Depuis quelques jours, il y a de l’agitation dans mon marigot : les jeunes femelles caïmanes de la tribu s’agitent dans tous les sens et semblent être en train de comploter. J’ai finalement compris : elles préparaient le 8 mars, Journée internationale des femmes ! Je leur ai donc demandé si elles connaissaient l’origine de cette journée. Elles m’ont répondu que non. Je leur ai donc donné un petit cours. Clara Zetkin (à gauche) et Rosa Luxembourg à Copenhague en 1910
La journée internationale a son origine dans le mouvement socialiste du début du siècle : c’est la socialiste allemande et future communiste Clara Eissner Zetkin qui l’a proposée en 1910 à la Conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague. Dès 1911, des femmes manifestent ou même se mettent en grève ce jour-là à travers l’Europe. Le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint Pétersbourg, se mettent en grève. Les deux revendications principales des femmes dans ces années-là étaient le droit de vote et l’amélioration des conditions de travail et de vie. En Union soviétique et dans le bloc de l’Est après 11945, le 8 mars était l’occasion de défilés pompeux et de grands discours, pas toujours suivis d’effets. J’ai souvenir d’une photo qui m’avait beaucoup frappé dans les années 80, celle de Jaruzelski, le sinistre général polonais aux lunettes noires, faisant le baise-main à une ouvrière le 8 mars. En 1977, l’ONU a repris à son compte le 8 mars, qui est devenu une fête officielle dans la France mitterrandienne dès 1982.
Cette année, je crois que les femmes – et les hommes aussi, d’ailleurs - devraient sinon manifester du moins avoir une pensée pour les femmes martyres et combattantes d’Irak. Je pense particulièrement à cinq d’entre elles, dont je vais vous parler.
La première n’est plus en vie. Elle avait 14 ans. Elle s’appelait Abir Kassem Hamza Al Janabi. Et c’était une « femme voilée, femme violée » mais pas au sens où l’entend Mme Ségolène Royale. Ce n’est pas un musulman qui l’a violée mais un groupe de 5 GI, défenseurs de la démocratie, à Mahmoudiya. Membres de la 101ème division aéroportée, Paul Cortez, Steven Green, James Barker, Jesse Spielman et Bryan Howard l’ont violée puis exécutée d’une balle dans l’œil avant de tenter de mettre le feu à son corps. Auparavant, pour pouvoir mettre tranquillement à exécution le plan qu’ils avaient prémédité, ils avaient assassiné le père, la mère et la petite sœur de six ans d’Abir. Cortez vient d’être condamné à 100 ans de prison par un tribunal militaire. Auparavant, Barker avait été condamné à la prison à perpétuité. Les procès des 3 autres devraient suivre. Cortez a échappé à la peine capitale car il avait négocié avec le procureur et avait plaidé coupable. Il devrait ressortir de prison dans une dizaine d’années. Il n’aura que 34 ans, encore donc toute une vie devant lui pour finir d’expier son crime.Cette affaire n’a rien d’exceptionnel dans l’Irak occupé et livré à la soldatesque. La répétition de ce genre d’ « incidents » donne toute sa légitimité à la résistance irakienne, qualifiée bien sûr de terroriste par les occupants et les médias à leur solde.
Et cette résistance n’est pas le seul fait des hommes. Les femmes y sont aussi engagées, et pas seulement pour assurer des tâches traditionnelles. Pour dissuader les femmes irakiennes d’entrer en résistance, les occupants ont donc voulu frapper un grand coup et faire un exemple, en faisant condamner à mortpar un tribunal à leur solde quatre femmes. Voici ce qu’en dit Amnesty International.
La journée internationale a son origine dans le mouvement socialiste du début du siècle : c’est la socialiste allemande et future communiste Clara Eissner Zetkin qui l’a proposée en 1910 à la Conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague. Dès 1911, des femmes manifestent ou même se mettent en grève ce jour-là à travers l’Europe. Le 8 mars 1917, les ouvrières de Saint Pétersbourg, se mettent en grève. Les deux revendications principales des femmes dans ces années-là étaient le droit de vote et l’amélioration des conditions de travail et de vie. En Union soviétique et dans le bloc de l’Est après 11945, le 8 mars était l’occasion de défilés pompeux et de grands discours, pas toujours suivis d’effets. J’ai souvenir d’une photo qui m’avait beaucoup frappé dans les années 80, celle de Jaruzelski, le sinistre général polonais aux lunettes noires, faisant le baise-main à une ouvrière le 8 mars. En 1977, l’ONU a repris à son compte le 8 mars, qui est devenu une fête officielle dans la France mitterrandienne dès 1982.
Cette année, je crois que les femmes – et les hommes aussi, d’ailleurs - devraient sinon manifester du moins avoir une pensée pour les femmes martyres et combattantes d’Irak. Je pense particulièrement à cinq d’entre elles, dont je vais vous parler.
La première n’est plus en vie. Elle avait 14 ans. Elle s’appelait Abir Kassem Hamza Al Janabi. Et c’était une « femme voilée, femme violée » mais pas au sens où l’entend Mme Ségolène Royale. Ce n’est pas un musulman qui l’a violée mais un groupe de 5 GI, défenseurs de la démocratie, à Mahmoudiya. Membres de la 101ème division aéroportée, Paul Cortez, Steven Green, James Barker, Jesse Spielman et Bryan Howard l’ont violée puis exécutée d’une balle dans l’œil avant de tenter de mettre le feu à son corps. Auparavant, pour pouvoir mettre tranquillement à exécution le plan qu’ils avaient prémédité, ils avaient assassiné le père, la mère et la petite sœur de six ans d’Abir. Cortez vient d’être condamné à 100 ans de prison par un tribunal militaire. Auparavant, Barker avait été condamné à la prison à perpétuité. Les procès des 3 autres devraient suivre. Cortez a échappé à la peine capitale car il avait négocié avec le procureur et avait plaidé coupable. Il devrait ressortir de prison dans une dizaine d’années. Il n’aura que 34 ans, encore donc toute une vie devant lui pour finir d’expier son crime.Cette affaire n’a rien d’exceptionnel dans l’Irak occupé et livré à la soldatesque. La répétition de ce genre d’ « incidents » donne toute sa légitimité à la résistance irakienne, qualifiée bien sûr de terroriste par les occupants et les médias à leur solde.
Et cette résistance n’est pas le seul fait des hommes. Les femmes y sont aussi engagées, et pas seulement pour assurer des tâches traditionnelles. Pour dissuader les femmes irakiennes d’entrer en résistance, les occupants ont donc voulu frapper un grand coup et faire un exemple, en faisant condamner à mortpar un tribunal à leur solde quatre femmes. Voici ce qu’en dit Amnesty International.
Samar Saad Abdullah a été condamnée à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 15 août 2005, pour le meurtre de son oncle, de sa femme et de trois de leurs enfants, dans le quartier d’al Khudra à Bagdad. D’après certaines sources, elle aurait accusé son fiancé de ces homicides, qu’il aurait perpétrés, selon elle, dans l’intention de dépouiller son oncle. Cet homme aurait été arrêté, mais Amnesty International ignore la nature des charges retenues contre lui, le cas échéant. La condamnation de Samar Saad Abdullah a été confirmée en appel et la jeune femme risque d’être exécutée très prochainement.
Dans le cadre d’un autre procès, Wassan Talib et Zeynab Fadhil ont été condamnées à mort par la Cour pénale centrale irakienne le 31 août 2006, pour le meurtre, en 2005, de plusieurs membres des forces de sécurité irakiennes à Hay al Furat, un quartier de Bagdad. Ces deux femmes nient leur implication dans ces homicides, et Zeynab Fadhil aurait affirmé qu’elle se trouvait à l’étranger au moment où ils ont été perpétrés.
Liqa Qamar a été condamnée à la peine capitale le 6 février 2006 par la Cour pénale centrale irakienne, pour un kidnapping qui aurait eu lieu en 2005. Il semblerait que son époux ait été arrêté et accusé du même crime. Aucune information supplémentaire n’est parvenue à la connaissance d’Amnesty International. Ces quatre femmes sont détenues dans la prison de Kadhimiya, un quartier de la capitale. Deux d’entre elles sont emprisonnées avec un enfant en bas âge : Zeynab Fadhil avec sa fillette de trois ans, et Liqa Qamar avec sa fille âgée d’un an, qui est née en prison.
Une campagne a démarré en faveur des condamnées à mort irakiennes. Lancée depuis Bruxelles par le Brusselstribunal elle a été relayée en France par plusieurs groupes et sites web (lemondereel, europalestine, tunisitri, aloufok). Mieux, le Collectif féministe indigène, qui est la section féminine du Mouvement des Indigènes de la République, appelle à participer avec un keffieh sur la tête en solidarité avec les condamnées à mort de Bagdad le 8 mars à 18 heures au Père-Lachaise, à Paris.
Tout cela est très bien, à un détail près, qui me gêne. Le voici : tous ces groupes et sites cités ne parlent que de TROIS condamnées à mort, en l’occurrence Wassan, Zeynab et Liqa, laissant de côté Samar. Pourquoi ? De toute évidence, parce que Samar n’est pas accusée d’actes de résistance (ou de terrorisme) mais de meurtres obéissant à d’autres mobiles (ce qui reste à démontrer). Elle est donc une « droit commun ». Et donc, nos braves militants politiques l’excluent de leur solidarité. Or, Samar est la seule qui risque réellement d’être exécutée très prochainement. Les trois autres ont en effet bénéficié d’un sursis à exécution et pourront faire appel, suite aux pressions diverses qui se sont exercées sur le « gouvernement » de Bagdad, notamment du Premier ministre turc Erdogan. Ce que nos militants n’ont pas l’air de comprendre, c’est qu’en excluant Samar de leur campagne, ils donnent – à leur insu, sans doute – un blanc-seing à son exécution et laissent soupçonner qu’ils ne sont pas opposés à la peine capitale dans tous les cas, mais seulement dans certains.
On me rétorquera que j’exagère. Je maintiens ce que je dis : faire une campagne exclusive pour certaines condamnées à mort et accepter de fait l’exécution de certains autres relève au mieux du manque de réflexion ou de la bêtise, au pire de l’irresponsabilité.
Une campagne a démarré en faveur des condamnées à mort irakiennes. Lancée depuis Bruxelles par le Brusselstribunal elle a été relayée en France par plusieurs groupes et sites web (lemondereel, europalestine, tunisitri, aloufok). Mieux, le Collectif féministe indigène, qui est la section féminine du Mouvement des Indigènes de la République, appelle à participer avec un keffieh sur la tête en solidarité avec les condamnées à mort de Bagdad le 8 mars à 18 heures au Père-Lachaise, à Paris.
Tout cela est très bien, à un détail près, qui me gêne. Le voici : tous ces groupes et sites cités ne parlent que de TROIS condamnées à mort, en l’occurrence Wassan, Zeynab et Liqa, laissant de côté Samar. Pourquoi ? De toute évidence, parce que Samar n’est pas accusée d’actes de résistance (ou de terrorisme) mais de meurtres obéissant à d’autres mobiles (ce qui reste à démontrer). Elle est donc une « droit commun ». Et donc, nos braves militants politiques l’excluent de leur solidarité. Or, Samar est la seule qui risque réellement d’être exécutée très prochainement. Les trois autres ont en effet bénéficié d’un sursis à exécution et pourront faire appel, suite aux pressions diverses qui se sont exercées sur le « gouvernement » de Bagdad, notamment du Premier ministre turc Erdogan. Ce que nos militants n’ont pas l’air de comprendre, c’est qu’en excluant Samar de leur campagne, ils donnent – à leur insu, sans doute – un blanc-seing à son exécution et laissent soupçonner qu’ils ne sont pas opposés à la peine capitale dans tous les cas, mais seulement dans certains.
On me rétorquera que j’exagère. Je maintiens ce que je dis : faire une campagne exclusive pour certaines condamnées à mort et accepter de fait l’exécution de certains autres relève au mieux du manque de réflexion ou de la bêtise, au pire de l’irresponsabilité.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
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