« Demain on rasera gratis » : c’est ce à quoi se résument l’ensemble des discours électoraux de tous les candidats à toutes les élections dans les démocraties représentatives. Et comme l’a dit le Grand Corse (Charles Pasqua), « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Si j’étais électeur en France – ce qu’heureusement, je ne suis pas -, j’avoue que j’aurais bien du mal à faire mon choix, le dimanche 22 avril 2007, entre la quinzaine de candidats qui se proposeront aux suffrages. À droite, il y aura le choix entre Nicolas Sarkozy, Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen et, peut-être, Bruno Mégret, Corinne Lepage et deux ou trois autres candidats. À gauche, il y aura le choix entre Ségolène Royal, Marie-Georges Buffet, Dominique Voynet, Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et, là aussi, deux ou trois autres. Au centre, il y aura le choix entre…François Bayrou et François Bayrou, le paysan béarnais qui se proclame « centriste révolutionnaire ». Parmi tous ces candidats, seuls trois ont des chances sérieuses de se maintenir au second tour : Sarkozy, Royal et/ou Le Pen. Bref, le choix sera entre peste et choléra.
Vous trouvez peut-être que je vais trop vite en besogne dans mon énumération des candidats et pensez qu’il faudrait attendre les « primaires » au sein de l’UMP et du PS pour savoir qui sera candidat. Mais franchement, je crois que les jeux sont déjà faits : à droite, le petit Nicolas Dupont-Aignan ne fait vraiment pas le poids face au bulldozer hongrois ; à gauche, une fois éliminés Jack Lang et Lionel Jospin, Canine Royale devance largement DSK et Lolo. C’est que la gaillarde a bénéficié d’un lancement professionnel digne des plus célèbres marques de lessive. En l’occurrence, sa conseillère en communication-publicité n’est personne d’autre que Natalie Rastoin, directrice générale d’Ogilvy France, une vieille amie. Ogilvy est l’une des sociétés du groupe transnational WPP (Wire Plastic Products), aujourd’hui le deuxième groupe mondial de marketing-publicité-communication du monde, avec 94 000 employés, fondé il y a vingt ans par Sir Martin Sorrell, un homme capable de vendre n’importe quoi à n’importe qui, et proche de Bill Clinton. Ogilvy possède entre autres deux grandes sociétés mondiales de désinformation, Hill&Knowlton et Burson-Marsteller. Ce qui explique bien des choses, par exemple la curieuse proposition faite par Canine Royale en plein mois d’août, alors que la guerre israélienne contre le Liban battait son plein, que Bill Clinton devienne médiateur dans cette guerre. Et aussi l’efficace stratégie de communication adoptée par Royale, avec son blog « Désirs d’avenir ».
Le succès de Royale sur Internet a d’ailleurs des effets pour le moins curieux : ainsi, 85 000 nouvaux adhérents étaient censés avoir rejoint le PS en adhérant en ligne. Il suffisait pour cela de remplir un formulaire sur le web et de payer 20 Euro, toujours en ligne. Mais par prudence, le PS demandait aux nouveaux adhérents de prendre contact avec la section locale du parti pour confirmer leur adhésion. Et ainsi 20 000 de ces nouveaux adhérents sont restés virtuels. Et au PS, on s’inquiète, car on découvre que ces nouveaux adhérents sont prêts à tout, sauf à aller coller des affiches ou distribuer des tracts. Comment le PS va-t-il gérer sa transformation en parti virtuel ?
Cette question se pose d’ailleurs pour tous les candidats et leurs partis. Car tous ont investi fortement le web, créant des blogs, des sites, faisant des mailings de masse. Cela donne des choses plutôt curieuses : ainsi les » blogs coopératifs » de Le Pen, De Villiers et…Besancenot ont exactement la même apparence, et la publicité pour les uns s’affiche sur les blogs des autres.
Le monde politique français est donc en train d’achever sa mutation culturelle, son « américanisation » (il faudrait plutôt dire sa « yankeeisation »). Désormais, même les dinosaures comme Arlette Laguiller, la « seule porte-parole du camp des travailleurs », sollicitent le client sur la toile.
À ce compte, il n’y aurait plus qu’à franchir le cap. Pourquoi maintenir ces vieilleries que sont l’Assemblée nationale et le Sénat, pourquoi conserver des bureaux de vote, des isoloirs et des bulletins de vote en papier ? Pourquoi ne pas passer au tout-électronique et inventer la République virtuelle ? D’autant plus sa devise « Liberté, égalité, fraternité » est déjà totalement virtuelle ? Citoyens de tous les pays, dématérialisez-vous !
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Ayman El Kayman
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