"Nous ne
permettrons pas à un quelconque individu ou une quelconque partie de faire
pression sur les forces armées" : cette phrase historique a été
prononcée dimanche par le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui Soliman, Grand
Mamamouchi* qui, le 11 février dernier, a pris “provisoirement” la place du Pharaon
déchu à la tête du Conseil supérieur des forces armées, le SCAF, dont le nom
claque comme une insulte aux oreilles du peuple égyptien en colère. Ce peuple
vient de lancer la phase 2.0 de sa révolution le samedi 19 novembre, qui a déjà
coûté la vie à des dizaines de héros anonymes.
Le mouchir vient de fêter son 76ème
anniversaire le 31 octobre, ce qui fait de lui un jeunot dans la gérontocratie galonnée
qui est au commandes au bord du Nil. Vétéran de toutes les guerres perdues par
l’armée égyptienne (1956, 1967, 1973) et de la première Guerre du Golfe (aux
côtés de la vaillante US Army), ministre de la Défense (des coffre-forts) de
Moubarak pendant 20 ans, il est la pointe émergée de la pyramide du pouvoir. Les
généraux de l’armée égyptienne, qui comme ceux de l’armée mexicaine, ne
connaissent que les canonnades de dollars, détiennent le pouvoir au pays des
pharaons, et avant tout le pouvoir économique (30% selon les spécialistes).
Bref, pour parler comme les Algériens, une véritable mafia militaro-financière.
Le slip de Tantaoui |
Les multitudes qui occupent la Place Tahrir et celles
des autres villes égyptiennes en ont ras-le-bol et ne peuvent plus voir le Field
Marshall en photo. Celui-ci ne veut pas devenir pharaon : il est
simplement chargé par ses petits copains de garantir qu’un changement
démocratique laissera leur pouvoir intact et ne les mettra pas en prison pour
leurs crimes, et pour cela, il doit pouvoir décider qui deviendra Pharaon. Et
pour cela, le SCAF a passé un deal avec les Frérots musulmans : “on garde
nos coffre-forts et on vous sous-traite la gestion de la société, en comptant
sur vous pour canaliser le populo”. Et ce deal se fait sur le dos du mouvement
révolutionnaire indépendant qui est redescendu dans la rue. Pendant que le jeu
des chaises musicales se poursuit autour du poste de pharaon intérimaire et que
l’on compte les voix aux élections législatives qui viennent d’avoir lieu, le
business continue, as usual.
Le mouchir sans sa moustache et avec une barbe |
*Maréchal se dit mouchir en arabe, qui évoque
irrésistiblement le « mamamouchi » de Monsieur Jourdain dans Le
Bourgeois Gentilhomme du regretté Molière.
Photos d’art mural révolutionnaire, Le Caire, novembre
2011
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à la semaine prochaine !
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