Cette semaine, je cède la parole à Akam Akamayong, qui commente ce proverbe africain : "Le crocodile n’est fort que dans l’eau".
Le proverbe [pan]africain - source inconnue mais très répandu en Afrique - met en avant un principe inhérent à nombre de représentations africaines du monde, le principe selon lequel le vivant serait ontologiquement frappé d’une limite, limite qui elle-même appelle à une instrumentalisation stratégique.
Toute chose, tout être, toute manifestation, toute cause admet une limite. A commencer par la force, la puissance. L’image du crocodile, considéré comme redoutable si ce n’est invincible dans l’eau, donne hors de l’eau le spectacle décevant d’une forme disgracieuse se traînant lamentablement par terre, la démarche lourde et poussive.
Le contraste entre force d’un côté et faiblesse de l’autre dans le même phénomène, le même animal est très parlant. Toute force est relative, d’abord à son environnement qui la conditionne. Naturellement en parlant du crocodile, c’est des humains qu’il s’agit, de leurs puissances, performances, résultats, issues sociales, tous in fine relatifs …
La conséquence qui se dégage de cette énonciation est éminemment stratégique, s’appliquant à tous les champs des activités humaines sanctionnés par des performances comparatives. Cela peut aller de la guerre à la concurrence économique, politique, mais il pourrait bien s’agir de développement personnel, collectif en interaction avec un milieu disputé…
Même la plus grande puissance au monde a ses points faibles, mais elle a d’abord son eau dans laquelle elle sera imbattable, comme les attaques américaines aériennes, de nuit, perpétrées par des aviations entraînées et à la supériorité technique avérée. A l’opposé des combats au sol, à la merci d’attaques individuelles ciblées et inopinées, guérillas urbaines…
Une déclinaison du proverbe pourrait revenir à la règle de ne jamais attaquer un ennemi sur le terrain de celui-ci, règle que Sun Tse ne renierait pas, lui le célèbre auteur du livre culte écrit vers le Vème siècle avant Jésus-Christ, L’Art de la guerre.
D’un point de vue économique, il y a des limites à la compétitivité et pour remporter une partie, un marché, des exportations, etc., il faudrait ne pas se battre sur le terrain d’excellence du concurrent. Chacun aura sa place pour peu qu’il se positionne sur son point fort. On entrevoit ici des stratégies de différenciation des produits permettant aux entreprises d’échapper à la captation des grandes entreprises, utilisant les prix, les design, les promotions, l’image, l’éthique, pour sortir du domaine de captation du concurrent.
Il existe donc toujours un domaine où l’on peut gagner puisque même le plus fort à ses limites, ses vulnérabilités. Connaître les points faibles du concurrent fait ainsi partie de la compétition, autant que connaître ses propres points forts et points faibles. Connaître tout court fait partie de la compétition et est une arme indispensable à la victoire.
Si des pays comme Taiwan, Singapour, la Corée du Nord ou la Chine ont raflé des parts de marché aux plus grands, c’est parce qu’ils ont découvert les points faibles, les créneaux par lesquels ils pouvaient émerger. Ciblant d’abord des produits peu technologiques sur lesquels ils étaient avantagés, ils ont développés des stratégies de prix impossibles pour les pays développés…sortis ainsi de leurs eaux.
Dans le domaine des arts et de la musique, les 1er Gaou, Yekeke, Ancien combattant, hits africains ayant conquis le show biz européen auront mieux fait que de s’essayer à imiter la variété européenne, ils n’ont pas suivi le reptile sur son territoire.
Si le crocodile n’est fort que dans l’eau, alors il ne l’est plus dans le sable ; s’il était attaquable ce serait bien dans ces terres, ces sables qui ne l’avantagent guère. Les pays occidentaux maîtrisent les échanges de biens technologiques et à forte valeur ajoutée. Les NPI (nouveaux pays industrialisés) se sont d’abords spécialisés dans les biens à faible valeur ajoutée avant de diversifier la structure de leurs produits exportés.
L’art de la guerre c’est, en amont, découvrir les faiblesses de l’adversaire et en aval l’entraîner à combattre hors de son terrain. Chaque chose ayant sa limite bien sûr !
Source : http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1455&PHPSESSID=ccfa4649d04dad32a84095d271aa5bd2
Le proverbe [pan]africain - source inconnue mais très répandu en Afrique - met en avant un principe inhérent à nombre de représentations africaines du monde, le principe selon lequel le vivant serait ontologiquement frappé d’une limite, limite qui elle-même appelle à une instrumentalisation stratégique.
Toute chose, tout être, toute manifestation, toute cause admet une limite. A commencer par la force, la puissance. L’image du crocodile, considéré comme redoutable si ce n’est invincible dans l’eau, donne hors de l’eau le spectacle décevant d’une forme disgracieuse se traînant lamentablement par terre, la démarche lourde et poussive.
Le contraste entre force d’un côté et faiblesse de l’autre dans le même phénomène, le même animal est très parlant. Toute force est relative, d’abord à son environnement qui la conditionne. Naturellement en parlant du crocodile, c’est des humains qu’il s’agit, de leurs puissances, performances, résultats, issues sociales, tous in fine relatifs …
La conséquence qui se dégage de cette énonciation est éminemment stratégique, s’appliquant à tous les champs des activités humaines sanctionnés par des performances comparatives. Cela peut aller de la guerre à la concurrence économique, politique, mais il pourrait bien s’agir de développement personnel, collectif en interaction avec un milieu disputé…
Même la plus grande puissance au monde a ses points faibles, mais elle a d’abord son eau dans laquelle elle sera imbattable, comme les attaques américaines aériennes, de nuit, perpétrées par des aviations entraînées et à la supériorité technique avérée. A l’opposé des combats au sol, à la merci d’attaques individuelles ciblées et inopinées, guérillas urbaines…
Une déclinaison du proverbe pourrait revenir à la règle de ne jamais attaquer un ennemi sur le terrain de celui-ci, règle que Sun Tse ne renierait pas, lui le célèbre auteur du livre culte écrit vers le Vème siècle avant Jésus-Christ, L’Art de la guerre.
D’un point de vue économique, il y a des limites à la compétitivité et pour remporter une partie, un marché, des exportations, etc., il faudrait ne pas se battre sur le terrain d’excellence du concurrent. Chacun aura sa place pour peu qu’il se positionne sur son point fort. On entrevoit ici des stratégies de différenciation des produits permettant aux entreprises d’échapper à la captation des grandes entreprises, utilisant les prix, les design, les promotions, l’image, l’éthique, pour sortir du domaine de captation du concurrent.
Il existe donc toujours un domaine où l’on peut gagner puisque même le plus fort à ses limites, ses vulnérabilités. Connaître les points faibles du concurrent fait ainsi partie de la compétition, autant que connaître ses propres points forts et points faibles. Connaître tout court fait partie de la compétition et est une arme indispensable à la victoire.
Si des pays comme Taiwan, Singapour, la Corée du Nord ou la Chine ont raflé des parts de marché aux plus grands, c’est parce qu’ils ont découvert les points faibles, les créneaux par lesquels ils pouvaient émerger. Ciblant d’abord des produits peu technologiques sur lesquels ils étaient avantagés, ils ont développés des stratégies de prix impossibles pour les pays développés…sortis ainsi de leurs eaux.
Dans le domaine des arts et de la musique, les 1er Gaou, Yekeke, Ancien combattant, hits africains ayant conquis le show biz européen auront mieux fait que de s’essayer à imiter la variété européenne, ils n’ont pas suivi le reptile sur son territoire.
Si le crocodile n’est fort que dans l’eau, alors il ne l’est plus dans le sable ; s’il était attaquable ce serait bien dans ces terres, ces sables qui ne l’avantagent guère. Les pays occidentaux maîtrisent les échanges de biens technologiques et à forte valeur ajoutée. Les NPI (nouveaux pays industrialisés) se sont d’abords spécialisés dans les biens à faible valeur ajoutée avant de diversifier la structure de leurs produits exportés.
L’art de la guerre c’est, en amont, découvrir les faiblesses de l’adversaire et en aval l’entraîner à combattre hors de son terrain. Chaque chose ayant sa limite bien sûr !
Source : http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1455&PHPSESSID=ccfa4649d04dad32a84095d271aa5bd2
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
1 commentaire:
Intéressante manière d'inciter les uns et les autres de conduire une réflexion sur leur situation.
La question que je me suis posée après avoir lu ce message: comment changer fondamentalement les règles du jeu, le milieu en économie?
La plupart des grandes société sont devenues des machines de guerre, des habitués de la concurrence et c'est le milieu dans lequel elles excellent.
Mais dans un milieu de partage, de dons réciproques elles se sentent perdues. Il suffit de voir comment elles réagissent face au libre, face aux échanges p2p.
C'est d'ailleurs ce même concept qui est prôné en marketing quand on dit il faut changer les règles du jeu sur un marché pour avoir un succès.
Merci pour cette enrichissante possibilité de réflexion en ce début de semaine.
Rudolf Kiefer
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