lundi 25 septembre 2006

N°9 - Non, l’histoire n’est pas finie !


Le diable Bush : peinture murale à Cucuta, à la frontière Colombie-Venezuela. Photo Paul W. Thoreson



La semaine passée, nous avons tous été les témoins de trois moments magiques : à New York, les discours d’Hugo Chavez et Mahmoud Ahmadinejad et à Beyrouth, le discours d’Hassan Nasrallah lors du « Festival de la victoire divine ».
Ces trois hommes, le Vénézuélien, l’Iranien et le Libanais, sont les éclaireurs de l’immense armée des ombres qui, à travers la planète, se forme pour affronter l’Empire, dirigé par les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse (Bush, Cheney, Rumsfeld et Condoleeza).
Non, n’en déplaise à Mister Fukuyama, l’histoire n’est pas finie et l’ « american way » n’est pas la seule solution pour l’humanité.
Les discours prononcés par les trois nouveaux héros de notre temps vont tous dans le même sens : il faut –et on peut - combattre la prétention de l’Empire à tout diriger, à tout régenter, à tout décider. Et ces discours ne sont pas des paroles en l’air : ils s’appuient sur une réalité visible à l’œil nu.
Cette réalité, c’est que l’Empire va de défaite en défaite : en Afghanistan, en Iraq, au Liban et en Palestine, il n’a subi ces derniers temps que des échecs. Face à la résistance du Venezuela, de la Bolivie, de l’Iran, il se casse les dents. À trop tirer sur la corde avec ses « alliés » européens, il va finir par la casser. Et il a quelques difficultés à imposer ses vues à la Russie et à la Chine, qui sont dirigées par de vrais renards.
Bref, les Cavaliers de l’Apocalypse sont de plus en plus isolés sur le plan mondial et ils ne pourront bientôt plus compter sur le Caniche en Chef, Tony Blair, qui va bientôt quitter Downing Street, pour rejoindre Berlusconi et Aznar dans les poubelles de l’histoire. Et ce n’est pas avec les Iles Marshall, la Pologne,l’Ukraine, le Danemark et l’Albanie qu’ils pourront continuer dans leur projet d’hégémonie totale.
Le monde est donc entré dans une nouvelle période révolutionnaire. Et la révolution qui s’avance a le profil d’un « étrange soldat », comme le dit une vieille chanson italienne. Ce soldat ne correspond à aucune des anciennes catégories : il n’est ni nationaliste, ni communiste, ni islamiste. Il est à la fois tout cela et rien de tout cela.
Le nouveau combattant engagé contre l’Empire est attaché à sa terre natale ou d’adoption mais il est en même temps citoyen du monde, connecté en temps réel avec le reste de la planète.
Le nouveau combattant parle sa langue maternelle mais il en connaît au moins une autre.
Le nouveau combattant défend les traditions de son peuple, mais il est conscient de ce que le monde est divers, et qu’il faut donc construire un « monde contenant tous les mondes ».
Le Festival de la Victoire de Beyrouth, le vendredi 22 septembre, illustre bien cela : il y avait là un million de Libanais –soit le quart de la population du pays – et ils appartenaient à toutes les communautés (17) et tendances qui forment le puzzle libanais : chiites, sunnites, chrétiens de diverses confessions, druzes, mais aussi communistes, nationalistes, nassériens et autres.
C’est que le nouveau combattant n’appartient pas à une avant-garde autoproclamée, censée apporter la vérité au peuple. Il est à l’écoute de son peuple, car il est issu de la multitude. Et il sait que la colonne de guérilla doit avancer au rythme de son membre le plus lent.
Bien sûr, l’Empire garde encore une capacité de nuisance et de destruction considérable. Les stratèges du Pentagone planchent depuis des années sur la stratégie et la tactique à adopter face à la nouvelle révolution mondiale en marche, à la manière d’adapter les théories de la guerre contre-insurrectionnelle à la nouvelle situation de ce début de siècle. Militaires usaméricains et israéliens ont des échanges intensifs sur leurs expériences respectives, à Jénine, Naplouse, Gaza, Falloujah, Bakouba, Bassorah et Bagdad. Ils ont inventé le concept de « caporal stratégique » : un soldat polyvalent et bardé d’électronique, qui soit à même d’intervenir dans le cadre des « MOUT » (Military Operations in Urban Territory), en s’adaptant aux circonstances, très rapidement changeantes. Bref, un mélange de Robocoop et de guérillero.
Mais quoiqu’ils fassent, ils restent enfermés dans leurs schémas et leurs lourdeurs bureaucratiques et ne seront jamais capables d’opposer des ripostes efficaces à une résistance très mobile, multiforme, enracinée dans la population et connectée au reste du monde.
L’Empire n’est certes pas mort, mais l’Empereur, désormais, est nu. Plus personne ne croit à sa démocratie imposée par des bombes au phosphore, à l’uranium appauvri ou à fragmentation. Et sa propagande dérisoire contre « l’islamo-fascisme » a de moins en moins de prise sur les multitudes. L’idéal serait évidemment que l’Empire meure tout simplement de ridicule, ce qui nous épargnerait bien du sang et des larmes. Mais le ridicule peut-il encore tuer ? Je vous laisse réfléchir à cette question.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Ayman El Kayman

lundi 18 septembre 2006

N°8 - Quand Hollywood découvre un génocide

George Clooney et Elie Wiesel le 14 septembre aux Nations Unies

« Urgence Darfour », « Save Darfour » : c’est le slogan d’une campagne internationale qui bat son plein depuis quelques mois à travers le monde occidental. Pendant le week-end des 16-17 septembre, des rassemblements ont eu lieu à New York et à Paris, avec une faible participation, pour exiger une « intervention des Casques bleus pour mettre fin au génocide ».
Une précédente mobilisation avait rassemblé 5 à 7 000 personnes à Washington le 30 avril dernier. Les médias yankees avaient accordé une couverture plus importante à cette manifestation qu’à celle de 300 000 personnes la veille à New York contre la guerre d’Iraq ou encore aux millions de manifestants qui avaient défilé le 1er mai dans tous les USA pour protester contre les projets de loi répressifs contre l’immigration.
C’est que la campagne pour le Darfour bénéficie de la figure populaire de l’acteur George Clooney, qui en est le porte-parole. Le célèbre médecin de la série « Urgences » a été convaincu par son père Nick, journaliste de télévision et démocrate du Kentucky de se lancer dans cette nouvelle bataille douteuse.
Le 14 septembre 2006, George Clooney était donc la guest star du Conseil de sécurité des Nations Unies, aux côtés de la pleureuse professionnelle Elie Wiesel. Ils avaient été invités par John Bolton, l’ambassadeur US à l’ONU, pour plaider la cause, la cause…Mais au fait, la cause de qui et de quoi ?
Une guerre civile bat son plein au Darfour depuis 3 ans. Elle met aux prises des Soudanais de diverses factions et tribus, mais qui ont tous en commun d’être Noirs, musulmans et arabophones. Il n’y a pas ici de chrétiens comme au Sud-Soudan, où une guerre civile a duré 25 ans. Un des enjeux fondamentaux de cette guerre civile est le contrôle des points d’eau, vital dans une région frappée par la sécheresse depuis deux décennies.
Récemment, un accord de paix a été signé entre le gouvernement de Khartoum et les groupes « rebelles », qui sont soutenus notamment par la régime du Tchad voisin. 7 000 hommes de troupes de l’Union africaine sont censés faire respecter ce cessez-le-feu, avec l’aide logistique de l’OTAN Mais ces troupes doivent quitter le pays le 1er octobre. Le Conseil de sécurité a voté le 1er septembre une résolution stipulant l’envoi de 20 000 casques bleus au Soudan, mais le gouvernement de Khartoum a opposé un refus clair et net d’accepter ces troupes, disant qu’il les considèrerait comme des troupes d’invasion et les traiterait de la même manière que la résistance libanaise a traité les troupes israéliennes.
Du coup, Washington a mis en branle la machine à faire pleurer les chaumières, pour préparer le terrain à un coup de force militaire contre le Soudan ; Son objectif est clair : renverser le régime de Khartoum. Objectif partagé depuis longtemps par les Démocrates et les Républicains. Rappelons-nous en 1998 le bombardement , sur ordre de Bill Clinton, de l’usine de médicaments qui assurait 80% des besoins en médicaments du Soudan, présentée par Washington comme une usine de « gaz toxiques ». Et c’est cette position qui motive le refus de Khartoum de laisser pénétrer les Casques bleus sur son territoire.
Le Darfour est la région occidentale du Soudan. Il a la taille de la France, avec une population de 6 millions d'habitants.
Des ressources récemment découvertes ont suscité un intérêt très grand pour le Soudan parmi les compagnies yankees. On croit qu'il possède des réserves en pétrole rivalisant avec celles de l'Arabie saoudite. Il possède également de vastes poches de gaz naturel et son sous-sol abrite en outre l'un des trois gisements les plus importants au monde d'uranium de haute pureté, sans oublier qu'on y trouve aussi le quatrième gisement le plus important de cuivre.
Qui est à l’initiative de la campagne internationale « pour le Darfour » ? Comme par hasard, les grandes organisations sionistes juives et évangéliques (protestantes) US, relayées en France par la LICRA, SOS-Racisme et une nébuleuse de groupuscules juifs, noirs, laïcs et « humanitaires ». L’objectif de cette campagne est donc double :
1° - Détourner l’attention de la situation en Iraq, en Palestine et au Liban
2° - Faire pression pour une « ingérence humanitaire » au Soudan.
La campagne « urgence Darfour » n’est qu’une manière de préparer une nouvelle guerre d’agression contre un pays dont le gouvernement a commis le crime impardonnable de ne pas se plier aux ordres de l’Empire. George Clooney, qu’on croyait intelligent, n’a pas l’air d’avoir compris quels intérêts se cachent derrière cette campagne. Ou alors, il en est parfaitement conscient, ce qui est encore plus grave.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Ayman El Kayman

lundi 11 septembre 2006

N° 7 – Un gynécologue griot dans la Sarko Academy

Il en est des candidats à une élection présidentielle comme des marques de lessive : il faut concocter un plan marketing d’enfer pour conquérir le marché, car les places sont chères et la concurrence féroce. Et ce marché est segmenté. On ne peut pas convaincre avec les mêmes arguments la ménagère de 50 ans, sa maman de 75 ans, le fiston étudiant de 25 ans et son père de 52 ans. Il faut donc trouver pour chaque type de client potentiel l’argument qui va le toucher.Nicolas Sarközy, fils d’un immigré non choisi, veut donc devenir président de la République française. Pour cela, il faut qu’il ramasse au premier tour de l’élection d’avril 2007 au moins 30% des voix et au deuxième tour 50 et quelques %. Même si la France est un pays de vieux, il ne pourra pas contenter de recueillir les voix du troisième et du quatrième âge, toutes ces mamies de 75 à 100 ans qu’un rien effraye. Il ne pourra pas non plus se contenter de détourner les voix des beaufs de 40 à 65 ans de leur Jean-Marie habituel. Il lui faudra forcément trouver le chemin des électeurs de 18-30 ans, banlieusards, basanés et métissés. Pour draguer les grands-mères, il avait Michel Sardou (l’homme qui chantait en 1973 : « Ils (les Arabes) ont le pétrole, nous on s’en fout, on a le bon vin » et en 1981 « vive la guillotine ») et Pascal Sevran, l’animateur mielleux des thés dansants du dimanche après-midi pour maisons de retraite . Pour les mères, il avait le rocker vieillissant et citoyen belge Johnny Halliday,dont le public est tout sauf jeune. Pour le cœur de cible « racaille », il lui fallait donc trouver un rappeur. Manque de pot pour Sarköléon, la plupart des rappeurs connus préfèreraient avaleur leur micro tout cru plutôt que de se transformer en griots de ce Hongrois digne descendant d’Attila. Mais en cherchant bien, il a fini par dénicher le rappeur qui est censé lui ouvrir une brèche dans le mur des banlieues.Le griot retenu s’appelle Bruno Beausire. Il est né à Clichy sous-Bois en 1974 dans une famille guadeloupéenne. Nom d’artiste : Doc Gynéco. Le bonhomme est assez particulier : il balance des textes plutôt pornographiques avec un ton désabusé et, sur tous les plateaux de télé où il est invité, il donne en permanence l’impression d’être soit sur le point de s’endormir soit d’être tombé du lit. Bref, il semble bien que l’abus de marihuana lui ait quelque peu ramolli le cerveau.La rencontre entre le Triste Sire de la Place Beauvau et le Beausire de la Porte de la Chapelle a eu lieu en novembre dernier, lors de l’intifada des banlieues. Les deux hommes se sont plus et Gynéco a décidé de faire un bout de chemin avec l’Attila de l’UMP. Le timing a été parfait et on a profité de l’université d’été de l’UMP à Marseille pour lancer le tandem, immortalisé par la photo ci-dessus. Et Gynéco se targuant d’être intello (ça, pour enfiler les mots comme des perles, il s’y entend, même si son verbiage n’a pas toujours un sens très clair) , on l’a invité à une table ronde sur "La Nation: une idée d'avenir", ou il a trôné avec ses habituelles mines énigmatiques – son genre,c’est : »je ne dis rien, mais je n’en pense pas moins » - aux côtés des ministres Jean-François Copé (Budget) et Renaud Donnedieu de Vabres (Culture).Tout cela est ma foi fort affligeant. On murmure dans les milieux du show business que l’opération viserait tout simplement à redorer le blason du pauvre Doc Gynéco, dont les œuvres éphémères ne se vendent plus si bien que cela. Quoiqu’il en soit, il a déjà commis, lors du show de Marseille, quelques phrases inoubliables, que je vous laisse méditer.«On a décidé peut-être d’avoir une idée sociale de droite qui pourrait stopper cette idée de vivre toujours avec des aides et peut-être redynamiser des endroits ou des quartiers où les gens ne vivent à 100% qu’avec des aides sociales. » (sic)«Les banlieusards, c’est des clowns. Ils sont choqués d’avoir entendu ’racaille’ ou ’kärcher’ quand tous les jours entre eux ils s’insultent»(resic)« Sarkozy, c’est un ami avant tout, quelqu'un qui m'aide à penser, un petit maître à penser... puisque mon père, c'est déjà Johnny » (Halliday) (reresic).Pauvre France ! Faut-il en rire, faut-il pleurer ?Heureusement, Doc Gynéco reste une exception dans la génération des stars « négropolitaines » (Noirs de métropole), qui, toutes, à part lui, ont pris position contre Sarkökärcher, que ce soit Joey Starr et Stomy Bugsy, deux autres rappeurs, ou Liliam Thuram, le capitaine de l’Équipe de France de football, qui a déclenché un tollé à l’UMP et au gouvernement en invitant au stade de France, pour assister à un match France-Italie, 80 des « 1000 de Cachan », ces squatters vidés manu militari de la résidence universitaire qu’ils occupaient, faute de trouver à se loger décemment, depuis plusieurs années, et qui se sont repliés dans un gymnase cruellement appelé « Belle image ».Comme le chante Doc Gynéco, « Dans le foot, les affaires, le rap, les ministères,c'est toujours un gangster qui contrôle l'affaire. »
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Ayman El Kayman

lundi 4 septembre 2006

Censuré !

À la demande de Frédéric Châtillon, qui s'estimait diffamé par cette chronique relatant le voyage de Dieudonné au Liban, et nous menaçant de poursuites judiciaires, la chronique intitulée Bye bye Dieudo ! Coups de dent n°6 - 4 septembre 2006 a été supprimée. Elle peut être envoyée à usage privé à toute personne en faisant la demande.