de la justice, de la presse etc. A-t-il une solution pour sortir la Grèce du broyeur eurozonique ? Pas à ma connaissance . La seule chose dont il ne semble pas dépourvu, c’est l’appétit de pouvoir. Un vrai nécrophage.

Le peuple grec se doit de démentir le dicton “jamais deux sans trois” : il n’a pas à attendre un troisième Vénizélos, le personnage providentiel qui saurait, comme par magie, reprendre les rênes de la diligence folle qu’est devenu le pays avant qu’elle chute définitivement  dans l’abîme.

Il doit reprendre son destin en main, comme il a su le faire aux heures les plus sombres de son histoire, et retrouver le véritable esprit libertaire  des klephtes, les “brigands” irrédentistes  et guérilleros de la révolution de 1830, et celui des  kapétanioi, les guérilleros qui combattirent l’occupant italien, allemand puis britannique, de 1942 à 1948, et celui des étudiants insurgés du 17 novembre 1973 à l’Ecole Polytechnique. Il pourra compter sur la sympathie active des peuples d’Europe et de Méditerranée, caïmans inclus.
Ελευθερία ή θάνατος! (Eléfthéria i thanatos), La liberté ou la mort !
Αυμάν Ελ Καυμάν, volontaire des NBILG (Nouvelles Brigades Internationales pour la Libération de la Grèce)
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

...et à la semaine prochaine !

mardi 22 février 2011

N° 136 - El Khaïn El Akbar : Kadhafi, le Traître Suprême

 Je vous propose de lire - ou de relire - cette chronique du 11 décembre 2007, à laquelle la révolution en cours en Libye donne une actualité brûlante.

Versión española: El Khaïn El Akbar: Gaddafi, el Supremo Traidor
Le Guide suprême de la Révolution libyenne, le Génial Inventeur de la Troisième Voie, le chef du seul État clandestin du monde, le Bédouin fantasque, le Plus Grand Coureur de jupons, de boubous et de sarouals au sud de la Méditerranée, bref Mouammar Al Kadhafi, Colonel de son état, est en France depuis le dimanche 9 décembre 2007, où il est venu faire son shopping avant de poursuivre ses courses à Madrid, chez Zapatero. Une chose est déjà sûre et certaine : ce n’est pas à ce Colonel-là que Juan Carlos lancera « Et toi, pourquoi tu ne la fermes pas ? »
Le Colonel libyen est la parfaite antithèse d’un autre colonel, Hugo Chávez Frías, président de la République bolivarienne du Venezuela. Autant ce dernier est un révolutionnaire sincère, soucieux de démocratie et à l’écoute du peuple, autant le Libyen est un menteur, un lâche et, pour tout dire, un traître. On pourrait même le baptiser El Khaïn El Akbar, le Traître Suprême.
Les deux hommes n’ont en commun que le fait d’être colonels et celui d’être à a tête de pays riches en pétrole. Sur tout le reste, ils sont aussi différents que le jour et la nuit.
Chávez a fait le choix le plus difficile : celui d’instaurer un régime socialiste et populaire par la voie légale et pacifique, dans la transparence. Kadhafi, lui, a inventé l’État clandestin, sous couvert de « démocratie populaire directe ».
En Libye, personne ne sait qui fait quoi et les structures de pouvoir sont carrément clandestines, cachées derrière de fantomatiques comités populaires et autres comités révolutionnaires.
Depuis presque dix ans, Kadhafi est redevenu fréquentable pour l’Occident démocratique : pour être retiré de la liste US des États terroristes, il a reconnu la responsabilité libyenne dans l’attentat de Lockerbie ; pour normaliser ses relations avec le Royaume-Uni, il a livré les noms de tous les républicains irlandais qui s’étaient entraînés en Libye ; pour normaliser celles avec les USA, il a livré toutes les informations qu’il détenait sur les Libyens censés faire le jihad aux côtés de Ben Laden, et il a renoncé à ses « armes de destruction massive » en demandant à la Syrie de « faire de même » ; pour normaliser les relations avec l’Union européenne, il s’est transformé en gardien de camps de concentration, dans lesquels sont internés des milliers d’Africains en route vers l’Europe ; pour normaliser ses relations avec son sinistre voisin ben Ali, il lui a livré des opposants réfugiés en Libye.
On pourrait continuer ainsi longuement la liste des turpitudes du Guide libyen, devenu un vulgaire indic et garde-chiourme, étroitement mêlé au bordel qui règne au Soudan et au Tchad, impliqué de près dans les guerres civiles au Libéria, au Sierra Leone et en Côte d’Ivoire.
Le tapis rouge déployé par Sarkozy pour le Grand Client (venu faire des emplettes pour la coquette somme de 10 milliards d’Euro) a fait jaser dans les chaumières de France et de Navarre.
La Gazelle Noire du gouvernement, la belle Rama Yade, s’est fait passer un savon d’une demi-heure lundi matin par le Chef, pour ses déclarations plutôt tonitruantes contre Kadhafi. La gauche et le centre, Ségolène et Bayrou en tête, ont joué les vertus outragées et n’ont pas eu de mots assez durs contre le « dictateur » et le « tortionnaire » venu du désert. Même à l’UMP, certains ont renâclé devant le fastueux déploiement de tapis rouge. Mais le Sarko National, imperturbable, a rétorqué : « C’est facile de critiquer, depuis le Café de Flore ou le Zénith, mais qui c’est qui a libéré les infirmières bulgares, hein ? »
Et il semble bien que l’opinion des Français moyens approuve Sarko, espérant que les contrats fabuleux qu’il décroche assureront les retraites. Il faut reconnaître que le nouveau président français s’est révélé être un super-VRP : en quelques semaines, il a décroché 20 milliards de contrats en Chine, 5 milliards en Algérie et sans doute 10 milliards avec la Libye. Et qui c’est que tout cela agace ? Eh bien, c’est sa brave voisine de palier, la bonne Angela, chancelière du Siemensland, qui n’apprécie pas du tout les ventes de centrales nucléaires françaises à l’Algérie, au Maroc, à la Libye ni les projets sarkozyens d’Union méditerranéenne, qui est la « géniale réponse » trouvée par la nouvelle diplomatie française pour contrer l’avancée inexorable des USA, de la Chine, de l’Inde et même du Brésil sur le continent africain.
Quant à la gôche parisienne qui s’offusque de la réception en grandes pompes du Colonel, je la défie de citer un seul nom de prisonnier politique libyen dont elle aurait connaissance, elle qui ne s’est jamais souciée du peuple libyen.
Dans son discours à l’UNESCO, tenu devant une assemblée enthousiaste recrutée par les soins de l’ambassade libyenne à Paris, Kadhafi a tenu des propos comme d’habitude hallucinés : « Au lieu de vous préoccuper des droits de l’homme en Libye, préoccupez-vous de ceux des immigrés chez vous. Si les Français ne peuvent pas bien s’occuper des jeunes enfants d’immigrés dans leurs banlieues, nous sommes prêts à les reprendre… » J’entends encore l’immense éclat de rire qui a accueilli ces propos dans le Neuf-Trois, le Neuf-Cinq , le Neuf-Deux, le Sept-Sept et le Sept-Huit : « Il est vraiment boulma, le nelloco. Qu’est-ce qu’on irait foutre dans son désert ? »

Le Parrain du Désert :"Envoyez-moi vos émeutiers de banlieue, je saurai les mater"


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

...et à mardi prochain !

mardi 4 janvier 2011

N° 135 - Les délires du Petit Monsieur Moix-Moix-Moix : « la transparence est toujours fasciste », c’est le secret qui est démocratique…

« Cher Michel, tu as inventé un ton, une langue, une vision. Ceux qui te trouvent sans style n’ont pas compris que, comme le clamait Péguy, le style c’est l’homme. Tu as trouvé l’instrument, par cette langue scientifique et chargée d’humour (ceci expliquant d’ailleurs cela) la manière la plus intime de décrypter un monde qui te fait tellement souffrir que tu t’arranges, au milieu de lui, pour y être heureux comme on se suicide. Œuvre au bord du gouffre, œuvre de gouffre, profonde, haute, vertigineuse aussi. Unique. Tu es unique, oui ; et seul, par conséquent. Tout seul. Et je te quitterai, comme j’ai commencé, par une phrase de Valéry qui résume tout. « Chaque auteur contient quelque chose que je n’eusse jamais voulu écrire. Et moi-même. »
Ces phrases inoubliables adressées au Prix Goncourt Michel Houellebeurk sont d’un certain Yann Moix, dont je viens à peine de découvrir l’existence. Je ne sais rien de ce type, si ce n’est qu’il fait partie de la bande à BHL, puisque son blog est hébergé par le site web de La Règle du Jeu, la revue du bellâtre millionnaire du Boulevard Saint-Germain. Et ce Yann Moix a publié le 10 décembre un article réellement halluciné et hallucinant, que je vous propose de lire avec calme et attention. Mes commentaires figurent à la suite de l’article.

Wikileaks : la transparence est toujours fasciste
Yann Moix
http://laregledujeu.org/moix/2010/12/10/461/wikileaks-la-transparence-est-toujours-fasciste 

“Wikileaks n’appartient pas à la démocratie – mais à la dictature. A force d’étudier, d’examiner, puis finalement d’incidemment remanier, d’ajuster, de réajuster la notion de « démocratie », on en oublie presque que le concept de « dictature » évolue, lui aussi. L’affaire des dossiers diplomatiques révélés ouvre la voie d’une dictature toute neuve, d’une dictature en quelque sorte contenue dans la démocratie. D’une dictature parfaitement consubstantielle à la démocratie. Il en va de même de Facebook, soyons lucides. Le rêve qu’entretenait la Stasi, dans l’Allemagne de l’Est de jadis, ou les services secrets roumains, russes, chinois, a été parfaitement réalisé par Facebook puisque Facebook est l’endroit, le lieu, le « site » où tout le monde se livre – se livre à tous les sens du terme. Se confie, d’une part ; et d’autre part, se donne. Comme on se donne à la police. Mais la magie est là : tout le monde se livre et, pourtant, on n’a rien demandé à personne. L’Etat n’a rien demandé ; les Etats n’ont (strictement) rien exigé. Mais les gens se livrent, se donnent : révèlent sur eux leurs misérables, innombrables, infinis tas de secrets. La seule chose à laquelle les dictatures n’avaient pas pensé pour obtenir le maximum de renseignements sur les gens était donc celui-ci : la liberté. Chacun, sans y être obligé, installe sur son « mur » (ironie de l’appellation quand on se souvient du « Mur » de Berlin) des détails sur sa grossesse, ses vacances à Etretat, le goût de son œuf à la coque. La Stasi était contenue en chacun de nous, il suffisait de s’en aviser.
Nous noterons donc, immédiatement, que la démocratie n’a rien à voir, n’a rien à faire surtout, avec la transparence. La transparence est une obsession totalitaire. Elle est le paradis, l’horizon des régimes fascistes, des dictatures. Le mot de « totalitarisme » d’ailleurs, exprime parfaitement cette idée : tout est égal à tout, tout doit être su de tous, tout doit être connu tout le temps. C’est précisément l’idée que des choses (on appelle ça la vie des individus) puissent être retranchées de ce tout (et cesser d’être publiques pour devenir privées) qui rend fous les régimes autoritaires. Il ne faut pas s’étonner que le nazisme soit, dans sa dénomination, emprunt de socialisme (national-socialisme), ni même que le communisme ait été bâti sur une indifférenciation parfaite des existences. Ce qui compte, en dictature, c’est de rendre les êtres indiscernables – la masse prime sur l’individu (comme à l’armée, bien sûr). La condition même de l’indiscernabilité, c’est la transparence. Chacun étant privé de son intimité, de son goût propre, de sa liberté singulière, est génériquement assimilé à son voisin, et ce jusqu’à l’infini, par récurrence. Pour que les hommes, les citoyens, les paysans, les travailleurs, les militaires soient noyés dans cette masse, de façon totalitaire, il faut bel et bien que règne la transparence : on doit voir à travers chacun pour fabriquer la totalité. Si bien que, de la même façon que l’individu doit être transparent face à l’Etat, l’Etat lui-même accepte d’être transparent face à l’individu. Jamais Hitler, par exemple, n’a caché sa politique ; tout était dans Mein Kampf. Jamais Lénine, c’est un fait, n’a caché son programme : c’est par sa clarté et sa publicité qu’il étonne. Que le peuple ne cache rien et qu’on ne cache rien au peuple : voilà l’équation, pure et parfaite, de la dictature. Une transparence de tous les instants ; et qui se résume à l’enfer, car une vie sans mensonges, une vie sans secrets, une vie sans oblations, sans intimité, sans « privacy » comme disent les Anglais, n’est pas une vie supportable. Savoir cacher, momentanément, savoir voiler, pour le bien public, savoir traduire, pour éviter les emportements, savoir doser, c’est l’art et la fonction mêmes de la politique.
Tout cela est contenu dans les philosophies contractuelles des Lumières : la somme des volontés particulières ne forme aucunement la volonté générale. Ce qu’on appelle la volonté générale, dont hérite en démocratie celui qui représente le peuple, implique l’existence de ce tamis, de ce double langage (diplomatique, politique) : j’aliène une part de ma liberté pour que ma liberté soit possible ; autrement dit : j’accepte, pour mon bien qui est lié au bien d’une communauté nationale, de ne pas être en mesure, à titre individuel et privé, de bénéficier de toutes les ressources et informations – ce privilège, je l’ai abandonné (démocratiquement) au Président de la République et à son gouvernement. Je me cache à moi-même des choses par son intermédiaire – parce que j’ai choisi, accepté de le faire ; par ce que j’admets, tacitement, qu’il en fera meilleur usage que moi, que nous tous rassemblés. Et surtout, je suis conscient que dans cette part de secret, de voile, d’opacité, réside une valeur ajoutée (en terme de sécurité, mais aussi de démocratie) que le dévoilement, que la publicité mettraient à mal.
Wikileaks pose donc un problème grave : il rompt le contrat, celui de Rousseau, des Lumières. Il rompt le contrat social. Il est anti-démocratique parce que soudain, un homme, un organisme, un homme-organisme, décide de ne plus jouer le jeu, de quitter la farandole. Sans bénéficier des pouvoirs (ni la légitimité) de ceux qui nous dirigent mais surtout, mais essentiellement nous représentent, il se met en face d’eux, au même niveau, à la même altitude. Ce n’est pas, ce faisant, les Etats qu’il insulte, mais les peuples que ces Etats représentent ; c’est nous tous qui sommes insultés. Insultés dans notre démocratie, dans notre liberté : dans notre consentement. Dans notre refus de cette grande clarté générale proposée par ces régimes qui inventèrent les camps et les goulags.”


Mes commentaires

1.    On se demande ce qu’ont Facebook et Wikileaks en commun. Moi, je ne vois pas. S’il est vrai que Facebook permet à des gens d’étaler leur vie privée, il sert surtout, à ce que j’en sais par ma pratique quotidienne, à faire circuler rapidement des informations politiques et culturelles. Quant à WikiLeaks, il n’a pas, que je sache, révélé des secrets sur la vie privée de qui que ce soit, sauf dans les cas où il s’agit d’aspects de la vie privée de gens ayant du pouvoir qui ont un lien direct avec leur figure publique. Je pense par exemple au compte-rendu par l’ambassadeur US à Tunis Robert F. Godec d’un repas chez le néo-milliardaire Mohamed Sakher El Materi et sa femme Nesrine, fille du président-général Ben Ali. L’ambassadeur décrit la villa du couple, leur manière de vivre, de traiter leurs domestiques, le tigre qu’ils ont dans une cage, les yaourts qu’ils rapportent de Saint-Tropez à bord de leur jet privé. Pour conclure qu’on comprend que beaucoup de Tunisiens ne les aiment pas et même les détestent. La protection de la « privacy » dont se gargarise M. Moix-Moix-Moix s’arrête là où il y a suspicion d’enrichissement illicite et ce soupçon pèse très fortement sur le beau-fils de Ben Ali, dont  le Président-Général envisagerait de faire son successeur dynastique. L’ancien chef de la Section d’intérêts US à La Havane, Michael Parmly a exprimé sa peur que WikiLeaks révèle le contenu de ses très nombreuses conversations avec la blagueuse, pardon, blogueuse “dissidente” Yoani Sánchez ainsi qu’avec d’autres “dissidents” soutenus par Washington. A-t-on vraiment affaire là avec la “vie privée” des gens ? Je ne le crois vraiment pas. En quoi le fait de révéler que, selon l’ambassadrice US à Yaoundé, Omar Bongo a détourné 30 millions d’Euros de la Banque centrale des États d’Afrique centrale et en a reversé une partie à Sarkozy pour financer sa campagne électorale est-il une atteinte à la démocratie ? Franchement, je ne vois pas.

2.    M. Moix-Moix-Moix est apparemment tombé à pieds joints dans le culte de la personnalité de Julian Assange entretenu par les médias : non, WikiLeaks n’est pas un “homme-organisme” (drôle d’expression) mais un projet collectif et participatif à l’époque du tout-numérique, auquel des centaines, sinon des milliers de personnes ont participé  anonymement, une fois que le courageux Bradley Manning eut fourni les documents. Lequel Bradley Manning risque 80 ans de prison. Selon M. Moix-Moix-Moix, le soldat Bradley Manning, révolté par les méthodes terroristes employées par l’armée US en Irak, serait sans doute aussi un adepte du totalitarisme.
La personnalisation de l’affaire WikiLeaks n’est qu’un rideau de fumée entretenu par les appareils de pouvoir et de propagande pour détourner l’attention des vrais contenus des documents diplomatiques rendus accessibles. On peut tirer profit de ces documents pour essayer de mieux comprendre comment fonctionne la machine impériale usaméricaine à l’échelle planétaire sans s’occuper un seul instant de l’individu Julian Assange, sauf que, quand même, la tête de cet homme a été mise à prix, des appels au meurtre ont été lancés publiquement depuis Washington et il court un (faible) risque de finir ses  jours dans un pénitencier US. Donc, toute personne attachée à la démocratie et aux droits humains et civiques devra prendre sa défense plutôt que de l’accuser d’être un nouveau Staline, ce qui semble pour le moins grandguignolesque.

3.    Je ne comprends pas d’où Moix-Moix-Moix a sorti cette histoire que la transparence aurait été une invention des dictatures du XXème siècle. Il a peut-être trouvé cette idée loufoque dans les Œuvres Complètes de son Maître et Gourou BHL ? Je ne sais pas, car je ne les ai pas dans ma bibliothèque, au bord de mon marigot totalitaire.

4.    Je conseille à M. Moix-Moix-Moix de lire Le Contrat Social de JJ Rousseau. Et  surtout qu’il ne voie pas d’attaque personnelle dans ces phrases de Jean-Jacques : « Obéissez aux puissances. Si cela veut dire Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu; je réponds qu’il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l’avoue; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu’il soit défendu d’appeler le médecin? Qu’un brigand me surprenne au coin d’un bois, non seulement il faut par force donner sa bourse; mais, quand je pourrais la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner? Car, enfin, le pistolet qu’il tient est une puissance. Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. » Rousseau ne répondait pas là M. Moix-Moix-Moix mais à un certain Saint Paul : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi » (Épître aux Romains, XIII). Bref, le contrat social auquel se réfère M. Moix-Moix-Moix est caduc dès que la puissance publique est considérée comme illégitime par les citoyens. Donc, le secret qu’il invoque comme ressort de la démocratie – c’est d’ailleurs là une nouveauté absolue, dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent, encore une lacune dans ma formation -,  sert à masquer le caractère illégitime des actions du pouvoir, il ne peut être question de l’accepter au nom du contrat social.

5.    Je propose de décerner à M. Moix-Moix-Moix le Grand Prix 2010 des Têtes de Veaux en Vinaigrette et Chemise Blanche.

Ayman El Falsafi, apprenti-philosophe totalitaire
Ex-analyste au Departamentul de transparenţă* de la Securitate roumaine (N° AK-47-007)
Ex-analyste à la Durchsichtigkeitsabteilung* de la Stasi (N° KALASCH 000089)
Présentement Honorable Agent Dormant Transparent du Département du Front Uni du Travail de la Chosŏn Minjujuŭi Inmin Konghwaguk (République populaire démocratique de Corée)
*Département de la Transparence

Manifestation devant l'ambassade de Suède d'adeptes du totalitarisme en soutien à Julian Assange, Kiev, Ukraine, 22 décembre 2010. Au premier rang, on reconnaît Natacha, Ivana et Vassilia, célèbres agentes du KGB. À l'arrière-plan, Ivan Popielko, leur officier traitant
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !