lundi 23 avril 2007

N° 34 – Sarkozyrou ou Bayrouyal ? La balle est au centre

Voici les résultats approximatifs et non définitifs du premier tour de l’élection présidentielle française
- Nicolas Sarkozy (UMP), alias Nabotléon Identité Génétique Nationale (NIGN) : 29%
- Ségolène Royal (PS), alias Canine Royale Suprême (CRS) : 26,5%
- François Bayrou (UDF), alias Le Tractoriste Ramasse-tout (TRT) : 18,5%
- Jean-Marie Le Pen (Front national), alias le BBB (Bâtard Borgne Breton) : 11%
- Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire), alias Le Petit Facteur de Léon (PFL) : 4,5%
- Philippe de Villiers (Mouvement pour la France), alias Le Fou du Puits (FdP) : 2,5%
- Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), alias Camarade Rétro Travayeuzétravailleurs (CRT) : 2%
- Marie-George Buffet (PCF), alias Blues Georgina Tyrannosaura (BGT) : 1,5%
- Dominique Voynet (Verts), alias La Môme Vertdegris (MVG) :1,5%
- José Bové (Altermondialiste), alias Joseph Le Petit Père des Faucheurs (PPF) : 1,36%
- Frédéric Nihous (Chasse, pêche nature, traditions), alias Plouc Yabon Panpan (PYP) : 1,34%
- Gérard Schivardi ("candidat de maires", soutenu par le Parti des Travailleurs), alias Maire d’Alors (MdA) : 0,5%
Ces résultats connaîtront des modifications, mas il est d’ores et déjà acquis que les deux candidats qui s’affronteront au deuxième tour seront NIGN et CRS.
Plusieurs constatations s’imposent à chaud :
- Le taux de participation, de 85%, a été le plus élevé depuis très longtemps en France. La peur de voir se renouveler l’expérience du 21 avril 2002 et le matraquage intensif des électeurs ont joué contre les abstentionnistes.
- L’ensemble des candidats de gauche et d’extrême-gauche (ils étaient 7) font le score le plus bas de la gauche française depuis 1969 (environ 37%)
- Le grand vainqueur de ce premier tour, c’est TRT. Comme il l’a annoncé : « Ce soir, j’ai une bonne nouvelle : le centre existe en France, un centre large, un centre fort, un centre indépendant ». L’issue du deuxième tour (le 6 mai) est entre ses mains.
En effet, aussi bien NIGN que CRS ont besoin de plus de la moitié des voix centristes pour l’emporter. NIGN n’aura pas assez des voix des électeurs de BBB et de FdP et CRS n’aura pas assez des voix de tous les candidats d’extrême-gauche.
Le Tractoriste de Pau a donc le choix entre :
- donner une directive claire de vote à ses électeurs
- les laisser libres de leur choix
Dans le premier cas, soit il appelle à voter pour Nabotléon, lequel sera donc élu à la tête d’une majorité qu’il faudra qualifier de centre-droit, soit il appelle à voter pour Canine Royale, laquelle sera donc élue à la tête d’une majorité qu’il faudra qualifier de centre-gauche. Comment va-t-il négocier les 6 à 7 millions de voix qu’il a engrangé ? En réclamant un poste de Premier ministre et le changement du mode de scrutin aux élections législatives, en faveur d’un mode de scrutin proportionnel ?
S’il est malin, le Tractoriste béarnais appellera à voter Canine Royale, qui pourra donc trahir d’emblée les électeurs d’extrême-gauche et s’engager dans la voie impériale d’un social-libéralisme à la française, réclamé par les Rocard, Kouchner, Cohn-Bendit et autres anciens gauchistes devenus sociaux-libéraux bon teint. Bref le mondialisme capitaliste à visage humain. Dans son discours dimanche soir, CRS a , toujours avec cette nouvelle diction de robot qu’elle a du apprendre dans des cours accélérés et qui a été la sienne dans tous les spots télévisés de la campagne –« j’ar-ti-cu-le-bien-len-te-ment-pour-que-tout-tes-les-mamies de 85 ans-et-plus-me-com-pren-nent-bien », bref in-sup-por-tab-le-, proclamé son refus de jouer sur les peurs des gens et a promis « la paix civile et l’harmonie sociale », parlant une novlang digne de 1984.
En un mot, elle tente désormais de se donner le profil de Mère de la Nation, ce qui n’est pas facile dans un vieux pays patriarcal comme la France. Le tout assaisonné d’un message proprement surréaliste, adressé aux électeurs centristes : elle veut un « État impartial ». C’est pas beau ça ? Et surtout, ça ne veut strictement rien dire. Pas besoin de vous faire un dessin : un État impartial, ça existe dans un monde idéal ou dans une autre galaxie, peut-être, mais en tout cas pas sur la planète Terre.
En réponse, Nabotléon, en ce dimanche soir, semblait soudain être devenu adulte et s’est présenté comme LE candidat au rôle de Père de la Nation : « je veux vous protéger ».
Mais s’il est très malin, le Tractoriste jouera au grand seigneur laissera ses électeurs libres de leur choix. Cela lui permettait de jouer les divas et d’obliger le vainqueur ou la vainqueuse du 6 mai à le courtiser pour qu’il s’associe à son parti aux élections législatives, afin de créer une majorité présidentielle et parlementaire solide. Une majorité PS-UDF pourrait se passer des Verts et des communistes, devenus quantité électorale négligeable, et des altermondialistes, qui n’ont pas réussi leur percée électorale –leur candidat José Bové connaît un échec retentissant - et donner quelques sucettes aux trotskystes pour qu’ils jouent leur partition traditionnelle de « soutiens critiques » et continuent à exercer leur fonction de pompiers-canalyseurs des mouvements sociaux. En tout cas, selon les premiers sondages de sorties des urnes, 45% des électeurs du Tractoriste se disaient prêts à voter CRS et 16% étaient encore indécis.
On va donc assister à une campagne de deuxième tour où le loup et la louve qui s’affrontent vont faire patte de velours, pour rassurer les centristes indécis et les convaincre qu’ils les ont compris.
Dernier constat à chaud après ce premier tour : non, la France ne prend pas le chemin d’un bipartisme « à l’américaine », mais plutôt celui d’un nonapartisme +, avec deux gros partis (UMP et PS), deux partis moyens (FN et UDF), deux partis petits (Verts et PCF), deux partis minis (LCR et LO), un parti mini-mini (le PT), plus « le mouvement antlibéral altermondialiste », tenté de transformer sa nébuleuse en parti, ce qui serait une erreur tout aussi grave que la candidature de Bové à la présidentielle.
On pourrait bien sûr rêver et imaginer que CRS devienne la présidente d’une majorité très-plurielle rassemblant centristes issus de la démocratie-chrétienne, écolos, cocos, trotskos, altermondialos et autres rigolos. Mais la France n’est pas l’Italie et « combinazione » n’est pas un mot français. Chacun chez soi et les cochons seront bien gardés. Surtout si le chien de garde s’appellera, au soir du 6 mai, Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, descendant d’Attila, fléau de Dieu.
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

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