mardi 29 juillet 2008

N°79 - Lettre ouverte pour une otage colombienne

María Remedios
Óscocar
Zapatero

Rubalcaba

Velázquez

À Messieurs
José Luis Rodríguez Zapatero, Président du gouvernement,
Alfredo Pérez Rubalcaba, ministre de l’Intérieur,
Francisco Javier Velázquez, directeur général de la Police et de la Garde civile,
Madrid
Espagne

Messieurs,
Vous venez d’exécuter des ordres venus de Bogotá en procédant à l’arrestation de Madame María Remedios García Albert, que vos services ont présentée comme une « terroriste », « représentante des FARC en Europe».
Vous avez agi sur les ordres du Général Óscar Adolfo Naranjo Trujillo, alias Óscocar, chef de la narcopolice colombienne, et homme fort du narcogouvernement de votre collègue Álvaro Uribe, au sein duquel il coordonne le « travail » des cartels de la cocaïne et de la DEA US dans le cadre du « Plan Colombie ».

Messieurs,
Ce faisant vous avez mis les doigts dans un engrenage dangereux. En déclarant la guerre à la résistance populaire colombienne, vous mettez en danger la vie et la sécurité de centaines de milliers de touristes et d ‘expatriés espagnols, qui courent désormais le risque d’être capturés par des groupes de guérilla aux quatre coins de la planète, de Banjul à Manille et de Valparaiso à Stockholm.

Messieurs,
Ce faisant, vous hypothéquez l’avenir des relations entre l’Espagne et son ancienne colonie de la Nouvelle-Grenade. Demain, Maria Remedios sera ministre dans un gouvernement de la Nouvelle Colombie et elle risque fort de vous garder quelque rancune pour l’avoir traitée en terroriste.

Messieurs,
Il n’est pas trop tard pour réparer l’irréparable : vous pouvez donner l’ordre aux juges qui vous obéissent au doigt et à l’œil de remettre en liberté María Remedios García Albert et lui accorder l’asile politique, afin de lui permettre d’effectuer son travail diplomatique en toute sécurité.
Faute de quoi…

Vous ne pourrez pas prétendre ne pas avoir été prévenus.
Atentamente,



Depuis un marigot du Sud de la planète,
Sous-commandant Ayman
FARK
(Forces armées révolutionnaires kaymaniennes)


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain (ou plutôt le suivant) !

mardi 22 juillet 2008

N°78 - Chute d’un Flamboyant

«Je suis né pour vivre sans tombeau et ce corps humain ne mourra jamais ; il n’est pas né seulement pour sentir les fleurs, mais aussi pour incendier, tuer, et tout réduire en poussière…»
Radovan Karadzic

Sur sa fiche de recherche d’Interpol, il est indiqué à la mention « Signes de distinction et caractéristiques » : « Comportement flamboyant ». C’est assez bien vu : Radovan Karadzic semblait sorti tout droit d’un film d’Emir Kusturica. Le psychiatre fou, le poète raté, le bras politique du boucher Ratko Mladic, est enfin tombé aux mains de la justice, serbe d’abord et, très bientôt internationale, puisqu’il va être incessamment transféré aux Pays-Bas pour y attendre d’être jugé par la Cour pénale internationale.
Ainsi a pris fin une cavale invraisemblable: comment en effet un homme aussi connu aurait-il pu rester clandestin pendant 13 ans dans un pays d'à peine 88 000 km2, et qui plus est, dans sa capitale, Belgrade, qui compte moins d’un million et demi d’habitants ? D’accord, il s’était déguisé en vieux baba adepte des médecines douces, massage, huiles parfumées et autres yogas. Mais quand même, on ne va pas nous faire croire que les autorités serbes ne savaient pas où il était.
Non, la décision a été politique : à peine élu, Boris Tadic a décidé de faire un geste pour contenter la fameuse communauté internationale et lui livrer le « Predsednik », le Président de l’éphémère et surréaliste République serbe de Pale. Je vous fiche mon billet que Bruxelles a mis le prix fort pour que Tadic livre Radovan. J’imagine que l’Union européenne a du payer une petite centaine de millions d’Euro.
Ceci dit, tout le monde s’accorde à dire que Radovan, véritable agité du bocal, n’était que la figure de proue du projet fasciste serbe en Bosnie, que le véritable artisan sur le terrain du génocide programmé et exécuté par les cetniks (les milciens serbes) était Ratko Mladic. Et là, c’est une autre paire de manches : Mladic a des appuis au sein de l’armée serbe et son arrestation risquerait de créer des remous sérieux en ex-Yougoslavie, ce qui n’est pas le cas avec l’arrestation de Radovan, lequel renvoie aux Serbes une image d’eux-mêmes humiliante.
En livrant le clown monténégrin à La Haye, Belgrade s’achète (à crédit) un passeport pour l’Europe civilisée.
Quant à la communauté internationale et à sa Cour pénale, on peut douter qu’elle arrive vraiment à faire la vérité sur le génocide bosniaque et à mettre en lumière les complicités françaises (Mitterrand puis Chirac), US (Clinton) et onusiennes (Boutros Ghali et Yakusi Akashi). Elle est à la botte du Conseil de sécurité. Et ayant dit cela, on a tout dit.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !

mardi 15 juillet 2008

N°77 - Avec de tels pilotes…

Ainsi donc, l’Union pour la Méditerranée est née, à Paris, à la veille du 14 juillet 2008. Véritable avion ivre, ce nouveau « machin » (pour reprendre le terme de De Gaulle sur l’ONU) a deux pilotes dans lesquels on ne peut avoir aucune, mais alors aucune confiance du tout.
Le premier est un nabot mégalomane atteint du syndrome maniaco-dépressif – aussi appelé désordres bipolaires – qui, certes, se soigne (lithium, antidépresseurs, anxiolytiques et, au besoin, électro-chocs) mais dont on ne guérit jamais. Inutile d’en dire plus, ce n’est pas correct de tirer sur les ambulances.


Le second est un accro du Viagra qui vient de fêter ses 80 ans*. C’est un pilote professionnel de l’armée de l’air qui n’a plus piloté depuis belle lurette et qui a décroché son diplôme au début des années … 1950. En 58 ans, l’aviation a connu quelques progrès et il aurait besoin d’une petite remise à niveau.

Ce pilote se trouve aussi être l’inamovible président de l’Égypte depuis 27 ans. Il l’est devenu par la magie des successions dynastiques dont les régimes pharaoniques ont le secret, en octobre 1981, suite à l’exécution d’Anouar Sadate par des officiers islamo-nationalistes.

Puis il a été tranquillement « élu » et « réélu » en 1987, 1993, 1999 et 2005. les trois premières fois, il était candidat unique et a récolté plus de 95% des voix. En 2005, il y a eu un progrès historique : Moubarak n’était plus le seul candidat et il n’a eu « que » 85% des voix.

À ce rythme, il devrait atteindre un score démocratique de, disons, 52,5%, en 2029, lorsqu’il aura atteint l’âge de 101 ans. À moins que ces cures de Viagra ne l’empêchent de durer jusque-là et qu’il finisse plus tôt que prévu embaumé dans un sarcophage, auquel cas son cher fiston Gamal, le mal-nommé (qui fait insulte à son homonyme Gamal Abdelnasser) pourrait prendre sa succession, tout comme Bachar a pris la succession de son papa, le lion de Syrie.
La présence de Moubarak n’a pas suscité un centième de l’émotion démocratique suscitée par les visites de et à Kadhafi ou par la présence de Bachar El Assad à Paris. Pourtant, il y aurait eu de quoi : l’Égypte, pays arabe le plus peuplé, second destinataire d’aide US après Israël et avant la Colombie, vit sous l’état de siège depuis …30 ans, battant ainsi le record détenu auparavant par les Philippines de Marcos. Les Mukhabarat égyptiens, dirigés par le tout aussi inamovible général Solimane, sont parmi les services secrets les plus raffinés du monde et entretiennent une tradition de la torture vieille de 5000 ans et digne de figurer au patrimoine mondial de l’inhumanité. C’est pourquoi ils bénéficient de la confiance absolue et quasiment aveugle de la CIA, du MI6 et autres DST et ont fait bénéficier de leur savoir-faire toutes sortes de sbires de régimes amis, à commencer par leurs collègues algériens et…palestiniens (ceux de Abbas et Dahlan).
Franchement, vous embarqueriez-vous dans un avion guidé par un tel pilote ou co-pilote ? Non, j’en suis sûr : plutôt prendre une barque à Tanger ou Kélibia et affronter la flotte FRONTEX. Ou, mieux encore rester chez soi et se battre contre les tyrans. Comme le fait la jeunesse égyptienne, qui a fait preuve ces derniers mois d’un courage et d’une créativité exemplaire. Lisez à ce sujet l’intéressant article d’Yves Gonzalez-Quijano sur son blog et écoutez ce morceau de rap égyptien qui dit :
Opprimé, opprimé /Pas de liberté /Tout est coincé, bloqué / Les vols, assez ! / Nervis dépravés / Comme un moustique écrasé / Faut même pas bouger / Pouvoir d’achat envolé /Les pauvres toujours plus pauvres / Les riches toujours plus riches / Les classes moyennes toujours plus envolées /Chacun cherche à s’en tirer / Plus personne veut penser…



Et en bonus, je vous propose de voir comment la police du Raïs traite cette jeunesse, dans une vidéo d’août 2007…





…et comment la police du Raïs traite les femmes, dans cette vidéo de 9 secondes, tournée clandestinement dans un commissariat de police du pays des momies




* Événement salué par un concert de casseroles sur les terrasses du Caire, à l’appel de la nouvelle opposition sociale qui s’est manifesté par la tentative de grève générale du 6 avril dernier, durement réprimée, comme d’habitude.

Et en super-bonus, une caricature du Canard Enchaîné sur un autre éminent participant au sommet de création de l’UPM, l’aspirant au titre de challenger de Moubarak, j’ai nommé Zine El Abidine Ben Ali, alias BMD (Bac Moins Douze), qui, lui, n’a que 72 ans, n’est au pouvoir que depuis 1987 et a été constamment « élu » et « réélu », avec 99,4% de voix en 1989, avec 99,91% en 1994, avec 99,94% en 1999. Pour 2009 et 2014, il est même assuré de faire 100,99% des voix… Et en 2019, il n'aura que 83 ans, il pourra donc se représenter pour au moins encore 3 mandats...


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !

mardi 8 juillet 2008

N° 76 - Ingrid et Freddy, Nicolas et Bruno, Israel et Yossi

Carcassonne, chef-lieu de l’Aude, France, dimanche 29 juin, après-midi : au cours d’une démonstration de libération d’otages par un commando du 3ème Régiment des Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMA), un sergent tire au fusil d’assaut (FAMAS) en direction d’un collègue déguisé en terroriste, qui émerge de la foule des civils assistant au spectacle. Les civils tombent comme des mouches : 17 personnes, dont plusieurs enfants, sont blessées, 4 grièvement.
La raison à ce jour inexplicable de la présence de balles réelles dans le fusil fait l’objet d’une enquête.
Le regrettable incident provoque un raz-de-marée de réactions. Le lendemain lundi, Nicolas Sarkozy débarque à Carcassonne, ne salue aucun des hauts gradés présents, les insulte en les traitant d’ « amateurs », et réclame des têtes.

Cuche


Le mardi 1er juillet, le général 5 étoiles Bruno Cuche, chef d’état-major de l’armée de terre, un militaire au parcours sans faute proche de la retraite, présente sa démission. Il est remplacé par un autre général de son staff, le Basque Elrick Irastorza, qui commanda l’opération Licorne en Côte d’Ivoire.
La démonstration du 3ème RPIMA faisait partie d’une opération « Portes ouvertes » du 3ème RPIMA qui avait commencé le samedi 28 juin par un jumelage entre le régiment et la ville de Carcassonne. Le flamboyant commandant du régiment, le colonel Du Vignaux, avait remis publiquement à Gérard Larrat, le maire UMP récemment élu – un tribunal administratif doit examiner le recours présenté par l’opposition de gauche pour fraude – un tableau portant les armoiries du régiment et de la ville, avec le texte « Jumelage – 3ème RPIMA – Carcassonne ». Ce tableau, expliqua le colonel, avait été réalisé l’année dernière, en Centrafrique, avec des ailes de papillon ! Enfin, les Carcassonnais qui se demandaient ce que foutait le 3ème RPIMA en Centrafrique, avaient eu la réponse : ils chassaient des papillons ! Et notamment l’espèce appelée Rebellus Niger
Rien ne va plus entre Sarkozy et l’armée, dont le commandement s’estime mal traité et a très mal pris le « Livre blanc » sur l’armée. L’opération de « jumelage » du Colonel Du Vignaux était une réponse aux projets de fermeture ou de délocalisation d’un certain nombre de régiments, dont le 3ème RPIMA, communément appelé « le 3 ». Lors de la cérémonie de jumelage, le Colonel a été clair : « Nous voulons lancer un message aux politiques : Carcassonne a besoin du 3ème RPIMA, qui représente 4000 personnes, 500 familles, 700 enfants et adolescents scolarisés. Après 42 ans de concubinage entre nous, il est temps de se marier… » Enthousiaste, Gérard Larrat a signé le « contrat de jumelage » et a souhaité bonne chanche au 3ème RPIMA pour ses prochaines opérations en…Afghanistan
La bavure du dimanche noir de Carcassonne est grave : alors qu’ elles voulaient démontrer leur capacité à libérer des otages aux mains de terroristes, les Forces spéciales françaises ont fait un petit carnage. C’est mauvais pour leur image et pour leur moral.
En revanche, les Forces spéciales colombiennes ont démontré leur capacité à mener une opération « parfaite, impeccable, extraordinaire, géniale ». Ces adjectifs sont ceux de la femme du jour, Ingrid, sauvée des mains des méchants narco-marxistes des FARC (prononcer FEURK, pour faire rimer avec BEURK).

Padilla

Et la médaille du héros revient à un autre général, dont je trouve qu'on n’a pas assez parlé dans le déchaînement médiatique qui a accompagné la « libération d’Ingrid ». J’ai nommé le général Freddy Padilla de León, commandant suprême de l’armée nationale colombienne. Ce parachutiste, spécialiste du renseignement militaire et stratégique, qu’il a étudié, comme il se doit, à Washington, est l’auteur d’une thèse de licence au joli titre de Terrorismo y Desinformación: dos armas y una sola estrategia de la subversión para desestabilizar al país(Terrorisme et désinformation : deux armes et une seule stratégie de la subversion pour déstabiliser le pays). Il vient de hisser l’armée colombienne au rang de la glorieuse Tsahal, l’armée israélienne, grâce à l’Opération Jaque (Opération Échec), montée avec le secours éclairé de Messieurs Israel Ziv et Yossi Kuperwasser, généraux de brigade à la retraite de l’armée israélienne (Ziv était chef des opérations de l’État-major et c’est un vétéran du Liban, de Cisjordanie et de Gaza, où il a dirigé l'assassinat de Cheikh Yassine et de nombreux Gazaouis civils, enfants compris; Kuperwasser était le chef d'AMAN, le service de renseignements de Tsahal) et dirigeants de la société militaire privée Global CST (Comprehensive Security Transformation), qu'ils ont créée avec un troisième général, Amos Ben Avraham, vétéran de l'unité d'élite Sayeret Matkal.
Global CST est liée au gouvernement colombien par un contrat de consultants de 10 millions de dollars. Les Israéliens ont vendu à la Colombie des armes, des avions, des drones, du matériel de renseignement et fourni les services d’experts de Tshal, du Mossad, du Shin Bet et d'Aman.

Ziv

Kuperwasser



À son retour de Colombie en Israël jeudi, au lendemain de la libération d’Ingrid, Israel Ziv a déclaré : « C’est une Opération d’Entebbe colombienne, mais il ne faut pas exagérer notre rôle ». Et un de ses hommes a ajouté : « On les a aidés à se préparer eux-mêmes à combattre le terrorisme. On les a aidés à planifier des opérations et des stratégies et à développer des sources de renseignement. C’est déjà pas mal mais il ne faut pas aller plus loin. » Bref, les élèves ont retenu les leçons de leurs maîtres et sont désormais capables de se débrouiller tout seuls.
Et comme dit Ziv, “Nous nous sommes très fortement impliqués dans les techniques d’opération des forces spéciales. Les Colombiens sont très proches de nous dans leur détermination, leur façon originale de penser et leur audace.”
Conclusion : tout comme il devrait nommer Ingrid Secrétaire d’État honoraire chargée des Otages mais uniquement de ceux qui portent des parfums Chanel, Sarkozy devrait nommer Freddy Padilla de León chef d’État-major inter-armes honoraire et Israel Ziv chef honoraire du COS (Commandement des opérations spéciales). Et pour couronner le tout, jumeler Carcassonne avec Tel Aviv et Bogotá. Gérard Larrat serait ravi.
Bonne semaine, quand même !

Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !