mardi 9 juin 2009

N° 109 - Valls à mille temps à minuit moins le quart

En pleine action au congrès de Reims, novembre 2008

Du jeune loup au vieux con, il n’ya qu’un pas. L’exemple le plus actuel et le plus criant de cet adage kaymanesque est le dénommé Manuel Valls, qui pourrait presque être un prototype de ce que les Allemands appelaient la « Jeune Garde du Secrétariat », lorsqu’ils parlaient des Jusos, les jeunes socialistes, lesquels se devaient de flirter avec le marxisme dans une de ses variantes gauchistes dans leurs jeunes années pour ensuite pouvoir devenir de féroces bureaucrates imbus d’eux-mêmes à l’âge mûr.
Sauf que Don Manuel, introduit dans la grande famille des héritiers de Jaurès et de Blum sous le parrainage de Michel Rocard, n’a jamais flirté avec le gauchisme. Membre du Grand Orient de France, dont il dit s’être éloigné, il a même déchiré sa carte de membre de la Ligue des droits de l'homme dès 1982 parce qu'elle s'opposait à l'extradition de militants de l’ETA basque.

Entré au Mouvement des Jeunes Socialistes en 1980, Manuel Valls est le Petit-Bourgeois en chef par excellence, puisqu’il est depuis 2001 le maire de la commune d’Évry, dans l’Essonne, qui s’appela autrefois Évry Petit-Bourg.
Commune qu’il dirige d’une main de fer et qu’il a baptisé en toute modestie « capitale spirituelle » de France, puisqu’elle cumule la plus grande mosquée du pays, la seule cathédrale française construite au XXème siècle et la plus grande pagode bouddhiste d’Europe.
El Senyor Valls s’est construit une solide réputation de chef de file de l’aile droite du parti socialiste (on se demande où est l’aile gauche).
C’est que notre Catalan (il est né à Barcelone en 1962) n’en rate pas une. Et vu qu’il est présent sur tous les médias écrits, radiophoniques et télévisuels au moins trois fois par jour, on n’a que l’embarras du choix pour piocher dans son gigantesque bêtisier. Petit florilège du Valls à mille temps.

Trois temps de Valls
Premier temps

« Belle image de la ville d'Evry… Tu me mets quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos… »La phrase a été marmonnée, mercredi 10 juin, par Manuel Valls, député-maire socialiste d'Evry (Essonne), alors qu'il était filmé par Direct 8 pour l'émission "Politiquement parlant", parcourant les allées d'une brocante à Evry, et équipé d'un micro-cravate.
Après le reportage, le député socialiste s'explique sur le plateau de Direct 8 : "Evidemment avec les stands qu'il y avait là, [j'avais] le sentiment que la ville, tout à coup, ça n'est que cela, (…) ça n'est que cette brocante, alors que j'ai l'idée au fond d'une diversité, d'un mélange, qui ne peut pas être uniquement le ghetto. On peut le dire, ça ? (…)""On a besoin d'un mélange. Ce qui a tué une partie de la République, c'est évidemment la ghettoïsation, la ségrégation territoriale, sociale, ethnique, qui sont une réalité. Un véritable apartheid s'est construit, que les gens bien-pensants voient de temps en temps leur éclater à la figure, comme ça a été le cas en 2005, à l'occasion des émeutes de banlieues", poursuit-il.
Détail piquant : un des deux gardes du corps de Don Manuel est…noir.

Deuxième temps Le député socialiste de l'Essonne Manuel Valls a jugé mercredi 10 juin qu'à la suite de l'échec des élections européennes "le mot socialiste ne veut plus rien dire"."Il faut se régénérer. Il faut changer de méthodes. Il faut changer de direction. Il faut changer de génération. Il faut changer de programme. Il faut changer de nom" car "le mot socialiste ne veut plus rien dire", a indiqué Manuel Valls sur i-Télé."C'est minuit moins le quart, là, avant la mort clinique du Parti socialiste", a-t-il affirmé, se disant "un peu fatigué qu'on ne nous écoute pas".
Il a mis en avant l'urgence, selon lui, d'évoluer et également de changer de nom.L'échec du PS, qui n'a obtenu que 16,48% des suffrages le 7 juin, "est peut-être le dernier avertissement" et "si nous ne faisons pas un effort sur nous-mêmes" alors "nous sommes menacés de mort", a ajouté le maire d'Evry (Essonne).
Manuel Valls avait déjà conseillé de changer le nom du parti en juillet 2007, après la défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle. ««J'attendais ça depuis des années... Je me demandais qui allait enfin le proposer!» s’était félicitée Laurence Parisot, présidente du Medef, l’organisation patronale française.

Troisième temps
Les maires d’Evry et Courcouronnes déplorent le manque de fermeté de certains juges
EVRY, 27 mai 2009 (AFP) - Manuel Valls (PS) et Stéphane Beaudet (UMP), maires d’Evry et Courcouronnes dans l’Essonne, ont déploré mercredi dans une lettre à la Garde des Sceaux le manque de fermeté de certains juges par rapport aux “délinquants multiréitérants*” agissant dans les quartiers populaires.
Dans un courrier, dont copie a été transmise à la presse, les deux élus estiment que les efforts déployés par les divers intervenants dans le cadre des contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) sont “trop souvent mis à mal par des décisions émanant de magistrats du siège”, dont certains selon eux “ignorent (…) trop souvent la réalité des situations que les habitants de nos villes ont à déplorer”.
Selon les deux maires, des “individus interpellés à plusieurs reprises (…) auteurs d’actes délinquants à répétition se voient infliger des mesures qui ne devraient être réservées qu’à des primo-délinquants”. “Certains d’entre eux, précisément identifiés par une grande partie des habitants et ayant déjà été condamnés pour des délits, ne se voient infliger qu’un simple rappel à la loi, alors qu’il s’agit de récidives”, écrivent MM. Valls et Beaudet, qui estiment que “le sentiment de totale impunité - reposant sur une réalité et imprégnant la plupart des mineurs délinquants - annihile ainsi tous les efforts éducatifs et de prévention déployés”.
“Sans remettre en cause le principe, pleinement légitime, de l’indépendance de la magistrature, il importe que celui-ci ne se traduise pas, de fait, par une forme de surdité face aux nouvelles réalités de notre société”, poursuivent-ils.
Les deux élus demandent ainsi à la ministre de “bien vouloir (leur) faire part de propositions concrètes afin que s’amorce rapidement un dialogue absolument nécessaire entre l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale”. “Il conviendrait”, estiment-ils, “de réfléchir à une évolution de la formation(…) des magistrats (du siège ndlr) qui, à l’instar de leurs collègues du parquet pourraient tirer grand profit d’un travail d’échange et d’écoute avec tous les acteurs locaux de l’éducation, de la prévention et de la sécurité”.
Evry a connu le 21 mai de violents affrontements entre plusieurs dizaines de jeunes.
*Multiréitérant : personne soupçonnée d’être impliquée dans plusieurs crimes et/ou délits mais pas encore jugée, à ne pas confondre avec multirécidiviste, personne condamnée à plusieurs reprises pour crimes et/ou délits.
On pourrait continuer longtemps comme ça. Rappelons juste pour mémoire :
> Il dit souhaiter « concilier la gauche avec la pensée libérale » et se déclare « clintonien».
> En 2002, il prend position contre un magasin Franprix de sa ville qui avait choisi de ne vendre que des produits hallal.
> En 2005, concernant le référendum sur la Constitution européenne, il commence à défendre le « non », puis, après le référendum interne au PS du 1er décembre 2004 où le « oui » est sorti largement vainqueur à plus de 59 % des voix, il participe à la campagne du PS pour le « oui ». «Manuel, c'est le seul socialiste qui ait réussi cet exploit: perdre deux fois », résume un membre de la direction du PS. « Il disait non quand le parti a dit oui, et il a dit oui quand les Français ont dit non.»
> Il plaide pour un allongement du nombre d'années de cotisation pour fixer l'âge du départ à la retraite et « l'alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. »
> Dans son livre Pour en finir avec le vieux socialisme... et être enfin de gauche (sic), il dit « oui aux quotas » d'immigration, approuve l'allongement de la cotisation retraite à 41 ans à condition que l'on imagine un départ « à la carte », selon la pénibilité des carrières, et regrette les « fatwas anti-OGM » et anti-nucléaires.

Bref, on comprend que Nicolas Sarkozy ait essayé de le recruter dans son gouvernement « d’ouverture ». Don Manuel a refusé jusqu’ici car celui qu’on a baptisé « Monsieur Moi-Même » au PS vise la direction du parti (il avait répondu «moi-même» à un journaliste qui l'interrogeait sur les personnalités susceptibles de postuler à la succession de François Hollande).

Le PS n’est pas le Titanic, qui était un paquebot flambant neuf en parfait état de marche qui a eu le malheur de heurter un iceberg. Il s’apparente plutôt à l’Airbus d’Air France, qui a implosé en plein vol entre le Brésil et le Sénégal.
Après la déculottée des élections européennes, le parti connaît sa énième crise d’identité. Celle que Manuel Valls lui propose pourrait s’exprimer par ces trois lettres : PPB. Parti du Peuple Blanc.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

En bonus, je vous offre un instant inoubliable du congrès de Reims - qui vit la victoire de Martine Aubry - lorsque Ségolène Royal, sa challengeuse malheureuse, s'essaye à citer Jean Jaurès
http://www.wat.tv/video/segolene-royal-levons-nous-130g7_p6ln_.html

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !

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