Je vous annonçais à la fin de l’année dernière que l’année 2010 serait un annus horribilissimus. Mes prévisions se confirment, en particulier pour la France. Depuis des semaines, le monde politique et médiatique est agité par deux thèmes qui s’entrecroisent et se mélangent : l’identité nationale et le port de la burqa. Il semblerait que la France s’enfonce joyeusement ( ?) dans la burqatastrophe. Que faut-il penser de tout ça et que faire ? J’avoue ma profonde perplexité, que vous êtes sans doute nombreux-ses à partager. Voici en tout cas ce dont je suis sûr :
1° - Aucune identité, ni individuelle ni collective, n’est fixée une fois pour toutes. L’identité, quelle qu’elle soit, n’est pas une statue de bronze, mais plutôt un torrent de montagne, une nuée ardente*.
2° - La « réislamisation » des jeunes générations nées en France de parents, de grands-parents ou d’arrière-grands-parents venus du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, est l’indice le plus sûr de leur « intégration » dans la société française. À partir de 1975, les « immigrés » de culture musulmane ont compris qu’ils n’étaient plus de passage, en voyage, en exil mais qu’ils étaient destinés à vivre et mourir en France et leur progéniture avec eux. Donc, la France changeait de statut, passant de celui de territoire du « Dar El Harb » (maison de la guerre) à celui de territoire de« Dar El Islam », dans lequel on est tenu de respecter les obligations religieuses.
3°- Les premières jeunes filles –elles étaient marocaines - à porter le hijab en France, en 1989, étaient nées ou arrivées dans le pays autour de 1975, dans la vague de regroupement familial qui suivit la fermeture des frontières. Leur décision était motivée par leur souhait de poursuivre leurs études au-delà de la scolarité obligatoire, qui se heurtait à l’opposition de leurs grands-mères restées au Maroc, qui essayaient de convaincre les parents des jeunes filles de les marier vite fait bien fait pour leur éviter la perdition sur des bancs universitaires. En arborant le hidjab, les jeunes filles envoyaient le message suivant à leurs grands-mères : « Je peux faire des études sans devenir pour autant une dévergondée ».
Bonne semaine, quand même !
1° - Aucune identité, ni individuelle ni collective, n’est fixée une fois pour toutes. L’identité, quelle qu’elle soit, n’est pas une statue de bronze, mais plutôt un torrent de montagne, une nuée ardente*.
2° - La « réislamisation » des jeunes générations nées en France de parents, de grands-parents ou d’arrière-grands-parents venus du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, est l’indice le plus sûr de leur « intégration » dans la société française. À partir de 1975, les « immigrés » de culture musulmane ont compris qu’ils n’étaient plus de passage, en voyage, en exil mais qu’ils étaient destinés à vivre et mourir en France et leur progéniture avec eux. Donc, la France changeait de statut, passant de celui de territoire du « Dar El Harb » (maison de la guerre) à celui de territoire de« Dar El Islam », dans lequel on est tenu de respecter les obligations religieuses.
3°- Les premières jeunes filles –elles étaient marocaines - à porter le hijab en France, en 1989, étaient nées ou arrivées dans le pays autour de 1975, dans la vague de regroupement familial qui suivit la fermeture des frontières. Leur décision était motivée par leur souhait de poursuivre leurs études au-delà de la scolarité obligatoire, qui se heurtait à l’opposition de leurs grands-mères restées au Maroc, qui essayaient de convaincre les parents des jeunes filles de les marier vite fait bien fait pour leur éviter la perdition sur des bancs universitaires. En arborant le hidjab, les jeunes filles envoyaient le message suivant à leurs grands-mères : « Je peux faire des études sans devenir pour autant une dévergondée ».
4°- La « réislamisation », comme tout phénomène de conversion, est une construction imaginaire, un bricolage syncrétique, dans lequel les intéressé-es se fournissent en arguments, attributs et signes extérieurs pris à des sources très diverses : lectures, contacts personnels, imams, oulémas et prêcheurs plus ou moins savants, plus moins cultivés, plus ou moins sérieux, et…la télé ! De nombreux jeunes Musulman-es de France finissent par donner d’eux-elles l’image, généralement caricaturale, renvoyée par le petit écran. À qui la faute ?
5° - Une chose est sûre : le hijab ou même la burqa augmentent la valeur des jeunes filles qui les portent sur le marché matrimonial musulman, et donc le prestige de leurs familles. Ils ne sont rien d’autre que l’affichage d’une virginité, réelle ou prétendue.
5° - Une chose est sûre : le hijab ou même la burqa augmentent la valeur des jeunes filles qui les portent sur le marché matrimonial musulman, et donc le prestige de leurs familles. Ils ne sont rien d’autre que l’affichage d’une virginité, réelle ou prétendue.
Burka Chic, Huile et acrylique, 122X96 cm, de la série "Burka chic", de l'artiste britannique musulmane Sarah Maple
6°- La burqa, qui n’est évidemment pas une obligation musulmane mais plus simplement une tradition pachtoune d’Afghanistan, concentre toutes les passions de ce nouveau siècle. D’autres générations ont adopté la casquette Mao, le béret Guevara, ont brûlé leurs soutien-gorges, adopté la mini-jupe ou se sont laissé pousser la barbe. Et dans les pays arabes, la police depuis belle lurette fait la chasse aux jeunes barbus : dans les années 70, ils étaient soupçonnés d’être des communistes, aujourd’hui, d’être des islamistes. Et pour les filles, la chasse aux minijupes a été remplacée par la chasse aux voiles divers.
7° - Tout ceci dit, le port de la burqa en France est un phénomène microscopique, qui touche tout au plus 300 personnes. Donc pas de quoi fouetter une chatte. Mais il est insupportable à ceux qui ressentent une énorme frustration à ne pas pouvoir dévisager des femmes, c’est-à-dire à prendre symboliquement possession de leur corps. Ces nouveaux Tartuffe qui s’avancent masqués en anti-Tartufe pourraient dire : « Ne cachez pas ce visage que je me dois de voir ». Si une femme ne veut pas que je voie son visage, quelles que soient ses raisons, c’est son droit et je ne vois pas au nom de quoi je devrais lui imposer mon droit à le voir à tout prix. Cela peut me déranger, mais je ne vois pas en quoi cela pourrait me nuire. Or, selon la bonne vieille Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, "La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Et pour citer le bon vieux Jean-Sol Partre, "Ma liberté s'arrête où commence celle d'autrui." (Sujet classique de dissertation de philosophie sur lequel les honorables membres de la mission d'information parlementaire sur le port du voile intégral auraient du plancher).
La liberté des regardeurs s’arrête où commence celle des regardées.
Ayman El Kayman, le petit philosophe des lumières du marigot
* Nuée ardente : Grand volume de gaz brûlants à très forte pression transportant, suite à à une violente explosion, des masses considérables de débris de lave ( des cendres aux blocs en passant par les scories) et se déplaçant à grande vitesse (100 km/h et plus).[définition selon futura-sciences.com]
La liberté des regardeurs s’arrête où commence celle des regardées.
Ayman El Kayman, le petit philosophe des lumières du marigot
* Nuée ardente : Grand volume de gaz brûlants à très forte pression transportant, suite à à une violente explosion, des masses considérables de débris de lave ( des cendres aux blocs en passant par les scories) et se déplaçant à grande vitesse (100 km/h et plus).[définition selon futura-sciences.com]
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
2 commentaires:
une burqua ca cache !!!
Cher Ayman,
Pourquoi cesses-tu de raisonner sainement dès qu’il s’agit des femmes ?
Je n’ai jamais mis mon corps en scène, d’aucune manière, car je ne suis que mon corps, et le jugement le plus constant sur ma personne, après celui d’être « un drôle de phénomène »(une originale, une marginale etc.) a été d’être « nature » (authentique, directe etc.)
Je me dis seulement : Que signifie cette histoire du « droit à ne pas être regardé » ? Mis à part le fait qu’une femme en burqa, sous nos longitudes/latitudes, attire mille fois plus l’attention qu’une femme en veste/manteau et pantalon et donc sera beaucoup plus « regardée » que cette dernière, pourquoi seules les femmes cherchent-elles à être regardées/non regardées ? parce que les hommes sont des voyeurs compulsifs à qui ce détraquement sexuel fait perdre toute maîtrise d’eux-mêmes? Loin de moi l’idée de porter sur vous, mes frères et mes fils, un jugement aussi dévalorisant.
Alors : pourquoi vous rangez-vous derrière les quelques détraqués en question ? pourquoi si peu de simplicité envers notre corps, jeune ou beau, vieux ou laid, qui vous a tous un jour -non, des mois, neuf en général - portés au creux de lui-même, et, comme chantait Anne Sylvestre :
Dieu comme vous étiez lourds
Pesant votre poids d’amour ?
On m’a raconté qu’un vieil ultra-réac de ma famille, voici bien des décennies - il est mort depuis plus de 70 ans - ayant un jour crié à une jeune femme à vélo, et en jupe puisqu’à l’époque les femmes ne portaient pas de pantalon « Eh, Mademoiselle ! on voit votre.... ! » s’était attiré l’avanie suivante : Relevant bien haut ses jupes, elle lui a crié « Regarde-le bien, vieux couillon, si t’en as envie , t’en perdras pas la vue! » Je regrette souvent d’avoir toujours été incapable d’en faire autant .
C’est tout ce que méritent ceux qui ont peur du corps de femmes.
Que cela se traduise par la justification de tous les voiles ou au contraire par la revendication de sa « liberté » de « profiter » du spectacle ( !) du corps féminin. La beauté est un don gratuit, de la nature ou de Dieu, comme il vous plaira, offert à tous, que ce soit celui du corps humain, homme ou femme, d’un envol de mésanges au nid, d’un pommier en fleurs ou d’une chute d’eau, mais celui qui en a reçu le dépôt a aussi reçu le droit de ne pas être possédé. Faut-il que l’être humain soit lamentable pour qu’on doive lui répéter sans cesse que ses représentants femelles sont AUSSI des êtres humains et non des objets sexuels ? Relisez le Manifeste, où Marx et Engels ont été obligés de rappeler que pour cette raison, non, ils n’étaient pas pour la mise en commun des femmes ...
Michèle
qui répète la même chose depuis cinquante ans bientôt et qui, soyons honnêtes, a le plus souvent été entendue.Mais nous vivons une grave régression historique.
Je conseille la lecture, dans le n° de fin décembre du Courrier International (Spécial Apocalypse) de l’analyse que fait de notre époque une Russe de mon âge, Ludmilla Oulitskaïa, généticienne de formation et romancière de vocation. Même s’il n’y paraît pas à première vue, elle adresse au monde la même prière que moi, ce qui n’a rien d’étonnant puisque son analyse de fond est la même. Nous avons confondu « jouir de »- et respecter - et « dominer et posséder », ce qui revient d’ailleurs au même dans notre système : à la destruction finale.
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