lundi 26 mars 2007

N° 30 – Birao, ville fantôme : un crime de guerre français en pleine campagne électorale


Les rebelles ont pris Birao…mais le 3ème RIMA les a dégagés fissa !

Un bon petit crime de guerre au cœur du Continent noir, rien de tel pour corser une bonne campagne électorale ! Mais hélas, le silence radio total qui a accompagné et suivi la dernière opération spéciale des braves pioupious du 3ème RPIMA (Régiment de parachutistes d’infanterie de marine) basés dans la bonne ville de Carcassonne, est bien au diapason du caractère obscène de la campagne électorale pour la présidentielle française, où les deux principaux candidats font dans la surenchère nationalo-identitaire, pour la plus grande joie du Borgne bâtard breton.
Donc, c’est dit : il n’y aura pas de scandale Birao pour venir entacher cette joyeuse campagne. Silence ! Secret défense ! Accords secrets de défense ! Domaine réservé de la Présidence ! Circulez, il n’y a rien à voir, rien à dire ! Touchez pas au grisbi !
Et pourtant, il y aurait de quoi dire. De quoi s’agit-il ? Je vais vous le conter brièvement.
La République centrafricaine – capitale Bangui – est sous la botte d’un général, François Bozizé, venu au pouvoir avec l’aide française par un coup d’État il y a quatre ans. Depuis que le Centrafrique existe (1960) – auparavant, ce pays s’appelait l’Oubangui-Chari et faisait partie de l’Afrique équatoriale française, et les historiens s’accordent à dire que ce fut le pays où la colonisation fut la plus cruelle -, tous les présidents qui s’y sont succédés ont été mis en place ou dégommés par la France. À commencer par David Dacko, qui prit la place en 1960 de Barthélémy Boganda, père fondateur de la nation centrafricaine, opportunément mort dans l’explosion , inexpliquée à ce jour, de son avion le 29 mars 1959. Pour continuer avec Jean-Bedel Bokassa, mis en place par Foccart et dégommé par Giscard en 1979, au cours de la rocambolesque opération « Barracuda », où VGE fit preuve de tout sauf de gratitude, pour les fameux diamants offerts par l’Empereur. Re-Dacko, renversé par Kolingba en 1981. En 1993, miracle, Ange-Félix Patassé parvient au pouvoir par des élections et non par un coup d’État, fait trop rare pour être signalé. Réélu dans la contestation en 1999, victime de diverses tentatives de putsch, Patassé est finalement renversé le 15 mars 2003 par le général Bozizé, ancien chef d’État-major, appuyé par l’armée française et par son compère Idriss Déby, satrape du Tchad voisin, lui-même venu au pouvoir par les armes et par la France.
La République centrafricaine est un pays riche dont les habitants sont pauvres : ses richesses –diamants, uranium, or et bois tropicaux - y sont honteusement exploitées par des prédateurs. Elle est de plus située stratégiquement entre le Soudan , le Tchad et les deux Congo. Le petit père Bozizé vient de se faire délivrer par le Parlement à ses ordres la possibilité d’édicter des lois par ordonnances, ce qui lui permet de faire ce qu’il veut avec les richesses de « son » pays.
Les Centrafricains ne sont donc pas contents, mais pas du tout, et on les comprend. Et certains d’entre eux ont pris les armes. On peut aussi les comprendre.
Birao est le chef-lieu de la préfecture de Vakaga, dans l’extrême-nord du pays. Sa population est passée en deux ans de 22 000 à 14 000, pour descendre aujourd’hui à 600. La raison en est simple : au moins 70% des maisons de Birao ont brûlé. Accident ? Oh que non ! Ce sont des soldats qui ont mis le feu aux maisons, entre le 4 mars et aujourd’hui. Quels soldats ? Eh bien ! C’est là que les avis divergent : les uns prétendent que ce sont les forces armées de Bozizé, les autres que ce sont les rebelles de l’UDFR (Union des forces démocratiques pour le Rassemblement), qui avaient pris le contrôle de la ville avant d’en être délogés à coups d’obus et de roquettes. L’ONU, qui a envoyé deux missions sur place, constate les dégâts, mais ne prend pas position sur l’identité des criminels. L’UDFR dément avec virulence ces accusations et dit que sont les soldats de Bozizé et leurs protecteurs de l’armée française, qui avaient permis aux troupes « loyalistes » de reprendre le contrôle de la ville et de son aéroport, par une opération double le 4 mars : bombardements des rebelles par des Mirage F1 venus du Tchad et opérations au sol menées par les vaillants paras du 3ème RPIMA.
L’opération du mois de mars a été la première opération aéroportée de l’armée française en Afrique depuis le fameux saut sur Kolwezi (au Congo, alors Zaïre) en 1978.Actuellement, on dénombre quelque 280 000 déplacés, dont 212 000 à l’interieur du pays, 20 000 au Cameroun et 50 000 au Tchad. Au total, un million de personnes, soit le quart de la population du pays, ont été affectées par l’insécurité générale qui règne dans le nord du pays.
L’armée française s’est rendue coupable et complice de crimes de guerre. La Cour pénale internationale devrait ouvrir ce dossier. Le parlement français devrait ouvrir une enquête. L’Union européenne devrait ouvrir sa gueule.
Oh pardon, excusez-moi ! J’’étais encore en train de rêver à haute voix.
La Cour pénale internationale ? Elle ne voit de criminels de guerre qu’au Soudan, chez les méchants « milicens Janjawid ».
Le parlement français ? Il n’a jamais osé s’en prendre à la politique africaine de l’Élysée, domaine réservé et sensible.
L’Union européenne ? Louis Michel, le gros Belge qui est son commissaire au développement et à l'action humanitaire, était justement à Bangui les 7 et 8 mars et il l’a dit « tout va très bien, madame la Marquise ». Il a salué la « volonté d'ouverture et de dialogue» du président Bozizé, « légitimé par les élections démocratiques » de 2005. mais surtout il a annoncé le déversement d’une manne financière sur Bozizé : 68,5 millions d’Euro + 109 millions pour le bitumage des routes et les programmes de « gouvernance », + 2 petits millions pour l’Assemblé nationale + 1 petit million et demi pour financer le « Conseil de la médiation ».
Et Gros-Louis s'est engagé « personnellement » pour « propulser la République Centrafricaine dans une percée politique, économique et sociale » attendue depuis longtemps par la population…
Pendant ce temps, rapportent des petits curieux, des centaines de tonnes d’armes achetées (avec quel argent ?) par Bozizé en Afrique du Sud, affluent à Bangui. Vous avez dit « ouverture et dialogue » ?
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 19 mars 2007

N° 29 – La Bande des Douze se lance dans le Grand Jeu-Concours : « Qui lave plus blanc ? »

La liste officielle des candidats à l'Élysée a été dévoilée lundi 19 mars à 17h30 par le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. La candidature de José Bové, qui craignait de ne pas avoir rassemblé les 500 parrainages nécessaires, a été validée.
Il y a donc finalement douze candidats officiels. Sont donc en lice:
- François Bayrou (UDF), alias Le Tractoriste Rammasse-tout (TRT)
- Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire), alias Le Petit Facteur de Léon (PFL)
- José Bové (Altermondialiste), alias Joseph Le Petit Père des Faucheurs (PPF)
- Marie-George Buffet (PCF), alias Blues Georgina Tyrannosaura (BGT)
- Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), alias Camarade Rétro Travayeuzétravailleurs (CRT)
- Jean-Marie Le Pen (Front national), alias le BBB (Bâtard Borgne Breton)
- Frédéric Nihous (Chasse, pêche nature, traditions), alias Plouc Yabon Panpan (PYP)
- Ségolène Royal (PS), alias Canine Royale Suprême (CRS)
- Nicolas Sarkozy (UMP), alias Nabotléon Identité Génétique Nationale (NIGN)
- Gérard Schivardi ("candidat des maires", soutenu par le Parti des Travailleurs), alias Maire d’Alors (MdA)
- Philippe de Villiers (Mouvement pour la France), alias Le Fou du Puits (FdP)
- Dominique Voynet (Verts), alias La Môme Vertdegris (MVG).
Si j’étais vous, chers électeurs de France et de Navarre, je commencerais à prendre des dispositions pour m’expatrier vers le 7 mai 2007. Vous avez le choix entre :
- le Venezuela
- la Bolivie
- l’Équateur
- Cuba- l’Iran
- la Corée du Nord.
Tous ces pays ont besoin de vos compétences et n’ont pas de ministères de l’immigration et de l’Industrie nationale.Ma boule de cristal donne en effet NIGN gagnant à 80% le 6 mai 2007. Mon raisonnement est simple : au premier tour les votes conjugués en faveur de TRT, PPF, MVG, PFL et CRT enlèveront à CRS environ 20% des voix. Elle sera donc exclue du 2ème tour, au profit de NIGN et de BBB. Les seuls qui pourraient changer la donne, ce serait les 40% d’abstentionnistes prévisibles. Mais il faudrait un véritable miracle pour qu’ils surmontent leur dégoût et trouvent le chemin des urnes.
Bref, le spectacle continue !
Et pour départager la meilleure marque de lessive, je vous recommande d’appliquer le principe de précaution et d’étudier les tests réalisés par l’Union Française des Consommateurs, qui analyse les rapports qualité-prix, les effets sur l’environnement etc.
À moins bien sûr que vous ne préfériez aux produits de supermarché ceux qui ne coûtent rien, ne dévastent rien et lavent très bien : la cendre de votre cheminée.


Et pour conclure, je dédie le joli dessin ci-dessous à tous ceux d’entre vous qui, saisis par la folie ambiante, se sont pris soudainement d’amour pour le Tractoriste ramasse-tout du Béarn, auquel s’applique parfaitement cette petite phrase du défunt Tonton-le-machiavélique : « «Le centre n'est ni à gauche ni à gauche»…




Médaille soviétique au tractoriste méritant, 2ème Guerre mondiale. En vente sur Internet pour 19,95 $...


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !


lundi 12 mars 2007

N° 28 – Ce que le nabot te prépare, cher peuple de France

Maintenant qu’on a installé une parabole près de mon marigot, je peux enfin suivre en direct la campagne électorale française. J’ai donc pu me farcir l’intégralité de l’émission « À vous de juger » d’Arlette Chabot, sur France2, jeudi soir 8 mars, dont l’invité était Nicolas Sarközy de Nagy Bocsa, alias Nabotléon. Je dois vous avouer que j’ai eu du mal à me remettre du choc produit sur moi par cette émission. Je me suis dit pendant quatre jours : « Mais enfin, ce n’est pas possible qu’un tel personnage devienne président de la République française ou alors, cela voudra dire que la France n’est plus ce qu’elle était et tente encore péniblement d’être. »
Le dimanche précédent, invitée à l’émission préférée de Chirac, « Vivement Dimanche », du sarkozyen Michel Drucker, la chanteuse Lio expliquait son admiration sans bornes pour Mikhaïl Gorbatchev lequel, après la fin de sa carrière politique, s’était mis à jouer dans des publicités. À la question « Et Ségolène, vous la verriez dans quelle pub ? », Lio répondait : « Une pub pour les sous-vêtements Damar. » « Et Sarkozy ? » Hésitation, puis Lio : « Une pub pour des vélos. »
C’état assez bien vu : entre les nombreux personnages que Nabotléon évoque, il y a celui du cycliste du tour de France. Mais alors, du cycliste dopé à mort. Non, je crois que les seules pubs dans lesquelles Sarkoléon pourrait donner toute sa mesure, ce serait celles pour le Valium ou le Prozac.
Petit Nicolas est un angoissé, un anxieux, un complexé, un homme qui fait peur parce qu’il a peur lui-même. Il a un terrible complexe d’infériorité : à cause de ses origines –fils d’immigré -, à cause de sa petite taille, à cause de son intelligence très moyenne, à cause de son bagage culturel plutôt léger , en tout cas comparé à Chirac ou Mitterrand.La raison présente de son angoisse, c’est qu’il a tué le Père – Chirac, qu’il a trahi pour Balladur – et que, désormais, il doit prendre sa place. Et il sait qu’il n’a pas la carrure nécessaire pour exercer de telles fonctions. Alors, il compense comme il peut. Mais chaque fois qu’il répond à une question, il est en position de défense, comme s’il avait peur en permanence d’être pris en défaut. Sarkoléon est un battant mais pas un combattant. Il n’a aucune idée politique. Il n’a aucune vision. Il n’a aucun corpus idéologique bien déterminé –un point commun avec Chirac, qui s’est promené toute sa vie entre le radical-socalisme et le gaullisme -, il n’a que…sa police.
En effet, la France vit actuellement une situation unique dans son histoire : elle court le risque de se retrouver au soir du 6 mai 2007 transformée en République du Sarközyland, avec comme Président un ministre de l’Intérieur qui aura mis l’ensemble de la police du pays à son service pour la campagne électorale. C’est quelque chose de proprement stupéfiant. La décence aurait voulu que Nabotléon démissionne de poste de ministre de l’Intérieur pour éviter le mélange des genres. Mais là, ce n’est plus de mélange qu’il s’agit, mais de fusion !
Qu’a donc apporté l’émission d’Arlette Chabot ? On a compris que Sarko président conserverait comme ministres Borloo et Aillot-Marie et qu’il prendrait sans doute François Fillon comme Premier ministre. De toute façon, Sarko étant un dictateur du détail, qui veut s’occuper de tout, son Premier ministre n’aura pas beaucoup de poids et aucune autonomie Va-t-il adouber Nicolas Hulot comme vice-Premier ministre chargé du développement durable ? On n’en a pas parlé, mais ça ne m’étonnerait pas. En tout cas, il ne veut pas avoir trop de ministres, 15 au maximum et de toute façon, il va changer tout ça, il va redessiner les ministères, pour rendre son « équipe A » performante. Bref, son gouvernement ne ressemblera pas du tout au gouvernement italien avec ses 109 ministres, auquel Sarko a fait allusion pour attaquer François Bayrou et sa proposition de grande union de la gauche et de la droite, que Sarko trouve d’un ridicule achevé. Lui il est de droite et son ennemi, c’est la gauche. Point barre. Et s’il pouvait, il se passerait même de ministres, pour tout faire lui-même. Bref, un véritable fou furieux.
La seule véritable révélation de la soirée a été l’annonce par Nabotléon qu’il créerait un « ministère de l’immigration nationale et de l’identité nationale » -je cite textuellement -, faisant un lapsus au passage, sous le coup de l’émotion. Un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale ? Cé kwassa ? Pourquoi pas carrément un ministère de la Préférence nationale ? De quoi va s’occuper ce ministère ? De délivrer des certificats d’identité nationale aux uns et des avis d’’exclusion et d’expulsion aux autres, les indésirables ? D’accorder des autorisations d’importer des contingents de main d’œuvre choisie pour des périodes limitées dans le temps à des entreprises qui en feront la demande ? Qui serait en charge d’un tel ministère ? Arno Klarsfeld, le garde-frontières israélien ? En tout cas, l’idée du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale a été soufflée au nabot par le duo de compères Pascal Bruckner-Alain Finkielkraut, que je verrais bien en commissaires aux Affaires musulmanes et nègres dans ledit ministère. Avec Robert Redeker et Claude Lanzman comme conseillers spéciaux et Roger Cukierman comme Gand Contrôleur. Cukierman qui, au cas où Sarko serait élu, pourrait carrément rebaptiser son CRIF Conseil représentatif des Institutions Françaises. Le Président Sarközy, outre qu’il essaierait d’entraîner la France dans les prochaines aventures guerrières de l’Empire yankee, à commencer par une guerre contre l’Iran, ne ferait que continuer la politique qui a été la sienne comme ministre de l’Intérieur. Une politique dont les emblèmes sont :
Le Kärcher pour nettoyer les banlieues des nouvelles classes dangereuses
Le Taser (le pistolet paralysant en dotation de la police)
Les caméras-vidéos partout
Le coton-tige (le bâtonnet utilisé pour prélever la salive des gens dont l’ADN est inscrit au fichier génétique et qui se retrouvent devant la justice en cas de refus)
La prévention précoce de la délinquance juvénile (dès l’âge de trois ans)
Les charters d’indésirables.
Bref, des pays lointains comme le Venezuela et l’Iran doivent s’attendre à accueillir d’ici quelques mois des demandeurs d’asile en provenance du Sarközyland. Si toutefois, Nabotléon est élu. Ce qui, pour l’heure, n’est pas sûr. Touchons du bois.

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 5 mars 2007

N° 27 – Femmes violées, femmes combattantes, femmes condamnées : salut à vous !

Depuis quelques jours, il y a de l’agitation dans mon marigot : les jeunes femelles caïmanes de la tribu s’agitent dans tous les sens et semblent être en train de comploter. J’ai finalement compris : elles préparaient le 8 mars, Journée internationale des femmes ! Je leur ai donc demandé si elles connaissaient l’origine de cette journée. Elles m’ont répondu que non. Je leur ai donc donné un petit cours. Clara Zetkin (à gauche) et Rosa Luxembourg à Copenhague en 1910

La journée internationale a son origine dans le mouvement socialiste du début du siècle : c’est la socialiste allemande et future communiste Clara Eissner Zetkin qui l’a proposée en 1910 à la Conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague. Dès 1911, des femmes manifestent ou même se mettent en grève ce jour-là à travers l’Europe. Le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint Pétersbourg, se mettent en grève. Les deux revendications principales des femmes dans ces années-là étaient le droit de vote et l’amélioration des conditions de travail et de vie. En Union soviétique et dans le bloc de l’Est après 11945, le 8 mars était l’occasion de défilés pompeux et de grands discours, pas toujours suivis d’effets. J’ai souvenir d’une photo qui m’avait beaucoup frappé dans les années 80, celle de Jaruzelski, le sinistre général polonais aux lunettes noires, faisant le baise-main à une ouvrière le 8 mars. En 1977, l’ONU a repris à son compte le 8 mars, qui est devenu une fête officielle dans la France mitterrandienne dès 1982.
Cette année, je crois que les femmes – et les hommes aussi, d’ailleurs - devraient sinon manifester du moins avoir une pensée pour les femmes martyres et combattantes d’Irak. Je pense particulièrement à cinq d’entre elles, dont je vais vous parler.
La première n’est plus en vie. Elle avait 14 ans. Elle s’appelait Abir Kassem Hamza Al Janabi. Et c’était une « femme voilée, femme violée » mais pas au sens où l’entend Mme Ségolène Royale. Ce n’est pas un musulman qui l’a violée mais un groupe de 5 GI, défenseurs de la démocratie, à Mahmoudiya. Membres de la 101ème division aéroportée, Paul Cortez, Steven Green, James Barker, Jesse Spielman et Bryan Howard l’ont violée puis exécutée d’une balle dans l’œil avant de tenter de mettre le feu à son corps. Auparavant, pour pouvoir mettre tranquillement à exécution le plan qu’ils avaient prémédité, ils avaient assassiné le père, la mère et la petite sœur de six ans d’Abir. Cortez vient d’être condamné à 100 ans de prison par un tribunal militaire. Auparavant, Barker avait été condamné à la prison à perpétuité. Les procès des 3 autres devraient suivre. Cortez a échappé à la peine capitale car il avait négocié avec le procureur et avait plaidé coupable. Il devrait ressortir de prison dans une dizaine d’années. Il n’aura que 34 ans, encore donc toute une vie devant lui pour finir d’expier son crime.Cette affaire n’a rien d’exceptionnel dans l’Irak occupé et livré à la soldatesque. La répétition de ce genre d’ « incidents » donne toute sa légitimité à la résistance irakienne, qualifiée bien sûr de terroriste par les occupants et les médias à leur solde.
Et cette résistance n’est pas le seul fait des hommes. Les femmes y sont aussi engagées, et pas seulement pour assurer des tâches traditionnelles. Pour dissuader les femmes irakiennes d’entrer en résistance, les occupants ont donc voulu frapper un grand coup et faire un exemple, en faisant condamner à mortpar un tribunal à leur solde quatre femmes. Voici ce qu’en dit Amnesty International.
Samar Saad Abdullah a été condamnée à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 15 août 2005, pour le meurtre de son oncle, de sa femme et de trois de leurs enfants, dans le quartier d’al Khudra à Bagdad. D’après certaines sources, elle aurait accusé son fiancé de ces homicides, qu’il aurait perpétrés, selon elle, dans l’intention de dépouiller son oncle. Cet homme aurait été arrêté, mais Amnesty International ignore la nature des charges retenues contre lui, le cas échéant. La condamnation de Samar Saad Abdullah a été confirmée en appel et la jeune femme risque d’être exécutée très prochainement.
Dans le cadre d’un autre procès, Wassan Talib et Zeynab Fadhil ont été condamnées à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 31 août 2006, pour le meurtre, en 2005, de plusieurs membres des forces de sécurité irakiennes à Hay al Furat, un quartier de Bagdad. Ces deux femmes nient leur implication dans ces homicides, et Zeynab Fadhil aurait affirmé qu’elle se trouvait à l’étranger au moment où ils ont été perpétrés.
Liqa Qamar a été condamnée à la peine capitale le 6 février 2006 par la Cour pénale centrale irakienne, pour un kidnapping qui aurait eu lieu en 2005. Il semblerait que son époux ait été arrêté et accusé du même crime. Aucune information supplémentaire n’est parvenue à la connaissance d’Amnesty International. Ces quatre femmes sont détenues dans la prison de Kadhimiya, un quartier de la capitale. Deux d’entre elles sont emprisonnées avec un enfant en bas âge : Zeynab Fadhil avec sa fillette de trois ans, et Liqa Qamar avec sa fille âgée d’un an, qui est née en prison.
Une campagne a démarré en faveur des condamnées à mort irakiennes. Lancée depuis Bruxelles par le Brusselstribunal elle a été relayée en France par plusieurs groupes et sites web (lemondereel, europalestine, tunisitri, aloufok). Mieux, le Collectif féministe indigène, qui est la section féminine du Mouvement des Indigènes de la République, appelle à participer avec un keffieh sur la tête en solidarité avec les condamnées à mort de Bagdad le 8 mars à 18 heures au Père-Lachaise, à Paris.
Tout cela est très bien, à un détail près, qui me gêne. Le voici : tous ces groupes et sites cités ne parlent que de TROIS condamnées à mort, en l’occurrence Wassan, Zeynab et Liqa, laissant de côté Samar. Pourquoi ? De toute évidence, parce que Samar n’est pas accusée d’actes de résistance (ou de terrorisme) mais de meurtres obéissant à d’autres mobiles (ce qui reste à démontrer). Elle est donc une « droit commun ». Et donc, nos braves militants politiques l’excluent de leur solidarité. Or, Samar est la seule qui risque réellement d’être exécutée très prochainement. Les trois autres ont en effet bénéficié d’un sursis à exécution et pourront faire appel, suite aux pressions diverses qui se sont exercées sur le « gouvernement » de Bagdad, notamment du Premier ministre turc Erdogan. Ce que nos militants n’ont pas l’air de comprendre, c’est qu’en excluant Samar de leur campagne, ils donnent – à leur insu, sans doute – un blanc-seing à son exécution et laissent soupçonner qu’ils ne sont pas opposés à la peine capitale dans tous les cas, mais seulement dans certains.
On me rétorquera que j’exagère. Je maintiens ce que je dis : faire une campagne exclusive pour certaines condamnées à mort et accepter de fait l’exécution de certains autres relève au mieux du manque de réflexion ou de la bêtise, au pire de l’irresponsabilité.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !