Mombassa, Kenya, janvier 2007 (Kayman Press Service) – L’hôtel Mombassa Paradise, de propriété israélienne, a servi de cadre à un congrès inhabituel durant ces derniers jours. En l’absence des habituels touristes israéliens, qui avaient tous été évacués, cet hôtel a en effet été réquisitionné pour héberger l’assemblée générale de fondation d’une nouvelle ONG internationale, WSF, Warlords sans frontières. En présence de délégués de 37 pays et régions d’Asie et d’Afrique, le conseil d’administration a été élu à l’unanimité. Ce Conseil a la particularité de compter non pas un mais cinq présidents tournants.
En effet, les congressistes n’ont pas pu se mettre d’accord, au terme de deux nuits et d’une journée de débats, sur un président unique, chacun des candidats voulant être président. Les cinq heureux élus sont donc : Abdul Rachid Dostom (Afghanistan), Hamid Karzaï (Afghanistan), Massoud Barzani (Irak), Jalal Talabani (Irak) et Hussein Mohamed Farah Aidid (Somalie). C’est ce dernier qui exercera les premiers six mois de présidence. Le congrès a ainsi voulu rendre hommage à la récente victoire de ses forces, qui viennent de prendre le contrôle de Mogadiscio après avoir mis en déroute les troupes du Conseil suprême des tribunaux islamiques, avec l’aide de l’armée éthiopienne et le soutien logistique et tactique de l’US Army, qui entraîne des soldats éthiopiens depuis plusieurs mois et fournit à l’armée d’Addis Abeba les renseignements nécessaires.
La nouvelle ONG, qui se présente comme « humanitaire » a affirmé dans sa déclaration préliminaire vouloir « instaurer une démocratie inspirée de la constitution américaine » dans les pays où elle est représentée, en « combattant le terrorisme et la subversion sous toutes leurs formes, mais en particulier islamiste. » Le Congrès avait été sponsorisé par les firmes Halliburton, UNOCAL, Bechtel, Uzi et Beretta. L’entreprise russe Kalachnikov avait décliné l’offre des organisateurs de s’associer à l’événement. Outre les congressistes, des observateurs de 13 pays avaient été invités, notamment d’Algérie, du Congo, de Colombie, d’Indonésie et des îles Fidji. Deux ambassadeurs en poste à Nairobi, celui des USA et celui d’Israël, ont suivi l’ensemble des travaux.
Pour la soirée d’inauguration du congrès, les participants ont assisté à la projection de l’inoubliable chef d’œuvre de Ridley Sott, Black Hawk Down (La chute du Faucon noir), qui relate les mésaventures des Marines US à Mogadiscio en 1993.
En effet, les congressistes n’ont pas pu se mettre d’accord, au terme de deux nuits et d’une journée de débats, sur un président unique, chacun des candidats voulant être président. Les cinq heureux élus sont donc : Abdul Rachid Dostom (Afghanistan), Hamid Karzaï (Afghanistan), Massoud Barzani (Irak), Jalal Talabani (Irak) et Hussein Mohamed Farah Aidid (Somalie). C’est ce dernier qui exercera les premiers six mois de présidence. Le congrès a ainsi voulu rendre hommage à la récente victoire de ses forces, qui viennent de prendre le contrôle de Mogadiscio après avoir mis en déroute les troupes du Conseil suprême des tribunaux islamiques, avec l’aide de l’armée éthiopienne et le soutien logistique et tactique de l’US Army, qui entraîne des soldats éthiopiens depuis plusieurs mois et fournit à l’armée d’Addis Abeba les renseignements nécessaires.
La nouvelle ONG, qui se présente comme « humanitaire » a affirmé dans sa déclaration préliminaire vouloir « instaurer une démocratie inspirée de la constitution américaine » dans les pays où elle est représentée, en « combattant le terrorisme et la subversion sous toutes leurs formes, mais en particulier islamiste. » Le Congrès avait été sponsorisé par les firmes Halliburton, UNOCAL, Bechtel, Uzi et Beretta. L’entreprise russe Kalachnikov avait décliné l’offre des organisateurs de s’associer à l’événement. Outre les congressistes, des observateurs de 13 pays avaient été invités, notamment d’Algérie, du Congo, de Colombie, d’Indonésie et des îles Fidji. Deux ambassadeurs en poste à Nairobi, celui des USA et celui d’Israël, ont suivi l’ensemble des travaux.
Pour la soirée d’inauguration du congrès, les participants ont assisté à la projection de l’inoubliable chef d’œuvre de Ridley Sott, Black Hawk Down (La chute du Faucon noir), qui relate les mésaventures des Marines US à Mogadiscio en 1993.
KPS présente à ses lecteurs le premier président tournant de WSF, le sympathique Hussein Mohamed Farah Aidid, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur du Gouvernement fédéral de transition somalien.
L’homme aux deux passeports
Il est le moins inconnu des nouveaux « maîtres » de Mogadiscio. Hussein Mohamed Farah Aidid est devenu célèbre en 1993 alors qu’il était membre du corps des Marines et engagé dans l’opération Restore Hope de l’US Army en Somalie. Étant l’unique militaire US à parler somali, ses services de traducteur-interprète étaient fort sollicités, notamment pour les tractations avec son père, le général Farah Aidid, qui combattait alors l ’intervention US. Le général avait été le chef des services de renseignement du dictateur Siyad Barré, déchu en 1991, qui l’avait fait emprisonner sous l’accusation de préparer un complot contre son régime.
Réfugié avec sa mère en Californie à l’âge de 14 ans, le jeune Hussein s’était « naturellement » engagé dans les Marines en 1987 et avait participé à la première Guerre du Golfe, ce qui lui avait valu de se voir octroyer généreusement la citoyenneté US en 1991. Après sept ans de bons et loyaux services, il était retourné dans le civil en Californie. Mais les liens claniques sont plus forts que tout. Après la mort de son père en 1996, il retourne en Somalie où il prend la tête de l’Alliance nationale somalie, alliée au Congrès somali unifié de son père, les deux organisations étant des émanations du sous-clan des Habr Gedir du clan Hawiyé dont son père était le chef.
Puis Hussein devient vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur dans le Gouvernement fédéral de transition (GTF), un gouvernement fantôme mis en place par la « communauté internationale » (entendez les les USA et l’Éthiopie) et siégeant entre Nairobi et Baidoa. Le GTF est présidé par Abdullahi Yusuf Ahmed et son Premier Ministre est Ali Mohamed Gedi.
Résultat de compromis entre la « communauté internationale » et une série de seigneurs de guerre, le GTF n’était rien et n’existait que sur le papier, dans quelques hôtels de luxe kényans et dans des villas décrépites de Baidoa. Mais le temps, Oncle Sam et Tonton Meles travaillaient pour lui.
Tonton Meles, c’est l’inamovible Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui est devenu l’homme-clé de la stratégie US dans le Corne de l’Afrique. Ce qui est assez comique quand on se souvient que le même Zenawi était au départ le chef d’un groupuscule maoïste pro-albanais qui combattait le régime du colonel Mengistu, pro-soviétique, au nom de la pureté des idéaux marxistes-léninistes. Puis son Front de libération du Tigré, dûment appuyé et cornaqué par les USA, avait fini par prendre le pouvoir à Addis Abeba.
Une préfiguration de ce qui allait se passer quelques années plus tard au Kosovo, où l’UCK, créée au départ par des partisans du Guide suprême albanais Enver Hodja, finit par jouer le rôle de force supplétive de l’OTAN dans la « libération » du Kosovo de l’emprise serbe. Ou de ce qui allait se passer en Irak, où les Warlords kurdes Talabani et Barzani, fortement soutenus depuis longtemps par Israël dans leur combat contre Bagdad, ont fini par devenir les supplétifs des envahisseurs US.
À un ambassadeur qui lui faisait remarquer que le dictateur de Saint-Domingue, Trujillo, était un « nazi », le président US Truman avait répondu : « Oui, mais c’est notre nazi. »Bush pourrait de même dire : « Oui, mais ce sont NOS warlords .»
Plus besoin de passeport somalien
Ainsi donc, les Éthiopiens et leurs supplétifs somaliens ont « libéré » Mogadiscio des tribunaux islamiques, présentés par la propagande US et éthiopienne comme d’horribles Talibans liés à Al Qaïda. Les tribunaux islamiques ne sont sans doute pas des anges, mais de l’avis général, ils ont permis à la population de Mogadiscio de respirer et de retrouver un minimum de sécurité, après une quinzaine d’années de règne des warlords, dont l’occupation préféré des miliciens sous leurs ordres était de racketter les gens et de violer les femmes et les jeunes filles. Tous les commentateurs un tant soit peu objectifs se sont accordés à le reconnaître.
Devant l’offensive éthiopienne de décembre, les combattants des tribunaux islamiques ont appliqué une règle d’or de la guérilla : lorsque l’ennemi attaque massivement, il faut se disperser et se regrouper ailleurs pour attendre de bonnes occasions de repartir à la contre-offensive. C’est ce qu’ont fait les Talibans en 2001-2002 et les Iraquiens en 2003.
Bref, les Somaliens n’ont pas de quoi se réjouir, même s’ils ont pu se remettre à brouter du khât, l’équivalent local de la feuille de coca, qui provoque un état de léthargie légèrement euphorique. Interdit par les tribunaux islamiques, le khât est de nouveau disponible sur les marchés de Mogadiscio. Tout comme l’opium à Kaboul.
La population civile de Mogadiscio n’a d’ailleurs pas tardé à manifester son hostilité aux occupants éthiopio-somaliens, qu’elle perçoit à juste titre comme une force étrangère d’occupation, dès le lendemain de l’entrée des troupes éthiopiennes dans la capitale martyre.
Les Somaliens ont de quoi s’inquiéter pour l’avenir de leur nation. Illustration de cette affirmation : les déclarations incroyables de Hussein Mohamed Farah Aidid à l’issue d’une rencontre avec les chefs de clans à la Villa Somalia (anciennne résidence présidentielle bien décrépite à Mogadiscio), le 2 janvier : « 60% des 2 millions de réfugiés somaliens vivent en Éthiopie et utilisent déjà des passeports éthiopiens. L’Éthiopie et la Somalie ont 2000 kilomètres de frontières communes. Les deux fleuves Shabelle et Jubba qui coulent en Somalie viennent d’Éthiopie. Maintenant il nous faut éliminer les frontières entre nous car nous sommes frères et nous utiliserons un seul passeport. » Il ajouté que l’Éthiopie était le seul pays à s’être soucié de la Somalie et à vouloir y établir un État « alors que nous étions abandonnés de tous ». Et il a cité l’exemple de la réconciliation franco-allemande après 1945.
Petit détail qu’il oublie dans sa comparaison boiteuse : lorsque l’Allemagne et la France se sont réconciliées, l’armée allemande n’occupait plus la France. Et la France n’avait pas un ministre de l’Intérieur doté d’un passeport allemand et d’un passeport US…
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Note linguistique : pour ceux qui l’ignoreraient, warlord signifie seigneur de guerre. Le nom Hussein Aidid s’écrit en anglais Hussein Aideed et en somali Xusen Caydid, selon la transcription en caractères latins instaurée à l’époque du « socialisme somalien » par Siyad Barré sur le modèle de la Turquie de Kemal Atatürk.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire