mardi 15 juillet 2008

N°77 - Avec de tels pilotes…

Ainsi donc, l’Union pour la Méditerranée est née, à Paris, à la veille du 14 juillet 2008. Véritable avion ivre, ce nouveau « machin » (pour reprendre le terme de De Gaulle sur l’ONU) a deux pilotes dans lesquels on ne peut avoir aucune, mais alors aucune confiance du tout.
Le premier est un nabot mégalomane atteint du syndrome maniaco-dépressif – aussi appelé désordres bipolaires – qui, certes, se soigne (lithium, antidépresseurs, anxiolytiques et, au besoin, électro-chocs) mais dont on ne guérit jamais. Inutile d’en dire plus, ce n’est pas correct de tirer sur les ambulances.


Le second est un accro du Viagra qui vient de fêter ses 80 ans*. C’est un pilote professionnel de l’armée de l’air qui n’a plus piloté depuis belle lurette et qui a décroché son diplôme au début des années … 1950. En 58 ans, l’aviation a connu quelques progrès et il aurait besoin d’une petite remise à niveau.

Ce pilote se trouve aussi être l’inamovible président de l’Égypte depuis 27 ans. Il l’est devenu par la magie des successions dynastiques dont les régimes pharaoniques ont le secret, en octobre 1981, suite à l’exécution d’Anouar Sadate par des officiers islamo-nationalistes.

Puis il a été tranquillement « élu » et « réélu » en 1987, 1993, 1999 et 2005. les trois premières fois, il était candidat unique et a récolté plus de 95% des voix. En 2005, il y a eu un progrès historique : Moubarak n’était plus le seul candidat et il n’a eu « que » 85% des voix.

À ce rythme, il devrait atteindre un score démocratique de, disons, 52,5%, en 2029, lorsqu’il aura atteint l’âge de 101 ans. À moins que ces cures de Viagra ne l’empêchent de durer jusque-là et qu’il finisse plus tôt que prévu embaumé dans un sarcophage, auquel cas son cher fiston Gamal, le mal-nommé (qui fait insulte à son homonyme Gamal Abdelnasser) pourrait prendre sa succession, tout comme Bachar a pris la succession de son papa, le lion de Syrie.
La présence de Moubarak n’a pas suscité un centième de l’émotion démocratique suscitée par les visites de et à Kadhafi ou par la présence de Bachar El Assad à Paris. Pourtant, il y aurait eu de quoi : l’Égypte, pays arabe le plus peuplé, second destinataire d’aide US après Israël et avant la Colombie, vit sous l’état de siège depuis …30 ans, battant ainsi le record détenu auparavant par les Philippines de Marcos. Les Mukhabarat égyptiens, dirigés par le tout aussi inamovible général Solimane, sont parmi les services secrets les plus raffinés du monde et entretiennent une tradition de la torture vieille de 5000 ans et digne de figurer au patrimoine mondial de l’inhumanité. C’est pourquoi ils bénéficient de la confiance absolue et quasiment aveugle de la CIA, du MI6 et autres DST et ont fait bénéficier de leur savoir-faire toutes sortes de sbires de régimes amis, à commencer par leurs collègues algériens et…palestiniens (ceux de Abbas et Dahlan).
Franchement, vous embarqueriez-vous dans un avion guidé par un tel pilote ou co-pilote ? Non, j’en suis sûr : plutôt prendre une barque à Tanger ou Kélibia et affronter la flotte FRONTEX. Ou, mieux encore rester chez soi et se battre contre les tyrans. Comme le fait la jeunesse égyptienne, qui a fait preuve ces derniers mois d’un courage et d’une créativité exemplaire. Lisez à ce sujet l’intéressant article d’Yves Gonzalez-Quijano sur son blog et écoutez ce morceau de rap égyptien qui dit :
Opprimé, opprimé /Pas de liberté /Tout est coincé, bloqué / Les vols, assez ! / Nervis dépravés / Comme un moustique écrasé / Faut même pas bouger / Pouvoir d’achat envolé /Les pauvres toujours plus pauvres / Les riches toujours plus riches / Les classes moyennes toujours plus envolées /Chacun cherche à s’en tirer / Plus personne veut penser…



Et en bonus, je vous propose de voir comment la police du Raïs traite cette jeunesse, dans une vidéo d’août 2007…





…et comment la police du Raïs traite les femmes, dans cette vidéo de 9 secondes, tournée clandestinement dans un commissariat de police du pays des momies




* Événement salué par un concert de casseroles sur les terrasses du Caire, à l’appel de la nouvelle opposition sociale qui s’est manifesté par la tentative de grève générale du 6 avril dernier, durement réprimée, comme d’habitude.

Et en super-bonus, une caricature du Canard Enchaîné sur un autre éminent participant au sommet de création de l’UPM, l’aspirant au titre de challenger de Moubarak, j’ai nommé Zine El Abidine Ben Ali, alias BMD (Bac Moins Douze), qui, lui, n’a que 72 ans, n’est au pouvoir que depuis 1987 et a été constamment « élu » et « réélu », avec 99,4% de voix en 1989, avec 99,91% en 1994, avec 99,94% en 1999. Pour 2009 et 2014, il est même assuré de faire 100,99% des voix… Et en 2019, il n'aura que 83 ans, il pourra donc se représenter pour au moins encore 3 mandats...


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !

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