Le 25 avril 1717, Piotr Alekseïevitch Romanov, alias Pierre Ier, dit Pierre le Grand, tsar et futur Empereur de toutes les Russies,débarque à Paris, pour un séjour de trois mois. Il a alors 45 ans. Ce colosse de deux mètres est sorti victorieux de tous les complots contre lui et de toutes les guerres, les dernières en date étant celle contre la Suède, qui dura une douzaine d’années, et contre son alliée, la Turquie ottomane. Lors de sa précédente tournée en Europe occidentale, Louis XIV, allié du Grand Turc, l’a snobé.
Le 10 mai 1717, le futur roi Louis XV, un enfant de sept ans dont la régence est assurée par son cousin Philippe d’Orléans, rend visite au tsar à l'hôtel de Lesdiguières. Le tsar, avec une spontanéité toute russe, prend l’enfant dans ses bras. La scène est immortalisée par Louise Marie Jeanne Hersent.
On ne pouvait s’empêcher de faire un parallèle historique : Vladmir Poutine aurait presque pu prendre Emmanuel Macron dans ses bras lorsque celui-ci l’a accueilli sur le tapis rouge déployé au château de Versailles, le 29 mai 2017. Le Russe a sur le Français un avantage de 25 ans d’âge et de 17 ans d’exercice du pouvoir.
Et les « mises en garde » de Manu le Petit avaient réellement quelque chose d’infantile : ne craignant pas le plagiat (d’Obama), il a averti qu’il y avait une « ligne rouge » à ne pas dépasser en Syrie : l’emploi d’armes chimiques. Que l’on sache, la Russie n’a jamais employé d’armes chimiques en Syrie. Mais bon, tout dirigeant de l’Occident démocratique rencontrant un despote oriental se doit de lui faire la leçon et Manu le Petit ne pouvait tout de même pas se contenter d’évoquer le sort des LGBT tchétchènes. Un peu léger. Il fallait donc en rajouter une couche. Pierre le Grand, dont le tricentenaire du séjour en France est fêté par une exposition au Château de Versailles, principalement d’objets prêtés par le Musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg, a inventé le transfert de technologie et le programme Erasmus avant la lettre. Dès son jeune âge, il est allé faire des stages à travers toute l’Europe, pour apprendre les techniques occidentales, avancées pour l’époque, et ainsi pouvoir moderniser son pays. Trois siècles plus tard, on se demande si Emmanuel Macron n’aurait pas besoin d’aller faire un petit stage du côté de Moscou pour apprendre à distinguer une ligne rouge d’une ligne blanche.
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